Quelle que soit l'époque, quel que soit le contexte, quel que soit la situation... Les humains auraient toujours besoin de docteurs. Ca, c'était quelque chose avait bien compris. En 2022, quand elle était sortie du trou où elle se cachait depuis 10 ans et qu'elle avait découvert un monde envahi de zombies, c'étaient ses compétences de chirurgienne qui lui avaient ouvert toutes les portes. Une étrangère bizarre solitaire avait de quoi rendre les survivants de Silvergate suspicieux, mais un étrangère mystérieuse qui sait soigner les blessés ? C'est différent. Certaines communautés avaient leurs propres médecins, d'autres se débrouillaient avec d'anciens infirmiers, des vétérinaires... La moindre personne avec une légère expérience en médecine était d'office appréciée chez les survivants.

Même si elle voyageait de communauté en communauté, et même si elle refusait de s'installer quelque part définitivement, elle avait une petite préférence pour Warlington. De toutes les communautés de Silvergate, c'était la plus confortable, la plus similaire au monde d'avant. Ca aurait pu être chiant, mais la population compensait - les gens étaient généralement accueillants et certains pouvaient même être qualifiés de "sympas pour trainer". Quand elle faisait "sa tournée", elle était toujours contente de passer par là.

Et aujourd'hui, elle était de retour. Elle était arrivée la veille au soir, accompagnée de Gaia, son compagnon forcé qu'elle présentait comme "une fille qu'elle avait connue avant l'apocalypse et qu'elle protégeait à présent". Toutes deux avaient passé la nuit sur un lit de camp dans un coin... (Le logement, ça faisait partie de son salaire !)

De bon matin, Ellie s'était levée, laissant Gaia dormir, et elle était sortie dans les rues pour prendre un peu la température à l'extérieur. Elle attendait ses patients - généralement, ceux qui avaient besoin de ses services venaient la trouver, pas l'inverse. Et à défaut de trouver des patients... Elle tomberait peut-être sur quelqu'un avec qui discuter.

Il y avait toujours de l'action, à Silvergate, depuis l'arrivée des zombies... Surtout dans les communautés. Une grande concentration d'humains, quoi qu'on en dise, ça attirait l'attention des morts-vivants... C'était un peu pour ça que, personnellement, la chirurgienne préférait rester indépendante. Enfin... ça, et le fait qu'elle ne voulait pas d'attaches.

Bref, à priori, ce matin, Warlington avait été le théâtre de nouveaux affrontements avec des zombies. Ellie, elle n'y avait absolument pas participé : on la payait pas pour risquer sa vie. Mais soigner les blessés, ça, c'était dans ses cordes...

Donc ouais, après l'affrontement, elle se retrouva à faire le tour des quelques bobos des gardes de la communauté - y compris cette chère Mazikeen. Rien de grave : un poignet un peu amoché, qu'il suffirait de bien bander. Aucune morsure, heureusement. Avec les zombies, c'était ça, le plus dangereux - une vraie condamnation, avec pour seule cure une balle dans la tête. Un poignet foulé... C'était presque simpliste, une insulte à ses compétences, hein ! Mais si c'était pour Maze... Et si on la payait !

-"Maze, Maze. Tu fais jamais dans la dentelle." Elle lui lança un sourire taquin et claqua la langue. "Tu sais, tu es bien assez forte pour survivre en solo... tu serais plus libre, t'aurais plus à te préoccuper des opinions du maire."

Elle lui avait déjà fait la remarque quelques fois. Elle ne croyait pas une seconde, bien sûr, que Maze l'écouterait. Elle avait beau se plaindre et le critiquer parfois, elle était clairement loyale à Morningstar - et ce dernier devait lui faire confiance aussi, ayant fait d'elle son bras droit.

-"Imagine un peu. Toi, ta batte, aucune responsabilité, et tous les zombies que tu veux."

Elle serra un peu le bandage, et le noua.

-"Et voilà. T'arrives à bouger les doigts ?"

Franchement, Ellie ne comprenait pas cette loyauté que Mazikeen continuait d'avoir pour le maire. C'est pas qu'elle n'aimait pas Morningstar : aussi loin qu'elle était concernée, il avait l'air d'un gars réglo, qui payait bien et qui gérait correctement son petit groupe. Mais pourquoi rester aussi attachée à lui ? Elle comprenait pour des gens plus faibles, qui avaient besoin de la protection de quelqu'un d'autre, mais pas pour quelqu'un comme Maze..

Cette dernière affirma qu'elle finirait par partir. "Un jour ou l'autre". Ouais - Ellie y croirait quand elle le verrait.

-"Ce jour-là, n'oublie pas de passer me voir... On trouvera un moyen de fêter ça !" Elle ricana. "Par contre, pour le petit cœur brisé de Morningstar, je pourrai rien faire. Je suis pas psy."

Elle termina son bandage et regarda le travail d'un air satisfait. C'était vraiment pas grand chose, mais c'était bien fait, comme le confirma sa patiente.

-"A ton service..." Elle vérifia quand même le paiement que Maze lui tendit... Un paquet de cigarettes, à peine entamé. Et un petit extra : un biscuit, maison sans doute, préparé par l'un des cuisiniers de la communauté... Oooh, ça, c'était bien gentil. "Ka-ching ! Encore une affaire rondement menée." Elle regretta ses paroles presque immédiatement et du résister à la tentation de se faire un facepalm. Ugh, est-ce qu'elle avait vraiment dit ça à voix haute ? Tentant de conserver un minimum de dignité, elle rangea tout ça dans son sac... conservant juste une cigarette, parce qu'autant en profiter tout de suite, tant que sa compagne n'était pas dans les parages (Gaïa n'arrêtait pas de lui rabâcher les oreilles avec l'effet du tabac sur la santé...) "Je te devrai un extra la prochaine fois. Mais ne prends pas ça comme une invitation à te refaire mal tout de suite."

Elle s'étira et bailla.

"Ouarf. J'ai un coup de barre, moi." Et pourtant, la journée ne faisait que commencer. "T'as pas vu ma cousine ? Elle devrait s'être réveillée, à l'heure actuelle..." C'était une sorte de "running joke" avec Gaïa, l'appeller sa cousine alors que ce n'était clairement pas le cas. On s'amusait comme on pouvait...

Ellie regarda le ciel. Elles ne devraient pas trop tarder à rentrer, si elles voulaient être de retour chez elle pour l'après-midi. Ellie serait contente de retrouver son propre abris. Rien ne vaut la douceur du foyer, comme on dit.