Il y avait le bruit des machines, mais aussi celui des allées et venues du personnel à l’extérieur de sa chambre, des brancards glissant sur le sol en lino, des voitures qui passaient en contrebas. Le son de son propre souffle sifflant. La lumière était principalement synthétique, aucun rayon de soleil ne passant le barrage des bâtiments urbains pour alléger l’ambiance de sa chambre.

Et il y avait cette latence dans ses mouvements, dans ses pensées qui le suivait depuis son premier éveil, le ramenant toujours dans le sommeil malgré lui. Mais Endeavor le sentait, elle refluait, comme une vague ramenée vers l’océan et avec elle tout ses nerfs recommençaient à s’enflammer. Ça lui permettait de s’accrocher, de sortir la tête du brouillard, de la plonger dans la panic glaciale plus que dans l’ignorance pâteuse.

Tout semblait encore irréelle. Le combat contre All for One, son réveil dans une autre région (un autre pays?), son bras… On lui avait expliqué… à un moment… il ne se souvenait plus où il était, mais il n’était plus au Japon. Où était le Japon déjà ? On lui avait expliqué… Où était Shoto ? Et Natsuo ? Fuyumi était avec son frère chez les réfugiés… Et Rei ? Pareil ? Et Hawks ? Ils se battaient ensembles. Ils avaient faillit gagnés, oui… Il y avait cru. Et maintenant, où était Hawks ? Et… Toya ?


Il resta encore un groggy plusieurs heures dans son lit, regardant la fenêtre avec distance, les pupilles sèches et presque opaques. Plus les minutes passaient, plus il rattrapait enfin le train de ses pensées. Quelque chose l’empêchait d’attraper le bouton pour appeler les infirmier.es, comme une main fantôme sur la sienne qui la serrait, avec une froide fermeté. L’empêchant de l’atteindre, comme si ce bouton représentait un danger. Il décida de prendre encore une petite minute pour chasser ce spectre de peur et appuyer. Pour retrouver sa famille. Toute sa famille.  

Et alors qu’il cherchait à ramasser les morceaux calcinés des derniers évènements, il vit se découper sur le décor urbain une silhouette qui passa tel un éclair. Ses ailes sanguines déployées, inégales mais agiles, des plumes divergeant du reste du plumage et s’élançant comme des éléments indépendants  du reste de son corps. Ses pupilles se dévoilèrent et il lâcha un souffle avorté, la bouche entrouverte. Plusieurs secondes s’écoulèrent et soudain, Endeavor était sur ses pieds, trébuchants et tanguant mais ne ployant pas. Il voulu arracher la perfusion qui se trouvait sur son bras gauche et en tendant sa main pour le faire il ne vit rien. Rien, juste le vide. C’était irréel. Mais pas son problème. Alors il le fit avec les dents et enleva tous les appareillages médicaux de sa main fébrile.

Hawks… Il devait le trouver. Tout de suite. Il n’avait pas le temps d’attendre qu’on l’autorise. Non, il était… il devait vite le retrouver. Il respira un grand coup et avança vers la porte en adoptant un visage de marbre.

Dans le couloir il avança comme un patient cherchant à se dégourdir les jambes et ce n’est que la porte de sortie de secours passée qu’il se mit à dévaler les escaliers, chutant parfois en se rattrapant d’un coup d’épaule contre le mur avant de continuer. La porte du parking pousser, il se mit à courir dans la rue sans s’arrêter, cherchant une plume pour le guider. Ses pieds nus claquaient sur le goudron et son souffle était court -très court, presque absent- alors qu’il s’enfonçait dans les ruelles sombres.

Il lui fallait juste un signe… juste un espoir. Un éclat rouge lui apparut et il poursuivit la plume jusqu’à une grande artère.

Je suis un optimiste.
Il l'a affirmé devant sa prédécesseure qui voulait comprendre son sourire alors qu'on lui avait retiré le sien.
Il lui a dit croire en l'avenir, avec du coffre pour la convaincre, comme lui-même avait été convaincu. Hawks pouvait sourire à pleines dents sans avoir à prétendre parce qu'il y croyait. L'espoir était permis. Il pouvait visualiser une société peinarde et comprenait son rôle dans les préparatifs. A mi-chemin entre l'ombre de la Commission et la lumière de celui qu'il admirait.
Il devait donner son maximum pour assurer la paix à la génération d'après, il rêvait de retrouver tous ces gamins dans des patrouilles tranquilles, où l'important serait de donner l'accolade aux fans et d'ensuite retourner aux pénates pour prendre une mousse.
Il n'a pas eu de mal à fronder contre All For One, à l'envoyer paître, à lui signaler qu'il y aurait bien ce lendemain où tout le monde rirait aux éclats, parce que l'espoir est contagieux et que même un seigneur du Mal n'est pas suffisant pour l'enrayer, pour arrêter tous les cœurs qui se relaient et l'abritent. Parce que le numéro 1 avait largement fait le boulot et que son symbole recommençait à inspirer, la machine recommençait à tourner.
Il voulait être une lumière d'espoir comme Endeavor avait été la sienne. Il était libéré de ses chaines alors il pouvait retourner aux fondements ; c'est comme ça qu'il voulait être utile.
Que reste t-il de cet optimisme aujourd'hui ?
Perché sur un immeuble qui tutoie la cime du ciel, le rapace lance un regard critique au reflet que lui rapporte une vitre sombre comme si elle était en berne.
Il n'est vraiment plus grand chose. Ses sourcils se froncent sur des yeux perçants mais ternes. Il se reconnait bel et bien dans l'image qu'il voit, mais cette image il ne la valide pas.
Ses ailes, en plus d'être inégales, tiennent plus du ramage percé et amaigri par l'hiver que de l'envergure prête à défier l'écoulement de l'air à vitesse de pointe. Leur repousse est laborieuse, beaucoup plus longue qu'avant. Il sait qu'il ne retrouvera jamais les réflexes que la Commission avait peaufinés.
Et, surtout, il ne sourit plus naturellement.
Le Japon est resté derrière et Hawks, bien qu'il ait été formé à ne s'épargner aucun compte ou analyse et à sabrer dans le vif, ne parvient même pas à chiffrer les pertes. Tous ces gens alors que lui est en vie.
Il avait donné sa parole, il avait dit que l'espoir était permis.
Il pourrait se bercer d'illusions s'il y était déjà parvenu avant. Se dire que son monde continue à vivre.
Il pourrait s'effondrer. Mais ses ailes ne lui en donnent pas le droit. Hawks, le héros ailé, a toujours des devoirs.
Hawks déteste ses ailes, parce qu'elles ont fait du sale et qu'elles le ramènent à un constat d'inutilité ou de crasse, mais bien que ce soit assez paradoxal, elles lui permettent aussi de maintenir un cap.
Elles captent les vibrations dans l'air, les entrelacs de violence, le danger. Elles l'exhortent à agir.
Parce que cette ville n'est pas sûre. Elle n'est pas la sienne, n'appartient pas au monde auquel il avait donné sa parole. Il n'a aucun rôle officiel ici et il ne l'a plus, cette personne qui l'a toujours soutenu, celui qui a soutenu son optimisme en incarnant l'espoir. Endeavor-san.
Mais il y a des gens et certains ont aussi besoin d'espoir alors il n'arrêtera pas.
Guetteur sur son surplomb, le rapace prend le pouls de cette vie urbaine, qui tourne à une cadence différente et sur d'autres facteurs systémiques.
Un fourmillement massif dans l'aile gauche. Hawks lève un pied au-dessus de la ville obscure et relève le col de sa veste matelassée pour prévenir les frottements aérodynamiques, mains dans les poches, il s'élance vers l'avant pour toucher la trajectoire la plus perçante. Hawks utilise la vitesse de sa chute qu'il réoriente grâce à quelques battements d'ailes - fulgurants et saccadés car ses plumes sont courtes -, il fonce en piquée et rase le sol à la poursuite d'un véhicule en sortie de piste. Le rapace se concentre sur les rythmes cardiaques qu'il isole, perçoit, à l'intérieur de l'habitacle et envoie deux plumes récupérer le conducteur ainsi que son passager. Hawks les dépose en sécurité et stoppe ensuite la voiture avant qu'elle n'emboutisse quoi que ce soit, grâce à une nuée de plumes d'acier.
Il reste sur place quelques instants, le temps de sourire aux accidentés et de s'assurer de leur prise en charge. C'est au moins la moitié du boulot.
Les mains lascivement croisées derrière la nuque, le bagou encore au bord des lèvres, le rapace s'apprêtait à regagner les hauteurs.
Il le voit. Endeavor.
Hawks est fauché dans son élan, cloué à un sol qui lui donne l'impression de tanguer. Tout est déréalisé à part cette silhouette.
Ses épaules s'affaissent et ses yeux s'égarent puis s'écarquillent sans fard, sans rien retenir, tremblent. Le masque se fissure d'un coup sec.
Des tambours dans son torse. Il s'élance avant même d'avoir produit, entendu, une pensée cohérente. Endeavor-san. Il se pose devant lui presque à tâtons alors, pourtant, qu'il lui a foncé dessus. Sa voix est rocailleuse, encombrée, pas loin d'être brisée mais elle reprend, malgré tout, contenance lorsque le rapace comprend qu'il ne parle pas à une illusion. Il analyse l'autre homme par pur réflexe, avant même de réaliser qu'il le fait, il constate sa blouse d'hôpital, ses pieds nus et ce que ça trahit. Une joie et un soulagement indescriptibles prennent l'ascendant sur le reste et il aimerait, peut-être bien, lui donner un geste affectif. Peut-être Hawks en aurait-il même besoin. Mais il ne se le permet pas.
Il veut l'aider, il veut l'épauler, tout se réactive en le voyant en tenue de patient, il veut comprendre comment ils se trouvent tous les deux là mais même ça, ça arrive ensuite. Le héros ailé retire sa veste d'aviateur et la tend à l'homme qui le dépasse de beaucoup en taille, bien conscient de la maladresse du geste. Vous pouvez la nouer à votre taille. J'imagine. C'est dit avec une pointe de légèreté qui n'arrive même pas à se prétendre railleuse. Parce que le héros incandescent est presque à nu et que c'est sans doute parce qu'il s'est précipité à sa rencontre.
Il finit par s'autoriser un geste de soutien, qui l'ancre en retour dans plus de matérialité ; Hawks dépose une main contre le bras d'Endeavor. Vous vous imaginez pas à quel point je suis heureux de vous revoir. Et c'est criant de vérité - l'aigle lui sourit comme il n'avait plus sourit et comme il ne se pensait plus capable de le faire, sincèrement.
L'espoir. Ses ailes anémiées le ressentent car, alors qu'elles ne repoussaient plus depuis des jours, elles tressautent et s'allongent de quelques centimètres d'un seul coup. On a beaucoup à se dire mais... Vous vous êtes évadé de l'hosto, je me trompe ? On va peut-être commencer par y retourner.

Le blond glissait vers lui, ses plumes rouges aux bords effilés et usés se déployant pour épouser les courbes du vent et filtrant les rares éclats de lumières qui parvenaient sur ces pavés. Enji avança d’un pas de plus vers lui, les sourcils froncés mais le regard loin d’être inflexible. Il avait l’impression de sommeiller, d’être dans un long rêve embué. Pourtant, il s’agissait là de ce genre de rêve qu’on continuait malgré tout de parcourir, presque soulagé de constater son irréalité et toujours curieux de savoir jusqu’où il nous porterait.

La vision de Hawks et le ton de sa voix faisaient naître des émotions contradictoires dans son esprit encore endormi ; soulagement et inquiétude, apaisement et urgence, espoir et anticipation. Il attrapa presque pas réflexe la veste de Hawks au creux de sa paume imposante, caressant le tissus tiède du bout des doigts, son pouce allant et venant sur le textile épais. Il la garda en main, contre sa cuisse en fixant le plus jeune d’un regard qui ne se détournait pas, à aucun moment. Ses lèvres restaient closes, une ligne épaisse et rigide barrait son visage hostile. Il ignorait ce qu’il pourrait dire si il les laissait s’ouvrir.

Quand la main aux doigts fins de l’aigle se posa sur sa peau froide, il frissonna. Ses muscles se gainèrent avant de se détendre sous la chaleur, celle de Hawks, qui n’avait pas arrêté de le suivre depuis son premier combat en tant que numéro 1. Comme un cataplasme, elle avait tantôt pansée, tantôt encouragée, tantôt réconfortée. C’était une constante depuis plusieurs mois, une amarre alors que sa propre faiblesse tentait de le faire couler et que les conséquences de ses actes aurait du le laisser seul face à ses propres choix passés. Le sourire éclatant du numéro deux l’éblouie plus que toutes les lumières artificielles de la ville et il en était sûr, son coeur se froissa, se brisa un peu plus alors qu’il savait qu’il puiserait sa force dans celui qu’il avait en face de lui, comme d’habitude. Il ne sut pas quoi répondre à cette confession, ne savait pas ce qu’il avait le droit de répondre, car il doutait d’être une bonne nouvelle pour Hawks ou quiconque, surtout dans cet état. Mais il acquiesça tout de même et baissa la tête vers les pavés. Il ignorait réellement tout. Avait-il déjà était sûr une fois dans sa vie ? Non, absolument jamais, il n’avait jamais rien compris.

Evadé ? Il se rembrunit, entre la honte et l’agacement. Non, il ne s’était pas évadé.

« Je ne me suis pas évadé ! » Répondit-il avec brusquerie en relevant les yeux « Je n’ai pas eu le temps de prévenir de mon départ ! »

Enji faillit refuser toute tentative pour le ramener, cependant il regarda Hawks; Le regarda vraiment. Constata ses cernes, sa pâleur, ses épaules tombantes. Le poids du monde semblait s’être niché sur ses épaules, et son torse n’avait jamais paru aussi fin qu’ici, dénué de son tissus protecteur. Endeavor hésita à lui rendre sa veste mais finalement il la garda dans sa poigne, gardant son affront pour lui.

« … Bien. » Peut-être était-ce son esprit embrumé, mais il n’avait pas de difficulté à accepter chaque poussé à avancer. Dans son étrange rêve lucide. Il jeta un oeil à son bras et se remit en route dans le sens inverse, ses pieds faisant un bruit humide sur le bitume mouillé.

Il n’apprécia pas les réprimandes et la méfiance du personnel. Il détesta le retour à sa chambre sous protection saupoudrée de suspicions pour Hawks, les personnages présentes tolérant avec distance sa présence. Endeavor leur envoyait un regard noir mais serra les dents, conscient que ses actions auraient des conséquences, et pas seulement pour lui.

Il se rassit dans le lit et les laissa travailler, vérifier ses constantes, remettre leur fatras alors qu’il continuait de regarder le plus jeune. Puis enfin seul, il fini par ouvrir sa bouche, libéra la parole malgré ses nombreux exactions passées.

« Que se passe-t-il Hawks ? Pourquoi ne sommes nous plus au Japon ? Est-ce qu’on a réussit à tuer ce fumier ? » La veste de l’aigle était posée sur la table de chevet près de lui. Il aurait pu la rendre. Il devrait le faire. Plus tard.

Endeavor semble décorporé alors l'aigle, derrière son sourire qui rayonne pour contredire le désespoir autant que c'est faisable, analyse les temps de latence, le poids de son regard lesté par les brumes, les silences qui en disent beaucoup. L'homme incandescent n'est pas dans la réserve, c'est plus profond et destructuré que ça. Hawks le connait suffisamment pour déterminer qu'il s'agit d'un amalgame complexe et que l'effet de la morphine, qui devait pulser dans ses veines, est à considérer. Le rapace observe son équilibre fiévreux et hérissé par un souffle inégal, devine qu'il devait encore être sous surveillance et peut-être sous ventilation artificielle. Il sent distinctement son cœur se serrer et la culpabilité y poindre ; il aurait dû l'aider plus efficacement là-bas et être présent à son chevet ici.
Le rapace coule sur lui des yeux doucement touchés, remonte vers lui un encouragement via un sourire feutré lorsque le colosse parvient à tonitruer un quelque chose qui lui vole un rire fluet. Validant, il est sincèrement heureux de le retrouver autant égal à lui-même qu'il a pu le rester.
Le héros ailé n'est pas étonné de l'entendre rétorquer là-dessus, se défendre d'un anticonformisme, il devine que ce sujet est plus simple à décocher que les autres, qu'il demande infiniment moins d'introspection, que c'est presque viscéral pour quelqu'un d'aussi rigide - conformé depuis son éducation traditionnelle jusqu'à ses activités héroïques durant lesquelles il n'a jamais négocié avec les limites du cadre légal. Et pourtant il l'a suivi sans prévenir qui que ce soit, c'est attendrissant mais ce n'est pas tout. C'est à prendre en compte. Endeavor n'est pas en contrôle.
L'introspection est coûteuse dans ce nouvel univers, elle est susceptible de faire s'effondrer les édifices les mieux amarrés au sol or, Hawks sait que le géant des flammes a toujours eu des pieds d'argile. Des failles battantes près du cœur. Et son rôle - le seul dont il a décidé - et de le soutenir. Le rapace n'est pas bien sûr d'à quel point son patenaire est conscient du  drame dans toute son ampleur, peut-être qu'il ne l'est pas s'il sort à peine d'un coma artificiel ou de perfusions répétées. Autant pour moi alors, vous avez plutôt fait le mur sur un coup de tête. Il le taquine, parce qu'il est parvenu à obtenir une première réaction et qu'il embraye sur du léger à dessein, sans se départir de son sourire affectueux. Il poursuit après une légère inspiration. Merci d'être venu à ma rencontre. Je me sens déjà mieux. Et c'est d'une sincérité absolue. L'aigle se sent de nouveau habité par cette lumière qu'il mimait à vide depuis des jours et des nuits, quelque chose de vital s'est réactivé. L'espoir.
Il ressent de nouveau quelque chose au plus profond de lui-même, alors qu'il ne faisait plus que réagir aux sollicitations du monde extérieur, aux urgences que lui rapportaient ses plumes, au devoir. Il se sent tout à coup vivant et c'en est presque assourdissant.
Endeavor tangue sur l'humidité de la chaussée alors l'aigle bondit pour le réceptionner et se glisse sous son bras massif, saisit l'arrière de son épaule, le soutient du mieux qu'il peut à chaque pas vers l'avant. L'enflammé guide l'avancée vers l'hôpital et Hawks comprend que si Enji n'a pas opposé plus de réticences c'est sûrement qu'il ne voulait pas l'encombrer - ses pupilles tressautent d'émotion en y pensant. Il ne compte pas le laisser se voir comme un fardeau. Pas alors qu'il apporte autant, qu'il a réussi à battre All-For-One, que rien de tout ça n'est de sa responsabilité.
Arrivés à destination, le rapace rengaine ses allures nonchalantes en même temps que ses ailes et suit le mouvement sans jacter. A l'abris du regard d'Endeavor il se permet de glisser des excuses et de collecter quelques renseignements, informe le personnel soignant qu'il est son partenaire et signe le registre.
Il reste dans un coin de la pièce médicalisée, les bras croisés tandis que son regard prétend être affairé vers l'extérieur. Sans rien perdre de la vérification des constantes et du jargon que les intervenants s'échangent. S'il maîtrise l'expression de ses émotions, si son dos est droit et ses épaules stables, Hawks ne prétendrait pas être serein.
Lorsqu'ils se retrouvent seuls, le héros ailé se retourne sur celui des flammes et patiente en affichant une expression amène mais sans excès, conscient qu'Endeavor va certainement engager la discussion, ne voulant pas le bousculer plus qu'il ne l'est déjà. La question du numéro 1 tord ses entrailles mais il ne laisse rien paraître. Ses pupilles ne laissent pas passer le soubresaut qui aurait été réflexe.
Il l'avait anticipé. Endeavor n'est pas au courant de la destruction de leur monde. L'aigle saisit un tabouret et le fait glisser côte au lit de l'homme incandescent, il s'y assoit sans emphase et le dos légèrement vouté. Comme beaucoup de monde nous avons été aspirés ici par un portail. Impossible de lutter. Endeavor est encore ligoté par de nombreux câbles qui assurent son rétablissement, il n'est pas en état de recevoir l'enfer de plein fouet même s'il est impensable de le lui cacher éternellement. Hawks préfère cet angle d'approche.  On cherche encore à déterminer son origine. Puisque vous êtes là et que je le suis aussi, je dirais que l'espoir est permis. Nous ne sommes peut-être pas les seuls. Celui de retrouver du monde, des proches. Endeavor ne pourra pas concevoir la mort de sa famille. Hawks n'arrive pas à totalement accepter la perte de Tokoyami ; il lui doit de chercher et de chercher encore. Vous l'aviez eu, Endeavor-san. Vous l'auriez tué s'il n'avait pas utilisé la drogue issue de Rewind. Il n'a pas refait surface depuis. Sa voix est calme, nette, même s'il hache volontairement l'information, à l'affût des réactions de l'autre homme. L'aigle sait très bien que son partenaire n'entendra pas cela comme une victoire - comment en voir une? Hawks s'autorise à déposer sa main en soutien, de nouveau, contre l'épaule de l'enflammé et il cherche directement son regard.

Endeavor la sentait, cette étrange atmosphère. Il n’arrivait pas à la décrire mais elle était latente, en suspension dans l’air, elle sentait le plâtre et la pluie. Peut-être était-ce l’odeur de sa blouse humide ou les restes de la ville qu’il transportait avec lui, jusque dans cette chambre. Et c’était ridicule d’en être à ce point inquiété, mais il n’était pas à l’aise. Une voix lui murmurait qu’il n’était jamais à l’aise et c’était vrai. Jamais il n’avait parcouru le monde avec aisance. Jamais. Sauf peut être à une exception près. Ses yeux bleus rencontrèrent ceux mordoré du rapace. Oui, avec Hawks il vivait une sorte d’aisance passagère et éphémère, où pendant quelques secondes le monde se suspendait, qui il était disparaissait et juste… il répondait. C’était de l’action réaction, simple, efficace. Bien sûr qu’il ne la méritait pas, mais il l’attrapait comme un submergé attrapait chaque bulle d’oxygène.

Le héros aux ailes abimées se retrouvait bien souvent dans sa chambre d’hôpital, souvent dans un état de santé à peine moins déplorable que le sien, c’était devenu une constante. Après son combat contre le Nomu, après la révélation de ses crimes, et maintenant. Enji en avait presque honte, mais il ne dirait rien, car il profitait de cette situation, il profitait de chaque injection de courage qu’il pouvait prendre pour avancer. Sauf si c’était fini…

Sauf que ce n’était jamais fini, et il en était responsable en partie. Un portail, ça ressemblait à un coup de Blackmyst mais Hawks sous entendait que ce n’était pas le cas, que son origine était inconnu. Il n’était donc pas au Japon, comme il l’avait supposé. Difficile en même temps de rater cette conclusion, les paysages, les habitants, rien ne collait au pays dans lequel il avait grandit. Peut-être un plan de leurs ennemis pour les éloigner des zones de conflits. Peut-être le temps de panser leur plaie ou… de dominer entièrement la région.

Ses doigts se serrèrent contre le tissus clair de ses draps et il fronça les sourcils, le regard happé par milles questionnements. Il avait échoué. Malgré l’aide de Hawks, malgré le soutient de tous ces héros, malgré l’implication de certains élèves… Et maintenant leur ennemi était introuvable.  Il souffla profondément, la fumée se dissipant en s’élevant au contact de l’air tiède.

« Je vois… » Non, en fait il ne voyait pas. Quelque chose lui échappait. Il passa l’ongle de son pouce sous celui de son index pour retirer la poussière humide qui s’y était nichée. Il sentait la paume de Hawks contre lui, à peine plus chaude que son épiderme, mais solide. Les propos de l’aigle ne collait pas à la situation. Si ils étaient séparés des autres héros, il ne parlerait pas de leur ennemi en ces termes, il s’inquiéterait du fait que celui-ci se trouve peut-être toujours au Japon. Le rapace ne devrait pas espérer trouver d’autres héros de ce côté du portail, car ça voudrait dire moins de forces pour leur armée sur place.

Il souleva ce qui restait de son bras droit, regardant le pansement qui l’entourait, les fils s’entrelaçant pour compresser le moignon. Puis il tourna de nouveau son visage vers Hawks.

« C’est fini ? Le Japon. Il n’y a plus d’espoir pour le Japon ?  Tout ce qui reste, c’est ici. » Enji n’osait pas poser sa question. La question qui se bloquait dans sa gorge. Il n’était pas prêt à l’entendre. Il ne savait pas où ils étaient, il ne savait pas pourquoi il était là, pourquoi l’air était si froid et humide autour de lui, mais il savait qu’il ne survivrait pas à la réponse.

Endeavor jeta un regard au plus jeune face à lui, essayant de lire dans ses traits tirés la vérité, de trouver une négation dans ses yeux. Cependant il se doutait qu’il ne l’aurait pas. « Hawks. »

Quelqu'un qui ne vit que pour l'expiation ne peut pas survivre à ça.
La culpabilité du survivant sera trop forte. Endeavor ne vivait pas pour lui-même, mais pour quelque chose qui n'est plus.
Il savait que ce n'était qu'une question de temps, Endeavor allait comprendre les contradictions distillées, n'allait pas se les épargner. Ils en sont déjà au point de bascule et, si l'aigle aurait souhaité le différer, il ne peut pas lui mentir. Chaque goulée d'espoir prise dans cet intervalle serait viciée car factice. Hawks est passé par là mais il n'avait pas la responsabilité du numéro 1 sur les épaules, pas non plus les mêmes devoirs commandés par le passé. Ses yeux mordorés scrutent le visage accablé et il ne peut s'empêcher d'admirer la contenance que l'homme ardent essaie de maintenir même s'il s'agit sûrement d'une forme de marchandage. Hawks sait qu'il doit lui dire et en même temps le préserver de la destruction. Comment donner de l'espoir quand tout est perdu?
Il ordonne à son regard de ne pas perdre son éclat alors qu'il le lui destine. Il doit lui tendre une stabilité qui ne se perdra pas.
Parce que tout n'est pas perdu. C'est ce que tonne son cœur lorsqu'il le voit, c'est ce dont son esprit se convainc - ce n'est plus une ligne de conduite pour paramétrer son pilote automatique, c'est quelque chose qu'il ressent bel et bien. Encore une fois Endeavor lui permet de comprendre ce qu'il peut être de meilleur - loin du reflet en berne que les buildings lui renvoyaient. Que peut-il lui donner comme espoir en retour ?
Il peut lui dire qu'Enji Todoroki doit continuer même s'il ne pense pas en avoir le droit. C'est comme ça qu'il a lui-même tenu.
Il doit lui dire de vivre pour quelque chose qui existe encore.
Pour l'avenir.
C'est fini. Susurre t-il sans relâcher son épaule, de la voix la plus douce qu'il se connaisse, comme on s'adresserait à un blessé, comme on s'adresserait à un héros. Avec précaution et respect. Ses yeux d'or luisent d'une conviction aussi brute que calme et ne quittent pas les siens. Il le lui dit sans s'effondrer, sans laisser présager qu'il le fera, comme s'il y avait une suite. Et il y en a bien une. Le Japon est moins important que ses habitants, Endeavor-san.Présenté ainsi, Hawks sait bien que la proposition a des allures d'évidence mais c'est le but, désacraliser, en allant à l'essentiel, même si le cœur n'y est qu'à moitié.
D'après ce qu'on en sait de nombreux portails se sont ouverts - beaucoup ont pu fuir. J'entends parler de nombreux rescapés et, pour chacun d'eux, ce n'est pas terminé. Notre boulot n'est pas fini. Ses doigts resserrent légèrement leur prise afin de lui opposer, gentiment, un rien de matérialité. Nous avons le devoir de lancer des recherches. Vous ne pensez pas ?

C'est fini. 

Endeavor aurait dû être prêt à la réponse, c’est après tout ce qu’il attendait de sa question et pourtant. Pourtant il se trouvait à cet instant devant un sac mortuaire… non il se trouvait sur une colline dévorée par les flammes… Non. Il se trouvait devant un écran blanc faute de plus de pellicule. Car c’était là, la fin de tout. Son visage était si creusé qu’il était creusé par les ombres de ses reliefs, les yeux fixant le plus jeune sans le voir. Quel genre d’univers laissait un homme comme lui en vie pour faucher tout le reste ? Quel genre d’univers tuaient… leurs yeux bleus ou cendrés le fixaient...

Il sentait que si il ne pleurait pas, ce n’était pas par force, ce n’était pas pour préserver son partenaire, c’était car il n’avait plus rien à donner. Tout son corps était complètement sec et il doutait qu’il y aurait quoique ce soit à cultiver sur ces terres calcinées.  

Le Japon est moins important que ses habitants, Endeavor-san.

Pourtant Hawks savait toujours faire pousser une graine. Elle était pauvre, ayant du mal à se développer dans cet espace vicié, mais le héros ailé semait l’espoir. Bien que le numéro un n’arrivait pas à reprendre constance, il offrit au blond un regard avide. Avide de quelque chose. D’une nouvelle. Le Japon était si loin de ce qu’il voulait entendre, il voulait juste savoir qui allait pouvoir lui donner des nouvelles de sa famille. D'après ce qu'on en sait de nombreux portails se sont ouverts - beaucoup ont pu fuir. J'entends parler de nombreux rescapés et, pour chacun d'eux, ce n'est pas terminé. Notre boulot n'est pas fini.  Si nous avons tous les deux été traînés ici, et il ne devait pas y avoir qu'un seul portail, nous avons le devoir de lancer des recherches. Vous ne pensez pas ?

C’était vrai, c’était un discours de héros. Admirable quand on avait le cœur d’y penser. Qu’un si jeune héros puisse toujours s’accrocher, à chaque rayon d’espoir et à chaque demande d’aide, malgré tous les sacrifices, c’était en soi la plus grande puissance. La main sur son épaule rayonnait de cette force qu’il n’avait jamais saisi dans sa vie. Endeavor n’avait pas le droit de s’écrouler car il n’était pas le seul à souffrir, il n’avait jamais été celui qui souffrait le plus et il avait un devoir. Si c’était tout ce qui lui restait, alors il le prendrait. Au moins le temps d’assurer la suite…

« Tu… Tu as déjà commencé… Tu as trouvé des survivants ? » Il savait que Hawks n’avait trouvé personne qu’il jugeait bon de lui dire, donc évidemment il n’avait pas trouvé... « Shoto, Fuyumi, Natsuo,… Toya ? Est-ce qu’un d’eux est arrivé ici?  Rei ?»  

Il voudrait lui rendre cette lumière, cette constance, mais il ne fit que rapprocher son bras du blond sans poursuivre son geste. Enji n’avait rien à donné, à part peut-être des efforts. C’est ce qu’il avait le plus fait dans sa vie, comme d’autres. Mais c’était tout ce que c’était en finalité. Des efforts.  Et Hawks continuait d’en faire. Mais vers un but. Alors peut-être qu’il pourrait lui donner ses efforts.

« Et d’autres héros ? Je dois sortir d’ici. Si d’autres héros sont là on pourra lancer une opération. »

D’une voix brusque et rocailleuse il ajouta «  Par contre dans cet état tu n’iras pas loin tout seul. Tu dois dormir, manger, normalement ça tu sais ne pas rechigner si je me souviens bien. Et si jamais… tu devrais faire attention à ne pas continuer tout seul, tu vas te surmener. Il faudrait que tu trouve un partenaire pour t’épauler…  » Il regardait ostensiblement la fenêtre.

Hawks estime qu'une société est un organisme sensible et ressentant, que l'acquisition de comportements sociaux stables se fait en partie par rapport à des modèles. C'est pour cette raison qu'il a toujours considéré l'approbation de la population comme le seul critère digne d'intérêt pour évaluer une carrière super-héroïque et qu'il s'est toujours arrêté pour tailler la parlote à un fan. Un héros doit inspirer la confiance, c'est pas en option. Peut-être que sa vision s'est forgée entre deux influences, celle de son tube cathodique qui lui offrait l'accès à une forme de justice, de rêve, de fil d'Ariane et celle de la Commission qui lui a appris à réfléchir aux systèmes - même s'il n'est pas aussi cynique qu'elle.
Il n'a pourtant jamais eu les épaules assez larges pour protéger la population, au-delà de la maraude sympatoche dans le quartier. Endeavor est-il en état d'être la figure de proue qu'il voyait en lui ? La question se pose au regard de l'encombrement de ses poumons et de ses nombreuses blessures physiques comme psychologiques. L'aigle sait pertinemment que l'incandescent ne supportera pas la paralysie, il est alors de son devoir de ne pas le lancer n'importe comment. De lui montrer qu'il peut être utile en étant lui plus qu'un symbole. Même s'il s'agit sûrement de la dernière personne qu'Endeavor veuille voir.
Hawks réalise que son raisonnement s'oriente vers les affects et l'individu.
Peut-être que le paraître pourrait être plus lumineux, mais son regard ne cède rien face à l'hésitation. Le rapace plaque son index sous son nez retroussé, son menton appuyé sur l'annulaire il scrute son interlocuteur en exhibant un calme presque tapageur. Il ne s'élance pas vers une réponse lorsque Endeavor lui adresse une question qu'ils savent tous les deux déjà, et c'est déchirant, tranchée. Vous vous doutez de la réponse. Lâche t-il en maintenant le contact visuel, stable, comme si c'était entendu mais pas synonyme de définitif, comme une incitation légèrement frondeuse. Il veut lui souffler un peu d'espoir en paraissant suffisamment sûr pour être moins lourd, moins funèbre. A ma décharge je n'avais pas encore le meilleur détective du monde sous la main. Je compte vous faire bosser sur les pistes que j'ai. Presque une exclamation de foi et elle est réhaussée d'un sourire, il prétend ne pas lui laisser le choix. Il challenge en ne mettant pas les formes graves, rompt le ton, c'est sa manière de témoigner de la confiance crue mais réordonnée. Il a conscience de la dévastation que doit ressentir l'enflammé, qu'un gouffre sans fond doit s'ouvrir sous lui, qu'il n'y a aucun mot pour congédier la douleur d'avoir tout perdu.
Il ressent le mouvement d'Endeavor vers lui, puis sa contention, jusqu'à la pointe de ses plumes qui se redressent d'ailleurs de quelques millimètres. Un frémissement qui le surprend lui-même. Le héros ailé se doute que le colosse s'est retenu de réciproquer un geste soutenant - peut-être par honte, par inconfort ou en estimant ne pas être en droit. Hawks décide de poursuivre sur sa lancée et de casser cette gênance indue ; sans passer par quatre chemins il plaque une main entre les omoplates du héros des flammes et la laisse stationner quelques secondes sans se justifier de le faire si ce n'est en conservant un sourire aux lèvres.
Il allait en profiter pour tempérer les ardeurs de son interlocuteur lorsque celui-ci lui arrache un rire léger, peut-être bien un peu éraillé, mais plus sincère qu'il ne se serait pensé en capacité d'en produire. L'autre homme s'inquiète de sa santé, c'est criant d'honnêteté. Hawks est touché et ça tambourine dans son torse mais il ne sait pas comment y réagir ou comment l'exprimer aussi sérieusement que ce qu'il le ressent. La faute, sûrement, à une désindividualisation trop longue et aux apparences trop utilisées. Comment refuser votre proposition puisque c'est si gentiment demandé ? Vous êtes vraiment prévenant Enji. Il a l'impression de revivre une scène du passé et c'est puissant, bien assez pour agrandir son sourire et pour le désorienter à la fois. C'est la première fois qu'il l'appelle par son nom civil, volontairement, sur l'exacte même intonation que s'il disait Endeavor. Ce n'est pas désagréable à vivre - c'est fort. Il tapote son dos épais, de la chaleur au creux de son propre torse. On va les retrouver, partenaire. Il le lui assure sur un ton plus sérieux avant de se détacher et de saisir un stylo et une feuille laissés sur la table jouxtant le lit médicalisé. Hawks dessine la carte simplifiée de l'Ile de Silvergate et la lui tend du bout des doigts. Nous sommes ici, le quartier le plus au nord, Blackridge. Rien à voir avec ce que nous connaissons mais l'île abrite plus de vingt millions de personnes d'après les derniers recensements.

Cette lumière, cet aplomb, c’était fascinant de voir un si jeune héros prendre cette assurance quand ses aînés cédaient au doute et à l’incertitude. Endeavor s’était appuyé sur elle quand le monde était soudain devenu lucide à son égard, et que l’oiseau aux ailes brûlées lui avaient offert un chemin de rédemption sans droit à l’oubli. La main de Hawks épousait son dos épais avec fermeté à plusieurs reprises, loin d’être un toucher éphémère, il le tenait ancré dans le moment, passant au dessus de la brume médicamenteuse qui courrait dans son organisme. Ces phrases rassurantes étaient bien peu d’espoir pour l’homme de flamme, mais il décidait de tout de même les essorer de tout le positif qu’elles pouvaient apporter, pour le héros ailé, pour le monde, pour continuer de survivre. Son nom dans la bouche du blond, Todoroki ne savait pas dire pourquoi mais son coeur en rata un battement. Si peu de gens l’avait appeler comme ça durant sa vie ; ses parents, ses professeurs et occasionnellement sa femme. Mais jamais un partenaire. Et jamais un ami. Est-ce qu’il pouvait prétendre à ce titre ?


Hawks ne lui laissa pas le loisirs de s’enfoncer dans ces pensées inutiles et lui offrit une occasion de les évincer en lui détaillant ce nouveau lieu inconnu.
Vingt millions de personnes, c’était si peu. Endeavor couvrait quotidiennement une zone qui comptait un quart de ce nombre d’habitants. Et le reste du monde alors… Il balaya cette pensées avec les autres, celles qui l’empêchaient d’avancer. Celles dont Hawks semblaient ne pas se préoccuper pour continuer son travail. Alors, il pouvait le faire également. Il pouvait faire grandir ce feu intarissable qui dormait en lui pour avancer, comme il l’avait toujours fait.

Je vois… Et les autorités ? Sont-elles prêtes à coopérer avec les héros locaux ? Quels sont les protocoles ? Est-ce qu’il y a des protocoles ?

Endeavor avait peur d’entendre la réponse. De savoir qu’ils étaient revenus à l’ère où le japon croulait sous le chaos et la violence. Il avait connu cette période sombre, jusqu’à l’arrivée de All-Might, lors de son adolescence. Alors que lui se débattait avec sa propre faiblesse, le sur-homme mettait en place les pilliers de la société pacifiée et en définissait les règles. Tout ça pour qu’une fois son flambeau passé, le nouveau numéro un perde le monde entier.  

Puis ça le frappa au milieu du flot de réflexion amères qui parcouraient son esprit. L’oiseau avait écouté ses prérogatives quant à sa santé et lui avait gentiment renvoyé un « vous êtes vraiment prévenant » qui aurait pu aussi bien se traduire par un « vu et s’en tape ». Les sourcils de héros aux cheveux écarlates se froncèrent si bien qu’ils se rejoignirent juste au dessus de son nez et il souffla une flammèche courroucé d’une narine. Ses yeux irrités cherchèrent les yeux irisés du garçon insolent.

Au réfectoire !! S’écria t-il sans contexte avant de se lever. Il prit cette fois conscience du manque de pudeur de sa tenue et son visage s’embrasa encore plus d’une fureur qui couvrait sa gêne. Il regarda autour de lui pour trouver des vêtements et repéra un peignoir. Quelle déchéance. Il le fixa comme si le tissus pelucheux avait voté pour All-Might à un sondage de popularité, c’est à dire avec dédain et méfiance. Il l’enfila à regret.

Il attrapa sa perfusion dans sa main épaisse et son visage contracté informait Hawks de sa volonté d’être suivi.

Tu n’as fais que boire du café et des boissons énergisantes depuis ton arrivé ici ? Ne pense pas que ça va durer Hawks… Tu es l’un des derniers bastions de l’héroïsme contre le chaos. Si je dois te briser pour te préserver, je le ferais. Dit-il, mortellement sérieux.