C'est une mission de récupération également pour Barbie. La médecin du quartier le plus proche lui a confié la tâche importante de trouver le plus de bras possibles -parce que les bras font partie des pièces qui s’abîment vite, tombent en morceau ou se font pulvériser par les combats, or certes on peut fonctionner sans bras, mais c’est quand même assez désagréable -et donc, Barbie récolte des bras.
Elle s’y attelle depuis ce matin déjà, elle en a déjà trouvé des dizaines lorsqu’elle tombe sur la Dawju.

En se retournant,  @Zoey Hanson voit une jeune femme blonde très souriante, vêtue d’une combinaison de travail bleue, les bras chargés d’un bouquet d’autres bras. Je peux comprendre son saisissement.
Le comprenant également de cette manière, Barbie s’empresse de poser les membres inertes sur le sol, et tend la main :
“Bonjour ! Je viens chercher de nouveaux bras pour les livrer à l’hôpital. Je m’appelle Barbie.”
Première chose, statuer amicalement sa mission actuelle et son identité.
“Avez-vous besoin d’aide ? Vous semblez perturbée ou contrariée. Etes vous en danger ?”
Deuxième chose, établir la potentielle nécessité de son aide.

Barbie n’est pas une cyborg de garde, de combat ou d’enquête. Elle est là pour être utile d’une autre manière. Vous voyez ces grands chiens amicaux qui feraient la fête même à des cambrioleurs ? Dans ce genre là.
Un cyborg n’est pas un humain ; les cyborgs ont des fonctions claires, même s’ils peuvent dépasser ces fonctions avec l’Animus et se chercher un but propre.
Alors, bien sûr que Barbie se demande pourquoi il y a une Dawju sur la planète des cyborgs, pourquoi elle se trouve là tout secrètement, et pourquoi elle fouine dans le hangar. Bien sûr que Barbie se doute que la Dawju est là pour emporter des pièces qui ne sont pas à elle. Mais dans ce monde de gens qui ont des fonctions claires, elle est sereine : ce n’est pas à elle d’arrêter les voleurs. On ne lui demande pas de se battre ; on lui a juste demandé d’aller chercher des bras. Cette intrusion sur la planète ne déclenche pas chez Barbie toutes sortes d’alarmes hurlantes et de voyants d’alerte.  
Cependant, il existe un protocole de protection de la planète cyborg, qui est présent chez tous les cyborgs animés, protocole qui ressemble à la façon dont nous, les humains, désirons défendre notre planète. Les cyborgs aussi aiment leur planète toute neuve et veulent la défendre.
Barbie réfléchit donc à ce qu’elle doit faire, luxe de créature libre.

[délibération conciliatoire A / B
A= mission récupération de bras ; poids d’importance: 0.65/1 ; impact si réussite: +2.56 mobilité générale dans 3500H ; impact si abandon? possibilité d’envoi d’une autre faction: impact nul
B= présence inconnue dans le hangar ; poids d’importance: calcul en cours… calcul en cours… démarrage du protocole universel de protection de Lyria2T44… calcul en cours… poids d’importance: 1.25/1 ; impact: imprévisible >> situation B demande analyse.
>>consensus délibérations: B.
>>objectif mis à jour: mission principale récupération d'informations sur B(=présence inconnue dans le hangar). mission A en arrière-plan.]

Barbie a pris une décision : la mission de récolte reste importante, mais la présence de la Dawju demande une plus profonde investigation avant de décider de la conduite à suivre. Ces délibérations n’ont pris qu’un millième de seconde, Barbie est un robot ; elle est donc toujours la main tendue vers l’extraterrestre, l’air ouvert, la question de sa voix enjouée flottant encore dans l’air :
“Avez-vous besoin d’aide ?”

A voir la façon dont les oreilles de la Dawju se plaquent sur son crâne, cette personne a en effet un problème, mais quel peut-il être ? Barbie ne comprend qu’on puisse avoir peur d’elle, qui est entièrement dévouée au service. L’idée ne l’effleure même pas. Elle sait reconnaître la peur, elle sait par ailleurs rassurer les jeunes humains, mais présentement, elle est incapable d’identifier que la Dawju la craint, elle. La réponse de la femme chaton : “Non !” est en contradiction avec son langage corporel, et Barbie lui adresse un sourire complexe, consciente que c’est un mensonge.

“Qu'est-ce que vous voulez ?” lui demande t’on ensuite. A cette question, Barbie reprend son air serviable et répond immédiatement :
“Je veux vous accompagner.”
Elle a pris sa voix la plus vivante, la moins robotique, la voix pour consoler les enfants.

Sûrement toujours pas convaincue, la Dawju lui pose une nouvelle question, à savoir : si elle a vu une autre personne ici.
“Non,  je n’ai vu personne. Je n’ai pas vu la personne appelée Dren, ni personne d’autre.”
En arrivant, la cyborg a entendu le début de la phrase de la Dawju ; grâce à sa mémoire vive, elle peut se repasser l’instant en boucle si elle le désire, entendre encore et encore ce “Dren, tu as déjà vu… ?”

Barbie sourit toujours, et elle a toujours la main tendue. Son bras ne montre aucun signe de fatigue, immobile tel celui d’une statue de marbre ; elle pourrait tendre la main comme ça pendant des heures et des jours sans bouger d’un millimètre.

Tout en parlant, Barbie fouille les registres d’activité de Lyria, accessibles en ligne pour tous les cyborgs.
“Votre présence ici est imprévue. Les registres ne montrent pas de demande d’autorisation d’atterrissage. Veuillez expliquer la raison de votre présence, s’il vous plaît. Je vous viendrai en aide autant que possible, dans la mesure où votre objectif n’interfère pas avec la sécurité de cette planète.”
Auquel cas, elle appellera tous les cyborgs de sécurité à proximité, ne précise pas Barbie.
Dans un souci d’équité, elle se met à énumérer “ce qui interfère avec la sécurité de cette planète” ; en le faisant, sa voix se fait plus artificielle, parce qu’elle récite :
“Seront considérés comme une atteinte à la sécurité de Lyria : l’installation de software ou hardware susceptibles d’affecter le fonctionnement normal des cyborgs. L’installation de software ou hardware susceptibles de dégrader les habitations. L’utilisation non encadrée de software ou hardware susceptibles d’affecter le climat. L’intention manifeste de nuire aux cyborgs et aux installations matérielles dans un but de destruction. L’intention manifeste d’entraver la liberté des cyborgs. Si votre activité se situe en dehors de ces limites, je suis ouverte à vous accompagner dans votre visite.”
“Ouverte à vous accompagner” pour ne pas dire “je vais vous suivre dans tous les cas pour voir ce que vous faites”.

@Zoey Hanson

Un silence de deux secondes. Barbie a les yeux fixés sur le visage de Zoey, sourire figé, bras tendu. Un temps de calculs. Puis l’expression de la cyborg se ranime d’un coup.
“Oh okay !” répond-t-elle dans un mouvement de ses boucles blondes. “Merci d’avoir clarifié vos intentions. Bienvenue sur Lyria 2T44 ! Je suis contente de voir des visiteuses !” (au pluriel, parce que Barbie n’est pas dupe au sujet de ce “Dren”. Il reste d’ailleurs un détail à régler, alors Barbie continue sur sa lancée :) “J’aimerais également obtenir une réponse à ces questions de la part de l’individu Dren. Cela me rassurerait.”

En effet, Barbie se sent beaucoup mieux depuis que le protocole de protection de Lyria s’est terminé sans erreur -du moins à propos de Zoey. Elle a l’air plus vive. Ce protocole ne lui est pas naturel du tout, elle n’aime pas se montrer si soupçonneuse. Elle a hâte de dégager toutes ces alertes d'incertitudes à propos de Dren, qui polluent son champ de vision.

Elle a renoncé à serrer la main de la visiteuse, qui n’a pas esquissé le moindre geste pour la lui prendre. Une petite ligne de code à propos des convenances sociales se modifie discrètement : “si : Dawju, alors : on ne serre pas la main.” Sûrement ce geste de salutation n’est-il en cours que chez les humains, songe Barbie. Elle n’a pas pensé à prendre en compte l’état émotionnel de la visiteuse, ce qui aurait pourtant sûrement beaucoup modifié les calculs.
Peu importe de toute façon.

“Pouvez-vous me présenter votre compagne, s’il vous plaît ?” (Un mini bug très difficile à patcher fait que Barbie a une petite tendance à utiliser le féminin par défaut.) “En chemin, vous pourriez me dire quel genre de pièces vous cherchez. J’aimerais aussi vous assurer que vous ne courez aucun risque pour votre intégrité physique ou mentale. Je remarque que vous semblez effrayée, mais je vous assure qu’aucun de mes capteurs n’indique de danger à proximité.”

@Zoey Hanson