Mai 2024, feat. @Cornélia Hale

Un éclat de rire franchit la barrière des lèvres du protecteur lorsque Cornélia s’offusqua de son nouveau titre d’éclopée.

Le reste de leur discussion était néanmoins moins amusante, et beaucoup plus sérieuse. L’avenir de l’humanité, rien que cela. Noct ne savait pas vraiment comment il pourrait se projeter dans une humanité qui était à ce point au bord du gouffre. Tout le monde pouvait mourir demain, alors personne n’imaginait l’avenir au-delà des deux prochains jours. On ne pouvait que peu se projeter dans le lointain. Les zombies… ils finiraient bien par diminuer, sans doute.

- Les humains qui restent prennent l’habitude et savent mieux comment se débarrasser d’eux. Ils finiront par se faire exterminer, je pense.

Beaucoup perdraient patience, refuseraient de se faire dicter leur vie par des êtres sans cervelle. Qu’aurait-il fait, s’il n’y avait pas eu d’apocalypse ? Lui-même ne savait pas exactement ce qu’il souhaitait faire, autrefois. Il avait entamé des études, mais sans être entièrement convaincu par son parcours.

- Pas vraiment, mais il faut dire que je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire avant l’apocalypse. Peut-être que je serais devenu un paresseux qui ne sort pas de son canapé.

Au fond, l’apocalypse lui avait donné un objectif. Protéger le Musée était la seule chose qui avait vraiment donné un sens à sa vie. Avant, il pratiquait les arts martiaux, il pêchait, mais ce n’étaient que des loisirs. QU’aurait-il pu faire, comme métier ? Il aurait très bien pu finir au chômage à jouer aux jeux vidéos toute la journée. Difficile à imaginer, aujourd’hui.

- Ce n’était peut-être pas mon plan d’avenir, mais au moins, ça a donné un sens à ma vie.

Pouvait-il vraiment détester l’apocalypse et sa position ? Pas vraiment, dans ces circonstances. Pour Cornélia, ce devait être très différent, elle aurait fait carrière dans le patinage. L’apocalypse lui avait pris ses rêves, alors qu’elle avait donné un sens à Noctis.

Aucune bonne raison de sourire

Cornélia ressent un dangereux et vicieux frisson qui remonte le long de sa colonne vertébrale. Elle remonte le long de son cou et si elle ne connaissait pas par cœur ses cheveux, elle aurait eu l’impression qu’ils se dressent sur sa tête. La chaire de poule la secoue. Cette phrase, bien qu’anodine dans ce genre de monde dévasté par la mort, l’atteint complètement. Les hommes « savent comment se débarrasser d’eux ». Elle n’est pas sûre de ça. Cependant, Noctis donne un message d’espoir, un message d’un monde où ils pourront être totalement… indépendants ?... des zombies ? Ou ils vivraient à part, sans faire plusieurs fois la même erreur. Une fois que la pandémie sera terminée, il y en aura une autre, mais celle-ci sera parfaitement gérée.

- C’est… perturbant.

Elle est perturbée, tout le monde fini par le savoir. Elle est continuellement en train de se poser des questions. Elle secoue la tête à l’idée que l’homme se faisait de lui. Elle ne croit pas en l’inné, plus en l’acquis. Mais elle sait une chose, on ne change pas la nature profonde d’une personne. Si un personne est, maintenant, un survivant qui combat et qui protège alors elle ne croit pas qu’elle serait devenu un paresseux dans le canapé.

- Tu aurais peut-être plus de temps à trouver ta voix, mais je crois que tu auras toujours été quelqu’un dans les aidants, un protecteur. J’en ai aucune doute. Et je te rappelle que je suis une garce qui dit ce qu’elle pense alors ne crois pas que je mens pour te flatter, ou je me fâche.

Cornélia ne dit que ce qu’elle pense, même si ce qu’elle dit est un peu bizarre. Elle le pense du plus profond de son cœur. Elle observe le ciel en réfléchissant à toutes les choses qui hurle dans son esprit. Cela tourne comme un disque rayé qui la met à terre.

- J’en suis sûr, dans ton cas. Tu serais devenu une personne qui protège, même si cela est comme simplement un policier municipal. Tu as ce genre de… aura de protection. Pas un gras du bide. Et crois-moi, si l’apocalypse s’arrête et que tu commences à faire du lard, je viendrais te donner des coups de pieds en patin à glace… et c’est douloureux ce genre de coup, tu sais ?

Elle rigole en continuant d’avancer et en essayant de tenir le rythme de l’homme. S’il ralentit, elle le tue, alors il a plutôt intérêt à ne rien dire. Elle ne lui fera pas perdre de temps.

Mai 2024, feat. @Cornélia Hale

Le jeune homme n’avait pas vraiment de pitié pour les zombies. En même temps, il avait eu la chance de ne pas tomber face à son père mort-vivant, ce n’était franchement pas une mauvaise chose. Le jeune homme n’avait pas l’intention de laisser les zombies lui casser les pieds toute sa vie, la menace la plus dangereuse, à ses yeux, c’étaient les autres humains, ni plus ni moins.

- Ne t’en fais pas, tu ne devrais pas y assister.

Il était probable que ceux qui s’occuperaient de l’extermination des zombies soient des volontaires, loin des communautés. Noctis n’aurait pas de problème à en faire partie, si cela pouvait aider. Cornélia ne l’avait pas connu avant l’apocalypse. Il n’était pas toujours de très bonne humeur, et passait beaucoup de temps à jouer aux jeux vidéos. Ne rien faire de sa vie ne l’aurait pas dérangé.

- Franchement, je n’en suis pas sûre. Quand je ne m’entrainais pas, je n’avais aucun problème à ne rien faire. Je ne dis pas que tu n’es pas sincère, mais tu ne me connaissais pas, à ce moment-là…

Il n’appréciait pas forcément la personne qu’il avait été avant l’apocalypse et avant Sanders. Paresseux et relativement prompt à se reposer sur ses lauriers, il se contentait du minimum. Au moins, Cornélia ne le laisserait pas se ramollir, ce n’était pas une mauvaise chose. Il sourit, et haussa les sourcils.

- Tu pourrais me couper un doigt avec ce genre d’armes, non ?

En tout cas, il avait souvent entendu dire que les lames de patin tranchaient comme dans du beurre. Ce qui ne lui faisait franchement pas envie. Le jeune homme secoua la tête et tendit un bras devant Cornélia.

- Attends une seconde.

Il s’approcha prudemment du piège qu’il avait posé à quelques mètres pour le désamorcer avec précaution. Il fit ensuite un signe de tête à son amie pour lui faire savoir que c’était désormais sans danger, et il sortit de son  sac un nouveau piège pour commencer à l’installer.

Aucune bonne raison de sourire

Cornélia remonte ses épaules de manière presque désinvolte. Elle ne doit pas trop montrer des sentiments, sinon elle risque de devenir folle. Elle a peur de laisser son âme au passage si elle se laisse trop amadouer par le sentiment de sécurité qu’elle ressent avec Noctis. Elle n’a pas envie de se prendre la tête à devoir lui mentir par la suite. Alors, elle préfère commencer tout de suite. Elle ne veut pas qu’il décortique son esprit.

- Je ne te connaissais pas, mais je pense que l’on est toujours foncièrement la personne que nous étions. Je suis une personne gracieuse, élégante et salope. Tu es un garçon qui n’aime pas l’injustice et l’insécurité. CQFD.

Oui. Elle en est intimement persuadée. Et c’est ça le plus drôle, non ? Elle serait incapable de dire ce qu’elle serait, mais elle sait qu’elle ne serait pas très différente. Enfin, elle se comprend. Il y a des choses qui ne changeront pas. Mais qui changent en rapport à cette nouvelle ère pleine de monstres bouffeurs de chaire fraiche. Elle rigole quand il parle de son « arme ».

- Bon dieu ! Si tu savais ! Il y a parfois des accidents incroyables ! On peut découper des membres, doigts, orteils, oreilles… mais tu peux aussi te voir avec un bout de lame dans le corps et surtout ne pas l’enlever. Enfin. Tu as compris, un accroc dans la chorégraphie et tout part à va l’eau.

Ce n’est jamais arriver avec ses partenaires. Enfin. Quand elle était là. Il est déjà arrivé que son partenaire pour les Jeux Olymiques de 2018, se retrouve blessé. Mais elle n’était pas là. Heureusement. Le sang c’est salissant. Affreusement salissant. On ne peut pas nettoyer le liquide écarlate sur des lames efficacement. Elle s’accroche à son bras pour le regarder faire. Elle n’en comprend pas une guigne, bien qu’elle arrive à imaginer la mécanique qui entoure le tout. Elle n’est pas stupide, ou blonde, quand il s’agit de sa logique. Elle est même plus intelligente qu’on ne l’admet. Elle n’apprécie simplement pas les jeux d’esprits comme pourrait le faire Taranee. Elle penche la tête et le regarde encore.

- Noctis. Tu vas bien avec toute cette histoire ? Je sais que l’on doit te le demander souvent mais tu ne sembles… pas réellement en état. Un peu comme moi, sauf que moi j’en ai la preuve physique alors que pas toi.