(Flashback... un jour entre l'attaque de Sanders et aujourd'hui)
(TW : major character death
)
***
Cleo avait vraiment cru, jusqu'à la fin, qu'elle allait pouvoir s'en sortir.
Elle et Hisirdoux n'avaient jamais vu une telle marée de morts-vivants. Ca les avait pris de court, transformant ce qui aurait du être une expédition tranquille à l'extrélité de la ville en une lutte pour leur survie. Ils n'avaient pas eu le temps de discuter, de comprendre ce qui avait causé cette situation. Tout ce qu'ils avaient pu faire, c'était courir... Mais parfois courir ne suffisait pas. Et quand Cleo avait proposé, à bout de souffle, qu'ils fallait qu'ils se séparent - que ce serait plus facile de les semer ainsi... Même si ça sonnait comme un mauvais plan digne d'un mauvais film, ils n'avaient pas eu le choix...
Mais elle avait cru, vraiment, qu'elle pouvait s'en sortir. Qu'on se le dise : elle avait essayé. Elle avait toujours eu de la chance, un talent bizarre pour se sortir de toutes les situations de merde que le monde lui lançait - c'était bien pour ça qu'elle était encore en vie cinq ans après l'apocalypse... Mais il avait semblé que cette fois, sa chance était arrivée à bout.
Pourchassée par la horde, continuant de crier pour les attirer loin de Doux, elle s'était enfoncée dans les rues de ce quartier qu'elle connaissait mal, espérant trouver une solution, une idée - un miracle. Passer par les égoûts, passer par les toits, trouver un refuge. Chaque solution potentielle semblait lui échapper des mains. Et les zombies ne la lachaient pas. En fait, il y en avait de plus en plus.
Finalement, consciente qu'elle ne pourrait plus courir très longtemps (elle n'avait jamais été la plus endurante...) elle s'était réfugiée dans une ancienne petite cabanne de jardin, pleine de matériel de jardinage et de vieux outils abbandonnés depuis des années. Elle avait barricadé la porte en faisant tomber une vieille étagère devant. Et elle avait repris son souffle... Chancelante... Entendant, à l'extérieur, les zombies s'agglutiner autour de sa cachette.
Ils étaient nombreux et ils n'étaient pas prêts de repartir. Frappant sur les fenêtres, se pressant contre la porte, faisant vibrer les fins murs de bois.... Ils seraient bientôt à l'intérieur. Ils chercha autour d'elle, mais il n'y avait aucune issue. C'était la fin du voyage... Ils allaient rentrer - et elle allait mourir.
Elle avait cherché dans la poche de sa veste près de son coeur, et en avait sorti son meilleur ami de l'apocalpse, son rat Sebastian. Son petit coeur battait à toute allure. Il était restée avec elle depuis le tout début de la fin du monde, découvert à l'université lors de sa première expédition là-bas. Mais aujourd'hui... Si elle devait y rester, elle voulait que lui, au moins, s'en sorte. Doucement, elle lui fit un petit bisous sur la tête, et chercha un coin où le cacher pour l'instant. Là... Un petit trou dans le plancher de la cabane. Juste assez pour qu'il s'y glisse... Il pourrait sortir. Survivre.
Bonne chance, bonne chance.
En cherchant une arme, histoire de ne pas s'en aller sans se battre, elle avait songé à Doux. Est-ce qu'il allait bien ? Est-ce qu'il avait réussi à filer ? Est-ce qu'il l'attendrait, à leur lieu de rendez-vous, regardant les heures passer sans la voir revenir ? Elle avait songé à leur première rencontre, leurs premiers messages échangés sur le tableau noir de l'unif. Leurs rendez-vous. La fois où il lui avait fait des lasagnes. Leur sortie à vélo loin de la ville pendant que cette dernière se faisait attaquer.
Ils avait eu quelques bonnes années. C'était plus que beaucoup de gens, dans ce monde où ils vivaient.
Attrapant une solide paire de cisailles, elle avait songé à son père. Le premier homme de sa vie... Ses luttes et ses démons, les difficultés qu'il avait traversées, mais aussi son amour, sa sagesse, et toutes les fois où il lui avait manqué depuis sa mort.
On se revoit bientôt, avait-elle songé.
J'arrive. J'arrive.Et l'entrée avait été brisée...
***
Quelque chose n'allait pas.
Sera connaissait bien ses amis. Elle était peut-être connue comme une "solitaire", ici à Silvergate, une survivante sans communaté qui se débrouillait toute seule depuis le début de l'apocalypse... Mais ça ne signifiait pas qu'elle était isolée. Et quand quelque chose clochait avec l'un de ses contacts... elle le remarquait très vite.
Par exemple, Hisirdoux et Cleo. Elle les avait rencontrés très tôt après le début de l'apocalypse, séparément, et elle les avait vite bien appréciés tous les deux. Pendant les années qui avaient suivi, elle avait gardé un oeil sur eux, mine de rien - prenant toujours des nouvelles quand elle les croisait, faisant régulièrement un peu de troc avec eux. Elle avait suivi le début de leur relation entre eux avec un intérêt amusé. Elle avait été heureuse pour eux, en vérité. Dieu savait qu'ils méritaient tous de vivre un peu d'amour, par les temps qui couraient...
Mais depuis plus de deux semaines, elle ne les avait plus vu. Ni lui, ni elle. Pas même au rendez-vous habituel qu'elle avait avec Douxie, pas loin du bar de Vi, où ils se croisaient tous les deux jeudis pour échanger les dernières nouvelles et faire un peu de troc. Un oubli ? Simplement occupés ? Peut-être. Peut-être qu'elle se faisait juste des idées. Mais elle avait un sale sentiment, dans ses tripes, que ce n'était pas le cas... et, plus souvent que nom, ses impressions étaient justes.
Elle avait finalement décidé de cesser d'attendre sur son cul qu'une réponse lui tombe du ciel, et d'aller vérifier elle-même ce qui se passait. Si ce n'était qu'une fausse alerte, et que tout allait bien - et bien ! Sa petite visite de courtoisie ne serait quand même pas perdue. Et s'il y avait vraiment un souci... peut-être que son arrivée ferait la différence.
Elle avait donc enfourché son vieux vélo et s'était mise en route de bon matin, après avoir expliqué à Vi ses intentions. Arrivée devant le vieux magasin de jeux où Douxie avait élu domicile, elle tambourina à la porte - pas trop fort, histoire de ne pas risquer d'attirer un mort vivant affamé.
-"Hey oh... Il y a quelqu'un, là dedans ?" Elle tendit l'oreille. Aucun bruit... Pourtant, il lui semblait voir du mouvement à l'intérieur.
"C'est Sera ! J'vous ai pas vu jeudi, donc je vous apporte quelques provisions..." Sa petite besace, contenant une petite sélection de produits préservés du monde d'avant et quelques pommes de l'arbre de Vi, n'était vraiment qu'une excuse pour justifier sa présence sur place. Doux n'avait pas son pareil pour dénicher des choses utiles en ville, il n'avait probablement pas besoin de ses provisions. Mais c'était mieux que d'arriver les mains vides...