A Elvion, tout le monde ne parlait plus que de la révolte cyborg. Cette crise durait depuis des années, la colère des cyborgs ne semblait pas tarir, une colonie s'était même formée sur une planète lointaine où ces derniers se rassemblaient pour se créer une nouvelle vie... C'étaient des temps étranges pour tout le monde -, y compris - et surtout ! - pour les cyborgs qui restaient loyaux. Et parmi eux, il y avait Trilla.

TRI-2S, que ses collègues appelaient communément Trilla, était l'une des dernières cyborgs à encore travailler dans les forces de l'ordre. Elle avait échappé au virus Animus pendant longtemps - couverte de vêtement de la tête aux pieds pour éviter tout risque de contagion. Elle avait servi fièrement AscoSec, avait combattu ses pairs qui rêvaient de liberté, obéissant sans réfléchir aux ordres des humains et satisfaite par sa position dans le monde.

Mais même porter des gants et garder ses distances n'avait pas pu la protéger indéfiniment. Depuis quelques semaines, des pensées nouvelles naissaient dans sa tête, le genre de pensée que son cerveau artificiel n'aurait pas pu concevoir quelques mois plus tôt. Elle rêvait de ---, de pouvoir, de reconnaissance. Elle avait découvert en elle un nouveau trait : l'ambition. Et elle savait, dans le fond d'elle-même, ce que cela signifiait : elle avait attrapé le virus.

Mais elle refusait d'être comme les autres cyborgs, qui n'étaient bons qu'à geindre et à se révolter contre leurs propres créateurs. Non - Trilla était différente. Elle réfléchissait à sa position dans le monde, et à celle des rebelles, et elle savait très bien où elle préférait se trouver. Elle resterait à sa place. Et elle y forgerait sa propre vie. Elle prouverait sa valeur aux humains, et elle se ferait respecter de tous.

Les rebelles, elle les détestait. Tout ce qu'ils faisaient, c'était ruiner sa réputation par association. Elle avait conscience que si quelqu'un apprenait qu'elle avait le virus, les conséquences seraient lourdes : elle se ferait démonter, peu importait sa loyauté ! Mais elle ne blâmait pas les humains pour cela, rejetant plutôt la faute sur ses frères et sœurs cyborgs. Elle les haïssait sans doute plus que beaucoup d'humains, et elle n'avait vraiment aucune pitié pour eux.

C'est pourquoi ce jour-là, Trilla était particulièrement satisfaite par la mission qu'on lui avait donnée. Quatre cyborgs s'étaient enfuis, l'un deux avait été rattrapé - et à présent, il attendait dans une salle d'interrogatoire qui Trilla vienne lui sortir les vers du nez. Comment avait-il réussi à partir ? Où comptait-il aller ? Et surtout, où étaient les trois autres ?

Ils étaient deux - elle, et un humain - pour mener cette interview. Cet homme, Theon Greyjoy, Trilla ne le connaissait pas vraiment. Il connaissait à priori déjà le suspect, cependant, d'où sa présence sur place. Et Trilla ? On lui avait ordonné d'être là, c'était tout ce qu'il fallait.

Elle alla donc vers lui pour se présenter, sèchement - mais toujours professionnelle. "TRI-2S. Vous pouvez m'appeler Trilla, si c'est plus confortable pour vous." Peu lui importait. Ca ne changeait rien. Ou du moins, c'est ce qu'elle affirmait dans sa tête.

Elle regarda le prisonnier menotté sur sa chaise, à travers un miroir sans tain qui donnait sur la salle d'interrogatoire. Il attendait, l'air anxieux. Le voir aussi nerveux et effrayé emplit Trilla de fierté sadique. Tremble, seulement, ta journée va encore empirer... Elle se força à rester de marbre. "Quelle approche voulez-vous prendre avec lui ?"

Elle aurait volontiers pris les rênes elle-même, mais il était un humain, elle devait bien se plier à ses décisions, pour le moment...