Fin février 2023 La veille au soir, les Veteran's Affairs avait remis à Klaus sa médaille de sobriété d'un an. Ils avaient organisé une cérémonie en grande pompe, et son coach avait fait un petit discours, exprimant sa fierté pour le chemin Klaus, et à quel point celui-ci était un exemple pour les autres. Le jeune brun dont les vingt-six ans approchaient à grands pas avait eu envie de gerber.

Parce qu'il ne la méritait pas, cette médaille. Pas plus que celle des six mois reçue en août dernier. Parce que le 4 juillet, les feux d'artifice avaient réveillé son stress post traumatique. Il s'était trainé jusqu'au centre avec une bouteille fermée à la main, espérant que quelqu'un le convainque de renoncer... Et au lieu de cela, il avait rencontré @Jerome Valeska, un fouteur de merde qui s'était un malin plaisir de siffler son whiskey en sa compagnie, tout en l'encourageant à descendre lui-même une bonne partie de la bouteille. Et depuis, Klaus avait replongé.

Pendant toute la cérémonie, Jerome l'avait fixé de son oeil goguenard, tout heureux qu'était le rouquin de voir à quel point ils se foutaient de la gueule de l'association. Le problème ? Klaus ne se foutait pas de leur gueule - pas volontairement, en tout cas. Au fond de lui, il avait un réel et profond désir de s'en sortir. Mais Jerome le tirait constamment vers le bas, lui montrait la solution de facilité, et il replongeait toujours. Et comment pouvaient-ils l'aider, s'ils ignoraient à quel point il galérait ? Un cercle vicieux abject qui laissait à Klaus un profond dégoût de lui-même.

Et bien sûr, à la fin de l'évènement, Jerome avait décrété une after. Faut bien fêter ta médaille, pas vrai ? avait-il clamé. Et ça avait fini en tournée des bars.

Une tournée des bars coupée court au final, puisqu'entre le premier et le deuxième, Klaus avait dit à son amie à la mauvaise influence :
- Laisse tomber, j'ai la migraine, je vais me coucher. Continue sans moi.
Et sans laisser à poil de carotte l'opportunité de protester, Klaus était rentré chez lui.

Il avait passé une sale nuit, c'était le moins qu'on puisse dire. Réveillé par un cauchemar atroce, il avait tendu la main vers la vodka sur sa table de chevet, avait approché le goulot de sa bouche... Pour finalement, balancer la bouteille contre le mur. Un éclat lui avait entaillé superficiellement la tempe... Et dans son état, Klaus ne s'en était même pas rendu compte. Il avait besoin d'air.

Alors, il était sorti, en pantalon de pyjama violet et torse nu sous sa robe de chambre rose fushia malgré les 11° de cette fin février... L'averse n'avait pas tardé, mais il avait continué son errance, incapable de rentrer chez lui.

Et cette fois, ses pas ne l'avaient pas mené vers le centre. Lorsqu'il avait levé les yeux vers l'enseigne aux néons éteints à cette heure matinale, il avait eu la conviction qu'il était arrivé au bon endroit, comme un pèlerin à la fin de son périple. Il se trouvait devant une... Boutique de tatouages ?

Alors, Klaus s'était mis à toquer doucement à la porte de verre, comme un chiot trempé grattant à la porte.

Fin février 2023 Klaus avait passé une sale nuit, et il avait eu droit à un réveil encore pire. Un cauchemar, encore. Il aurait dû avoir l’habitude, et pourtant, chacun semblait pire que le précédent… Il avait attrappé sa vodka, mais au final, l’odeur avait suffi à l’écoeurer, et il l’avait balancée contre le mur. Et puis il était sorti prendre l’air, en pantalon de pyjama, torse nu sous sa robe de chambre fuschia, ignorant la pluie qui ruisselait sur son visage, accompagnée d’un mince filet de sang là où un éclat de verre lui avait entaillé la tempe.

Il avait erré sans but, pour finalement se retrouver sous une enseigne familière, avec la certitude qu’il était arrivé au bon endroit. Et il avait toqué à la porte de la boutique de tatouages, comme un chiot trempé attendant qu’on le laisse entrer. Et Jinx apparut de l’autre côté de la vitre, déverrouilla le battant. « Klaus ? Que fais-tu ici ? » lui demanda-t-elle, et il ne répondit que par un regard triste. « Viens, entre… ».  Elle l’agrippa doucement par le bras et le guida à l’intérieur. Elle le fit s’installer sur la chaise où elle tatouait d’ordinaire.

Il n’était pas habillé pour la saison, il avait oublié de mettre un t-shirt ou un pull ? Klaus baissa les yeux pour étudier sa dégaine. « Ah. Je suis encore en pyjama… » observa-t-il, comme s’il venait seulement de s’en rendre compte. Jinx, elle, venait de remarquer qu’il saignait. Il s’était passé quoi ? « Je voulais plus boire… » répondit-il sans plus de précisions, les yeux brillants de larmes.

Il la laissa jeter un œil, sans protester tandis qu’elle enfilait ses gants et jetait un œil à sa blessure. Au moins, la blessure n’était pas profonde.
« Mais moi, je suis dans la merde, Jinx, et bien profond… » répondit-il dans un soupir.

Fin février 2023 Une médaille de sobriété d’un an… Et entre deux bars, Klaus avait pété un plomb, et laissé “Jerome Valeska” en plan. Il avait passé une nuit de merde, se réveillant en proie à un affreux cauchemar. La vodka, sur sa table de nuit, l’avait écoeuré au lieu de l’attirer, et il l’avait fracassé contre le mur, avant de se barrer de chez lui sans même fermer la porte, ignorant la pluie qui ruisselait sur son torse nu et le sang qui s’écoulait d’une entaille sur sa tempe causée par un éclat de verre.

C’est jusqu’à la boutique de tatouages que ses pas l’avaient finalement conduits, et il y trouva Jinx. Que faisait-il ici ? Il ne répondit que par un regard triste. Elle l’invita avec douceur à entrer, à s’installer sur la chaise.

Elle releva qu’il n’était pas habillé pour la saison, et il réalisa qu’il était encore en pyjama. Il saignait. Ah, bon ? Il n’avait pas remarqué. La bouteille, sans doute. Il ne voulait plus boire… répondit-il finalement, les yeux brillants de larmes.

Elle étudia l’entaille, dans laquelle aucun éclat de verre ne s’était logé fort heureusement, et observa avec soulagement qu’elle n’était pas profonde. Mais lui, il était dans la merde, et bien profond… Elle le soigna et lui fit un pansement. Méritait-il une telle douceur, une telle gentillesse ? Il avait plutôt l’impression de mériter qu’on l’engueule un bon coup, ouais.

Elle jeta les gants et le matériel souillés, puis lui demanda ce qu’il voulait dire en disant qu’il était dans la merde. Il s’était passé un truc ? Elle voulait l’aider, mais pour ça, il fallait qu’il lui explique, d’accord ? Klaus hocha la tête comme un gosse.

Elle posait une main rassurante sur son bras, lui demanda si quelqu’un lui avait fait du mal. A qui devait-elle botter le cul, hein ?
”C’est moi qui me fais du mal, Jinx…” Il haussa les épaules. “C’est peut-être à moi qu’il faut botter le cul, tiens.”

Il plongea la main dans sa poche, et en sortit un petit objet qu’il abattit dans un tintement métallique sur la table portant les outils près de la chaise.
”Si tu jettes des trucs, tu devrais jeter ça, aussi, tant que tu y es.”
Sa main revint vers lui aussi précipitemment que si la pièce le brûlait, révélant ce qui scintillait à la lumière de la lampe halogène.

Un aveu.