La vie après l'apocalypse, ce n'était jamais de tout repos... mais depuis quelques jours, pour Sera, ça atteignait des sommets.

La veille, ça avait été... de la folie. Plus Sera y repensait, et plus elle avait du mal à acceoter que tout ça était vraiment arrivé. L'assaut des communautés de Silvergate, auquel elle et Vi avaient échappé de peu... L'établissement des plans de contre attaque, et la chasse aux zombies totalement sortie du cul... La bataille dans le musée, et la victoire sur leur leader... Et puis l'arrivée de la masse de zombies sortis de nulle part, et le long combat qui avait suivi... Il était presque difficile de croire qu'elles étaient bel et bien toujours en vie. 3600 occasions de trouver la mort, chacune, et pourtant ! Fallait croire que leur heure n'était pas encore arrivée.

Même avec leur victoire, au musée, il y avait toujours des inquiétudes qui les avaient empêchées de vraiment se réjouir. Elles avaient laissé le bar de Vi sans savoir si elles pourraient y revenir un jour... abandonnant en arrière Zaum le chien, et cet ado venu du Train qui n'avait pas l'âge de participer à l'assaut. Quand elles les avaient laissé en arrière, ça avait semblé être la chose la plus prudente à faire, mais après le scénario avec la vague de Zombies, Sera s'était demandée si ils ne les avaient pas accidentellement condamnés. Difficile, donc, de réellement avoir l'esprit tranquille.

C'était uniquement quand elles étaient finalement retournées dans la maison que Sera commençait déjà à appeller "chez elles" - mais qui n'était en réalité vraiment que "chez Vi" - qu'elles avaient pu être rassurées. Zaum et l'ado s'étaient réfugiés à l'étage durant le passage de la vague de morts vivants. A priori, ils avaient su rester inaperçus... Ciri, la blonde qui avait participé à l'acte de résistance avec elles, les avaient accompagnées jusque là mais était repartie avec le jeune, les laissant toutes seules. A part ça... il y avait pas mal de dommages, mais uniquement du matériel : ce serait remplacable, avec un peu d'huile de coude.

Mais tout ça, ce serait pour le lendemain. Ou le surlendemain. Ou encore après. Là, pour l'instant, Sera avait juste envie de repos. Et à présent, l'étage du bas était sécurisé, et les choses devenaient plus calmes, enfin ! Alors...

Sera se laissa tomber dans le vieux fauteuil du salon. Elle s'étira, et bailla. "Mmh..." Elle regarda Vi, qui, était, probablement, un peu plus préoccupée par l'était du bar, en bas. Sera... ce n'était pas qu'elle s'en moquait, mais disons jusqte qu'elle était un peu plus insouciante, comme personne. "Teetness... Viens te poser près de moi, un peu... On l'a mérité. On est des vraies grosses héroïnes, toutes les deux." Elle avait envie de se serrer contre elle. Plus que ça, peut-être. "T'arrives à croire qu'on est encore en vie ? Merde, c'était de la folie, dehors..."

La blonde n’avait jamais embrassé personne. Au lycée, Vi Bull’s Eye était considérée comme la viking de la classe : on la trouvait canon, mais mieux valait ne pas se mettre à porter de sa crosse. Aucun garçon n’avait jamais eu le courage de tenter se chance. Une situation qui convenait  très bien à la capitaine de l’équipe de hockey qui, à l’époque, n’avait aucun intérêt pour les histoires de coeur.

Les choses n’étaient pas allées en s’arrangeant après la mort de sa soeur, au contraire. Jusque là, Vi avait peut-être été une célibataire endurcie et volontaire, mais elle avait été une adolescente populaire, le genre qui a plein d’amis et sait les entrainer dans des trucs marrants. Mais vivre dans un monde sans Powder n’avait aucun sens, et elle s’était isolée de tous, faisant comprendre aux gens qu’elle ne les ferait pas chier tant qu’ils l’oubliaient, et que ceux qui la dérangeraient se feraient impitoyablement casser la gueule.

Videuse était un métier tout trouvé pour une asociale à tendances violentes, fraichement sortie de juvie et incapable d’avoir une conversation ne serait-ce u’avec sa famille. En tôle, elle n’avait japmais rien voulu avoir à faire avec les gangs, et pas plus avec la “bandes de survivantes” qui s’était constituée après l’évasion.

Et quand elle avait trouvé ce vieux bar, elle avait sérieusement envisagé de vivre en hermite. Mais voilà, l’alcool et l’eau fraîche n’allaient pas la garder en vie éternellement… Sauf si elle faisait du trop. Alors, bon gré mal gré, elle avait rouvert le bar au public, troquant des bouteilles contre tout ce qui pouvait améliorer son quotidien. Après sa soeur, seul Zaun avait su conquérir son coeur… Et soudain, comme par surprise, Sera, cette femme amenée par l’orage comme la fillette issue du Kansas d’après laquelle elle l’avait temporairement surnommée.

Au musée, à peine la bataille contre les hommes de Saunders terminée, une autre menace s’était présentée - bien plus terrible encore. Et pour la première fois, Vi s’était sincèrement demandé si elle allait voir le soleil se lever. Et si ça devait être sa dernière nuit… Elle avait soudain réalisé qu’il y avait un regret qu’elle refusait d’emporter dans la tombe. Alors, elle avait interpellé Sera, et elle l’avait embrassée. En ignorant le sang sur leurs visages, en ignorant la vague qui déferlait, elle l’avait embrassée comme si c’était vraiment le dernier jour de l’humanité. “Oh. Wow.” Wow. C’était le mot. “Oh, balls. Maintenant, je suis prête à en faire du pâté.” Vi avait simplement hoché la tête… Et elle avait chargé dans un cri de guerre, au côté de sa belle.

Transportée par ce sentiment nouveau, brûlantes de détermination, elles avaient lutté comme jamais. Lorsque le chargeur de Vi s’était vidé, lorsque la horde l’avait comprimée trop étroitement pour utiliser sa crosse… Elle les avait cognés de ses mains gantées de kevlar. Encore. Et encore. Et encore. Et finalement… Elles avaient survécu.

Sera l’avait aidée à retirer ses gants HEMA, avait fait un bandage de fortune sur ses mains endolories… Et Vi l’avait soutenue pour compenser son boitillement.

And just like that, le lendemain, elles étaient de retour au bar. L’établissement relativement épargné par l’attaque des mercenaires donnait l’impression que tout n’avait été qu’un rêve délirant… Mais tout ça avait été réel. Et c’était tant mieux car, malgré toutes les merdes de ces derniers jours… Elles s’étaient trouvées. Zaun allait bien, l’ado était reparti avec Ciri, et désormais, elles étaient toutes les deux dans le salon.

Les dégâts n’étaient pas inexistants, bien sûr… Vi les observait d’un regard critique depuis la rembarde de l’escalier. Elles allaient avoir du pain sur la planche. Mais lorsque Sera l’invita à se poser près d’elle, Vi décida qu’elles l’avaient raison. Les sécurités avaient tenu bon, le reste pourrait bien attendre demain. Et en effet, elles l’avaient mérité.

- Des héroïnes…
Vi ne s’était jamais vu comme le good guy de quelque histoire que ce soit, plutôt comme la barbare qui protège les siens et fracasse ce qui ne lui convient pas. Mais cette remarque lui arracha un sourire. Ouais, elles étaient des héroïnes !
- Tu as vu comment je les ai entubés ?! ricana-t-elle en parlant de son petit numéro d'amante trompée totalement ivre.

Vi avait, elle aussi avait très envie de se rapprocher de Sera.
“T’arrives à croire qu’on est encore en vie ? Merde, c’était de la folie, dehors…”
Elle vint s’asseoir sur le large accoudoir du vieux fauteuil de cuir.
- Je sais, Sunshine… Elle enroula un bras autour de Sera. Mais on est là, et on est en sécurité.

Et elles étaient rien que toutes les deux… Le regard de Vi glissa vers les lèvres de Sera tandis qu’elle se souvenait de leur premier baiser.

-"Carrément des héroïnes, ouais." Elle ricana. "J'aurais bien voulu voir leurs têtes. On les a bien eus."

Mais malgré toute cette bravado, elle se souvenait aussi de la peur, de l'incertitude. Ils avaient tous eu de la chance de survivre, mais ce n'était pas passé loin. C'était presque un miracle, qu'il y ai eu "aussi peu" de victimes, au final...

Mais quand Vi s'approcha, et passa un bras autour d'elle, son anxiété sembla s'en aller. Elle se serra contre elle, trouvant du réconfort dans la chaleur de son corps, la force de son bras. Elle l'appelait Sunshine. C'était si mignon que ça la fit sourire et que son coeur palpita.

-"Je sais... Avec toi, je sais." Elle se redressa un peu, à genoux sur le fauteuil pour que son visage arrive à la hauteur de celui de Vi, et elle la regarda en souriant. "Et puis, il n'y a pas eu que du mauvais, hein ?"

Elles s'étaient embrassées. Dans la tête de Sera, c'était presque comme elles n'avaient gagné que grâce à ce baiser qui leur avait donné des ailes. Bien sûr, ça faisait longtemps qu'elle avait eu un crush sur Vi - depuis qu'elle l'avait rencotnrée, pour être honnête. Elle était fun, et sympa, et si forte, et si sexy. Mais même après avoir commencé à passer de plus en plus de temps chez elle, même après s'être rapprochée d'elle au point de la décrire comme "sa meilleure amie", elle n'avait pas réellement cru avoir une chance.

-"Quand les zombies ont attaqué, au musée... C'était juste à cause de l'action ? Ou alors... c'était plus sérieux ?"

Elle ne voulait pas ruiner les choses, ou se faire de fausses idées.