Une assemblée de fous

Cornélia voulait rentrer chez elle. C’était une idée fixe qu’elle n’essayait même pas de dissimuler. Quiconque lui avait parlé une fois, au détour d’un couloir ou simplement en venant la voir, savait qu’elle était bien décidé à se casser de ce monde pour aller directement à la maison ! Sa sœur lui manquait, malgré tout. Elle avait passé une partie de sa vie à dire qu’elle n’aimait pas Liliann… et une autre partie à dire qu’elle était une de ses raisons de vivre et de se battre. Bien sûr, les autres gardiennes lui manquaient aussi… mais sa petite sœur était une absence plus cuisante que ce qu’elle n’aimerait l’avouer. Bref. En sortant d’une énième rendez-vous avec une femme censé l’aider à s’habituer à cette nouvelle vie –ce qui n’arrive pas- elle avait entendu parlé d’un groupe de parole / d’aide / de désireux de rentrer chez soi. Et ça lui allait très bien. La première fois, elle était venue par curiosité mais personne n’avait trouvé de véritable solution à leur épineux problème.

C’était donc la seconde réunion qu’elle se tapait.

On avait parlé de plein de choses diverses et variés. L’histoire de son monde qui avait été détruit la fit glousser. Comme si Kandrakar avait laissé faire ça. Ils ont pu donner ses pouvoirs à une autre, ou les mêmes qu’elle, mais ils n’auraient jamais laissé le monde sombrer. Ni Elyon –qu’elle ignore alors être ici avec elle-. Il ne fallait pas pousser mémé dans les orties pour leur hypothèse. Elle, la seule chose qui l’importe, c’est comment se casser.

Elle était habillée sobrement mais élégamment. Elle avait l’impression d’être dans un diner de plouc qui n’avait pas décidé de faire d’effort. Bon. C’était décidé, elle ne reviendrait plus. Alors qu’elle allait faire la réflexion que tout ça c’était bien de la grosse connerie, l’atmosphère changeant et elle sentit remonté une alerte dans sa tête. Comment ça « nous en prendre » ? Sa magie était certes puissante mais il était hors de question qu’elle l’utilise pour autre chose que pour elle-même. Et encore moins pour attaquer qui que ce soit. Elle regarde autour d’elle et tombe son regard sur un garçon aux cheveux en bataille qui semble aussi désarçonné que lui. Elle finit par lever la main avant de se lever, faisant bouger ses cheveux et laissant une agréable odeur de fleur autour d’elle.

- Pourquoi exactement devrions-nous les attaquer ?
- Pour leur montrer qu’on ne déconne pas ! On veut les réponses, si on ne frappe pas à un grand coup, ils vont continuer de croire pouvoir nous mentir et nous garder ici !

Cornélia était pratiquement sur que si les personnes qui « gardaient le secret » savaient les abrutis qu’ils se coltinaient, ils leur donneraient volontiers les clés pour repartir. Alors que les gens commencèrent à parler de kidnapping et de séquestration –pardon, quoi ?- elle posa le regard sur l’homme à ses côtés.

- On est d’accord qu’ils racontent de la merde ?

Non pas que cela soit une vraie question. Les hommes et les femmes dans cette pièce était en train de mettre en place des kidnapping et des vols en même temps pour pouvoir trouver une solution miracle à leur problème… pas du tout malaisant cette histoire.

Une assemblée de fous

Cornélia n’aimait pas les abrutis… et elle en avait un agglomérat juste devant elle. Ils semblaient ne pas comprendre que s’ils ne voulaient pas être ici, c’était le même cas pour les habitants de cet univers qui n’avaient certainement pas envie de se prendre les cons de tous les univers parallèles dans la tronche. Elle savait pouvoir faire pousser des plantes, et des millions, mais rien ne pourrait rendre un cerveau à quelqu’un qui en était, de toutes évidences, démunis. C’était pour ça qu’elle avait demandé confirmation à l’assemblée sur leur idiote utopie que le monde serait plus beau en faisant des choses illégales pour y parvenir. Elle avait trouvé un homme, dans ce groupe de con, qui semblait tout aussi désabusé qu’elle.

Il pensait trop, remarqua-t-elle alors qu’il semblait agacé pour une raison qu’elle ignore. Comment aurait-elle pu savoir qu’elle venait de le couper dans son effet ? Quand elle parlait, elle savait se faire écouter et elle ne réfléchissait pas plus à dire ce qu’elle pense qu’à faire mouche. Les personnes concernées se sentaient mal, les autres passaient outre. Elle l’observe et hoche la tête face à l’analyse de l’homme, tout de même. Oui, elle est d’accord. Ils veulent repartir dans leur monde, mais elle mettrait en pari ses ailes que les autres voulaient aussi la voir déguerpir une bonne foi pour toute.

- On doit leur montrer qu’on ne rigole pas, répondit le chef de leur bande sans même faire cas des paroles de l’inconnue.

Cornélia fronça les sourcils en observant autour d’elle. Tous semblait être d’accord et ne pas voir le problème. Elle avait envie de tourner les talons et de partir en courant pour les laisser dans leur merde… mais elle pense aux possibles victimes et ne bougent pas. Elle fit une moue mécontente.

- J’imagine, souffla-t-elle à son camarade de galère à côté d’elle, que tu n’as pas le numéro d’un policier pour lui balancer le tout dans la plus grande discrétion pour qu’on se taille ?

Non… C’était trop simple.

- Nous allons faire un coup, ce soir même ! Il y a un bal caritative et cette enfant sera présente, fit l’homme en montrant le visage d’une gamine de quinze ans à la peau lisse et aux yeux vairons. C’est la fille d’un des hommes qui gère le gouvernement. On passe par l’intérieur des égouts, on l’attrape et on pourra donner nos premières revendications. Pendant qu’ils s’occuperont d’elle, ils ne penseront pas que nous continueront ailleurs et nous gagneront en un tour de main.

Ce soir ? Il était sérieux lui ? Elle n’était pas venue pour ça. Elle se rembrunit un peu plus dans sa chaise avant de lâcher un juron digne d’Irma. Elle ne pouvait pas laisser faire ça. Mais que faire ? Les ligoter de lianes jusqu’à les étouffer ? Ce n’était pas mieux que leur idée… et en plus, elle avait déjà eu un souci avec la police dernièrement, elle n’en avait pas envie de plus… même si elle aurait été en droit de le faire, là aussi, pour le bien et la justice mais c’était un autre débat.

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Elle fit une moue mécontente. Oui. Si elle peut éviter les hommes, et les femmes, qui font la justice de ce nouveau monde, elle l’éviterait. Elle avait besoin de ça. La police ne pouvait pas venir dans ses affaires, parce qu’elle serait mécontente de les avoir. Elle pince ses lèvres rapidement, les mordant à peine mais sans défaire son beau rouge à lèvres. Cornélia observe l’homme à côté d’elle. Il était mignon. Cela avait un certain charme un homme qui veut tout faire soit même. Bien qu’elle ne soit pas intéressée par une rencontre pour le moment, elle s’en fait la réflexion. Elle se fait la réflexion qu’elle n’a aucune envie de se mêler à ce problème… elle serait bien ailleurs, mais quand le beau gosse lui propose d’être de la partie, elle fait le pour ou le contre rapidement. Ouais… elle pouvait faire ça.

- J’y pense, souffle-t-elle alors que l’homme n’attendit même pas sa réponse.

Alors qu’elle restait immobile, elle réfléchit posément avant de décider de se lever d’un mouvement ample. De la main, elle modifia le sol pour pouvoir avancer plus vite. Elle rejoint l’homme, volant plus que ce qu’elle ne marchait en réalité. Elle était une gardienne et elle avait la délicatesse et la grâce. Elle le rejoint et le regarde en l’analysant simplement.

- On se rejoint, mais il nous faudra un plan, qu’elle chuchote en passant à côté de lui pour le regarder avec plus d’attention. Et pas question que l’on passe par les égouts. On peut passer par la grande porte.

Elle réfléchit doucement et finit par sourire… On lui devait déjà un service alors qu’elle venait d’arriver. C’est ce qui arrive quand on ne se mêle que peu de ce qui la concerne. Elle aimait bien aider les gens, tout ça… mais l’idée de passer par les égouts la dégoute. Elle finit par se mettre devant l’homme, le jugeant toujours.

- Je suis Cornélia. By the way.

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Cornélia comprit alors le plan de l’homme. Elle n’a pas suivi. L’homme ne veut pas empêcher le kidnapping, il veut l’arrêter une fois qu’il sera effectif… mais ce n’est pas bien. C’est toujours un stress pour une jeune fille de se retrouver démuni face à des connards… Surtout quand on la menace. Elle n’aime pas trop penser aux autres, elle préfère être égoïste et ne penser qu’à elle… mais, elle n’arrive pas à s’enlever de l’esprit que la gamine sera définitivement atteinte par cette évènement. Elle sera marquée à jamais par l’idée d’autres personnes qui, plus puissante ou forte qu’elle, peut la manipuler et lui faire du mal. Elle ne peut pas laisser ça. Elle refuse que ça n’arrive. Donc, attendre qu’ils sortent des égouts… ce n’est pas assez bien pour Cornélia. Et elle le fait comprendre par le regard noir qu’elle jette à l’inconnu. Enfin, à Chad. Elle l’observe.

- On ne peut pas attendre qu’ils sortent. Il faut qu’on aille directement les empêcher et sauver cette petite.

Elle a un frisson. Rien que d’imaginer ça… Non. Elle ne pouvait pas laisser faire. Elle a une petite sœur dans son monde. Une petite sœur qu’elle dit détester, mais qu’elle aime en réalité. Elle adore sa petite sœur qui est devenu une princesse digne de la famille. Elle est devenue comme on l’attend d’une personne avec une famille comme la sienne. Elle le regarde. Elle penche la tête.

- C’est quoi ton pouvoir ? On peut trouver un plan bien meilleur en liant nos capacités… Enfin, tant que la police ne l’apprend pas, ils ont l’habitude de me causer des problèmes.

Une assemblée de fous

- Je propose, fait-elle en posant ses deux mains sur ses hanches, que l’on rentre dans l’évènement et que l’on protège la jeune fille, nous-même. Comme ça, quand les parents remarqueront que nous sommes des personnes puissantes et efficaces, ils nous donneront une solution pour repartir chez nous.

Elle veut repartir chez elle. Elle le doit. Il faut qu’elle retrouve ses amies, les gardiennes ainsi que sa meilleure amie, qu’elle ignore se trouver ici déjà. Elle a besoin de sa vie de l’autre côté de ce monde. Sa vie qui est riche, pleine de compétition et de réputation. C’est aussi pour ça qu’elle se permet de lui demander ses pouvoirs. Il faut qu’elle l’apprenne pour pouvoir faire un plan. Il peut invoquer des monstres ? Elle ne comprend pas son histoire de carte, mais elle imagine que ça un rapport avec son univers, à lui.

- Ils peuvent se battre ? s’enquit-elle avant de le regarder et lui lancer un regard assassin. La police considère que si je frappe un homme dans les parties sensibles alors qu’il agresse une autre personne, c’est de ma faute.

Elle se renfrogne. Elle a déjà du expliquer plus d’une fois ses problèmes avec la police. Ce n’est pas sa faute. Elle est innocente. Elle a vue quelqu’un se faire frapper, et elle a répondu en protégeant la victime d’une racine qui a émasculé l’agresseur. Elle fait une moue avant de lui prendre la main et de la tirer dans un coin. Oui. Elle lui a pris la main et le tire jusqu’à observer derrière elle.

- Je contrôle la terre.

Et elle lui montre. Une lumière verte sort de ses doigts alors qu’elle les fait bouger. Une racine sort de terre et vient entourer sa main avant que des petites fleurs se mettent à grandir sur le bois. Les épines aussi grandissent et elle les laisse partir telle des flèches dans le mur.

- Je peux faire plein d’autre chose, mais étrangler ou frapper les gens avec des racines, c’est vraiment le plus rapide et efficace, rigole-t-elle doucement.