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@Noctis Lucis Caelum

La nuit est tombée depuis un long moment, et Elyon est toujours dans la cuisine. La vaisselle du soir est faite, toutes les assiettes sont essuyées et rangées sur leurs étagères. Les verres brillent et sont empilés sur le bord du comptoir, prêts pour la journée du lendemain. L’endroit est tout simplement sans tâches, après qu’elle ait tout frotté et récuré, comme tous les jours. La jeune femme considère la cuisine comme étant son domaine, et elle est heureuse de pouvoir y passer du temps. Ses rêveries du jour l’emmènent toujours très loin pendant qu’elle effectue de manière très machinale, presque mécanique, les diverses tâches qui lui sont allouées. De la préparation des ingrédients, jusqu’au nettoyage, elle passe la plupart de son temps perdues dans des rêveries dignes d’une ancienne lectrice.

Parfois, la jeune femme s’envole dans ses pensées, jusqu’à un monde où elle devient une chasseuse de dragons. Une chevalière forte et sûre d’elle-même, menant une armée jusqu’au repère de la vile créature. La bataille est alors sanglante, mais l’armée réussit à venir à bout du dragon, qui s’effondre sous les hurlements de joie. Une autre fois, elle est une fée qui virevolte dans la forêt, s’occupant des plantes et de la forêt. Encore une autre fois, ses rêveries sont plus proches de la réalité. Elle repense à certains évènements de son passé qu’elle pourrait clairement changer si jamais elle en avait l’occasion. Comme cette fois où elle a été vilaine avec sa grand-mère, quelques semaines avant qu’un cancer lui soit diagnostiqué. Elyon aurait aimé garder son calme, ne pas se mettre à crier mais... L’adolescence et les hormones en folie ont eu raison de sa patience alors que sa grand-mère tentait de lui faire avouer si elle avait un petit ami... Bref. Il y a ces choses qu’elle regrette et qu’elle aimerait pouvoir changer. Et puis, l’absence de nouvelles lectures est aussi un point important dans sa vie. L’absence de lecture tout court.

Ce soir-là, elle est perdue dans ses pensées, comme toujours ou presque, regrettant vraiment de ne pas avoir de livre sous la main. Elle n’a pas pu lire une ligne depuis que les zombies ont attaqué. Pas une seule. Pour quelqu’un comme elle qui lisait au moins un livre tous les deux jours, c’est vraiment difficile à vivre. La lecture était sa passion, une passion qu’elle partageait avec ses followers sur instagram et tiktok. Parfois, elle avait l’impression que sa véritable vie était là, sur internet où elle pouvait être elle même et où elle pouvait s’épanouir. Les quelques haters qu’elle pouvait avoir étaient mis dehors par une Cornelia survoltée et Elyon pouvait juste profiter de son petit cocon de bonheur. Mais, tous les cocons finissent par exploser. Le sien a volé en éclat à cause d’une apocalypse zombie. Bref.

Elle finit par étendre son chiffon sur le bord de l’évier, afin qu’il soit parfaitement sec pour le lendemain, et elle quitte la cuisine. Il est temps d’aller dormir et de profiter de quelques heures de repos avant qu’une nouvelle journée ne commence. Cependant, Elyon apprécie le calme de la nuit, même si alors qu’elle marche dans le musée désert, elle a toujours cette peur de tomber sur un zombie qui aurait trouvé le moyen de rentrer à l’intérieur du bâtiment d’une manière ou d’une autre. La nuit il y a bien moins de monde et pour l’introvertie qui n’apprécie pas réellement de sociabiliser avec les autres, devoir interagir sans arrêt avec des gens est épuisant. La nuit, quand il n’y a personne, elle respire enfin.

Alors, lorsqu’une silhouette apparait dans son champ de vision, la jeune femme fait un bond sur le côté en portant ses deux mains à sa bouche pour ne pas crier et réveiller tout le monde. Elle glisse sur le sol et se retrouve les fesses par terre avec une expression surprise alors que l’ombre s’approche d’elle. Un zombie s’est introduit ici ? Est ce qu’elle doit se mettre à hurler ? Et puis, la pâle lueur de la lune éclaire l’homme et Elyon reste figée jusqu’à ce qu’elle réalise qu’il ne s’agit pas d’un zombie. Non. C’est bien pire que cela. Il s’agit du gars sur lequel elle avait un crush au lycée, et qu’elle a tendance à éviter depuis car elle se liquéfie à chaque fois qu’elle le croise. Le crush n’est visiblement jamais passé et elle n’a aucune idée de quoi dire. Est ce qu’il va se rappeler la fois où elle est partie en courant de la salle de classe après lui avoir prêté un crayon ? Elyon croit bien, en cet instant, qu’elle aurait préféré le zombie.

Juin 2024, feat. @Elyon Brown

Noctis trouvait rarement le sommeil. Depuis l’attaque de Sanders, il était sur le qui-vive, parfaitement incapable de relâcher son esprit. Il n’était donc pas rare qu’il s’occupe d’une partie des gardes de nuit. Le musée n’était plus jamais laissé sans surveillance, et généralement, Luisa ou Noctis se trouvaient toujours réveillés en cas de problèmes. Prêts à agir, quoi qu’il arrive. Ils étaient devenus de bons partenaires de travail, au fond, même si Noctis faisait de son mieux pour ne pas prendre trop de place. Luisa avait du mal à se sentir légitime, et il n’était pas question pour lui qu’il accentue cette situation en lui donnant l’impression qu’il gérerait mieux l’affaire qu’elle : c’était faux, en plus. Noctis pouvait être dévoué et plein de bonne volonté, mais il pouvait également se montrer paresseux et arrogant quand la situation exigerait le contraire

Il arpentait les allées du musée avec, comme souvent, son fleuret accroché à la ceinture. Une arme un peu fine, mais affûtée, elle pouvait faire quelques dégâts, ou au moins, crever un oeil, ce qui était toujours pas mal en situation d’urgence. Pendant qu’il marchait dans l’obscurité, le jeune homme laissait ses pensées voyager un peu, vers son père, qu’il n’avait pas vu depuis avant l’apocalypse, vers ses amis, dont il avait perdu la trace, et vers ces moments de calme alors qu’il pêchait, avant que le monde ne parte en vrille. Il adorait la pêche, mais il n’avait pas pu la pratiquer depuis plusieurs années maintenant. Ca lui manquait, souvent. Mais Noctis se refusait à quitter le musée quelques jours pour marcher jusqu’au lac le plus proche. Il lui faudrait s’absenter trop longtemps.

Soudain, il perçut un mouvement dans son champ de vision qui le fit quitter ses pensées, et posa la main sur la garde de son fleuret, les muscles tendus et prêts à bondir en cas de nécessité. La silhouette chuta, et Noctis fronça légèrement les sourcils.

- Qui est là ?

Demanda-t-il, sans parler trop fort pour ne pas réveiller autrui. Il fit quelques pas dans la direction de la mystérieuse personne, et tenta d’y deviner un visage parmi les ténèbres.

- Elyon ?

Il ne la voyait pas souvent, mais ils avaient été à l’école ensemble, lui permettant donc de reconnaître son visage. En tout cas, que cet air lui ait l’air familier.

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@Noctis Lucis Caelum

La nuit est donc tombée depuis un sacré moment, et Elyon pensait sincèrement qu’elle serait seule dans les couloirs en revenant. C’est donc pour ça qu’elle a laissé son esprit disparaitre dans des pensées qui l’amènent loin, très loin de l’endroit actuel. Elle n’est pas faite pour vivre dans cet endroit. Elle n’est pas faite pour être coincée dans un musée au milieu d’une apocalypse zombie. Au contraire, même. La jeune femme n’aurait probablement pas dû survivre. Ni à l’apocalypse, ni à l’attaque de Sander, ni à rien de tout ça. Elle a eu de la chance. Beaucoup trop de chance pour son propre bien.

Quoi qu’il en soit, son esprit est en pleine dérive lorsque quelqu’un apparait dans son champ de vision et lui fait faire un véritable bond en arrière. Les deux mains sur sa bouche pour s’empêcher de cirer elle n’est tout simplement pas capable de répondre à la question de Noctis lorsqu’elle réalise que ce n’est pas un zombie, mais le gars sur qui elle a un crush depuis bien trop longtemps. Ce n’est qu’un crush idiot, qui aurait probablement dû mourir dans l’œuf au profit du prochain. Un crush d’adolescente qui n’avait rien d’autre à faire que de s’imaginer des trucs idiots.

Et, à ses yeux, faire face à Noctis, c’est probablement pire que de faire face à un zombie. Au moins, le zombie, elle sait ce qu’il veut : son cerveau. Noctis… Il est grand. Impressionnant. Et il lui donne l’envie de se glisser dans un trou de souris et de disparaitre. Moui, qu’elle répond d’une toute petite voix lorsque le garde prononce son nom. Elle l’observe avec de grands yeux, ses bras refermés autour de son torse dans une posture clairement défensive. Parce que Noctis a sa main sur son épée et qu’elle ne veut pas qu’il la découpe. J’étais en train de nettoyer la cuisine, qu’elle dit de sa toute petite voix, en reculant d’un pas. Ne me découpe pas s’il te plait je suis pas un zombie, qu’elle ajoute en parlant si vite qu’elle avale une partie des mots.

Juin 2024, feat. @Elyon Brown

Le Musée était plongé dans le silence de la nuit. La majorité des gens étaient en train de dormir, et s’ils ne dormaient pas, ils étaient dans leur lit à faire semblant. Quelques protecteurs, comme Noctis, demeuraient debout pour surveiller l’extérieur ou l’intérieur. Et au fond, c’était bien comme ça. Quelques moments de tranquillité absolue, où les enfants ne couraient pas partout, où il ne fallait pas gérer les classes. Noctis n’avait pas de souci avec les jeunes, mais ce n’était clairement pas son domaine.

Face à lui, la silhouette d’Elyon se dessinait, les bras croisés, dans une posture recroquevillée. Noctis n’avait nulle intention de lui faire peur, et encore moins de lui faire mal. Il la connaissait depuis longtemps, même s’ils n’avaient jamais vraiment été proches. Il ne s’approchait pas de grand monde, en réalité. La voix fluette de la demoiselle trahissait sa peur et sa nervosité. Noctis relâcha sa prise sur la garde de son fleuret.

- Je n’ai pas l’intention de te découper… Désolé de t’avoir fait peur.

Le jeune homme aux cheveux ébènes était certes assez agressif envers les ennemis de la communauté, mais il se montrait relativement à l’écoute de ceux qui vivaient entre leurs murs. Il passait à proximité de la cuisine, essentiellement parce qu’on n’était jamais trop prudent : ce serait une excellente cachette si on souhaitait éliminer des membres de la communauté discrètement.

- Tu n’as pas sommeil ? La cuisine aurait pu attendre demain…

Peut-être subissait-elle une insomnie, ou bien les gens qui travaillaient aux cuisines avaient-ils décidé de faire cette tâche la nuit, il n’en savait trop rien. Il connaissait tout le planning de sécurité, mais pas toujours celui des autres.

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@Noctis Lucis Caelum

Elle a réellement eu peur en tombant sur Noctis à la sortie de la cuisine. Déjà que l’endroit n’est pas forcément rassurant à la nuit tombée. Certaines oeuvres d’art toujours en place forment des ombres étranges sur le sol et les murs, et donnent à la jeune femme l’impression que quelqu’un est caché là, prêt à lui tomber dessus. Alors, tomber sur une personne qui l’interpelle réellement lui donne simplement l’impression que son estomac s’est transformé en glace. Les filins de peur s’insinuent en elle et la rongent de part en part, comme si l’homme allait lui tomber dessus. Homme qui savère être Noctis, son ancien crush d’un temps depuis longtemps révolu. Crush qu’elle a toujours l’impression d’avoir de temps en temps, même si clairement, dans cet étrange monde, elle ne devrait pas avoir le temps pour des choses aussi frivoles.

Mais, on parle d’Elyon. Elyon qui passe son temps la tête dans les nuages à essayer de vivre dans des mondes emplis de magie et de dragon, loin, très loin de ce qu’il se passe réellement en ce bas monde. Les zombies, très peu pour elle. Par contre, envoyez lui un prince féérique sur un cheval ailé et elle sera aux anges. Cependant, ni féérie ni cheval ailé ce soir. Seulement un prince qui semble un peu fâché de la voir hors de sa chambre en plein milieu de la nuit.

Très franchement, elle aurait préféré le zombie, en cet instant.

Elle demande donc à Noctis de ne pas la découper avec son arme, et elle l’observe avec une peur certaine dans le regard. Peur qui ne disparait pas totalement lorsque celui-ci lui dit qu’il ne va pas la découper et qu’il est désolé de lui avoir fait peur. Après une seconde d’hésitation, elle hoche simplement la tête. Ce n’est rien, qu’elle répond. Il ne faisait que son travail, n’est ce pas ?

Il lui demande alors si elle n’a pas sommeil, car la cuisine aurait pu attendre demain. Pas quand on travaille sous la tutelle du Chef Lin, qu’elle répond avec un petit rire. Plus sérieusement, c’est plus pratique de nettoyer la cuisine quand on ne l’utilise pas. La journée il y a toujours quelque chose d’autre à faire, qu’elle explique, avant d’ajouter, pour répondre à sa question sur le sommeil : J’ai toujours du mal à m’endormir depuis... Depuis l’apocalypse. Elle ne finit pas sa phrase. Il y a toujours une petite part d’elle qui est dans le déni. L’idée qu’elle ne reverra plus jamais sa famille lui fait toujours aussi mal. Ses parents sont devenus des zombies. Il n’y a pas d’espoir pour eux... Le bruit des voitures qui passaient derrière ma maison me manque. Tous les bruits normaux, en fait. C’est trop ... silencieux. Calme. Vide., qu’elle ajoute.