Se réveiller au matin... C'était un calvaire, pour Hay Lin, même après des années de vie dans la communauté du musée. Chaque jour, c'était la même routine - son père qui se réveillait à pas d'heures et qui la sortait du lit, elle qui râlait et qui se cachait sous ses draps avant de finalement sortir avec l'air mal réveillé et les cheveux en pagaille... La vérité, c'est qu'elle n'était pas faite pour se lever tôt - que dans un monde idéal, elle aurait passé ses matinées dans un lit bien confortable, à somnoler autant qu'elle voulait, quite à devoir travailler plus longtemps au soir pour compenser.

Mais ni ses parents, ni la dirigeante du musée, ne l'entendaient pas de cette oreille. Hay Lin avait ses responsabilités à tenir dans les cuisines du musée. La vie dans leur groupe de survivants ne pouvait fonctionner que si chacun faisait sa part... Et si ça voulait dire se forcer hors de son lit chaque matin, et bien, il fallait bien faire avec.

Les activités dans les cuisines pouvaient changer, chaque jour - depuis "préparer les légumes" jusqu'à "nettoyer les assiettes" en passant par "couper les carottes en cubes". Dans leur ancienne vie, les parents Lin avaient été restaurateurs, et ils avaient tout naturellement pris les rennes, quand ils étaient arrivés dans la communauté : leur fille se contentait de suivre leurs instructions.

Et ce matin, elle était de corvée patates. Et à voir la quantité qu'il y en avait, ils en auraient assez pour une semaine. Elle étouffa un bâillement en voyant cette énorme pile de pomme de terres à éplucher, songeant qu'elle aurait vraiment mieux fait de rester au lit... Tout en s'efforçant de rester optimiste, en se disant qu'au moins, elle n'aurait pas à faire tout ça toute seule.

Et justement, son amie Elyon arrivait, prête à bosser malgré l'heure matinale, elle aussi.

-"Salut, Elyon..." Elle pointa la tête depuis l'arrière du tas de patates, souriante, les yeux encore ensommeillés. Elle lui tendit l'économe qu'elle avait attrapé en arrivant. "C'est moi qui l'ai ! Prends-le, je préfère utiliser un couteau."

Elle s'installa sur une chaise, près de la table.

-"Urghh... Au moins, ça ira plus vite à deux..." Elle fit un petit sourire et, à voix plus basses, ajouta sur le ton de la plaisanterie... "On devrait dire à ceux qui bossent aux serres de relâcher un peu le rythme. Qu'ils nous laissent dormir !"

Et elle attrapa la première patate, prenant un air solennel. "Sire Patate, vous êtes sur le point de vous faire éplucher. Ne résistez pas." Se mettant à la tâche, elle jeta un coup d'oeil à sa copine. "Tu as passé une bonne nuit ?"