ft. @Astarion Ancunín

La chasse et la garde occupaient la plupart du temps de Zoey. Et depuis l’attaque de Sanders, elle devait admettre que la garde, qui avait autrefois été son refuge, ne lui plaisait plus tant que cela. Problème ? Elle détestait toujours autant tuer des animaux. Elle ne l’avait jamais fait que parce que cela permettait à son chat de chasser des rongeurs, lui donnant une utilité pour la communauté et lui permettant de ne pas finir à la casserole. Si MiniMew n’était plus utile… Et bien il serait utile en temps que repas ! Et ça, il n’était pas question qu’elle laisse cela arriver ! Elle veillait donc sur son chat et se faisait violence pour chasser de petits animaux, rongeurs ou autres avec le chat au pelage noir.

Elle errait dans la communauté, son chat sur ses talons, à la recherche de visages familiers. Beaucoup s’étaient repliés sur eux-mêmes, depuis Sanders. Elle avait toujours eu l’art de se faire remarquer, à cause de MiniMew, qui avait failli se faire manger un tas de fois. Zoey avait toujours lutté pour le garder en vie. Cela ne plaisait pas forcément à tout le monde, mais pour l’instant, tout le monde semblait habitué à la présence du chat. Généralement, il suivait sa maîtresse, sans se faire prier. Cette fois, la rouquine se retrouvait dans le wagon bar, où elle espérait bien manger quelque chose. Elle savait qu’elle travaillait dur pour que les assiettes soient de temps à autres remplies de viandes. Et cela la dérangeait moins de la manger une fois cuite que de tuer les animaux, bizarrement.  Elle s'était remise de sa blessure, depuis le temps. Lorsqu’on lui avait tiré dans l’épaule, pendant l’attaque de Sanders, rien d’autre n’avait compté que de sortir du Musée avec Light. Il lui avait fallu un certain temps avant que la blessure ne cicatrise.

La demoiselle avait pris son repas du jour, et s’était installée là où il y avait de la place. Elle n’avait pas forcément fait attention à qui se trouvait là. Son chat, lui, s’était assis derrière elle en la fixant, se demandant quand sa portion de nourriture lui serait donnée. Comme s’il ne le savait pas !

- Tu auras ta part à la fin du repas !

Lui rappela-t-elle avec un sourire amusé. C’était une des contraintes que le chat lui imposait, elle devait lui donner un peu de son propre repas. Cela n’était pas un souci pour elle, bien qu’elle ait parfois très faim et très envie de finir son assiette. Mais elle préférait cela à les laisser tuer son félin pour le manger. Zoey se tourna ensuite vers la table, et regarda les gens qui se trouvaient autour d’elle. Parmi eux, il y avait Astarion, ce gars qu’elle avait rencontré un an plus tôt et qu’elle avait présenté à la Communauté. Elle lui sourit avec entrain, néanmoins.

- Oh, bonjour Astarion. Comment tu vas ?

Elle ne savait jamais vraiment ce qu’il faisait pour s’occuper dans la communauté, puisqu’elle passait beaucoup de son temps dehors ou près de l’enceinte. Forcément, elle ne savait pas forcément tout ce qu’il se passait à l’intérieur.

La rouquine n’avait jamais apprécié chasser, mais elle n’avait pas le choix. C’était pour la survie de MiniMew, pour qu’il ne termine pas dans l’assiette de la communauté. Alors, elle faisait de son mieux. De toute façon, en ce moment, la garde ne lui convenait pas plus. L’attaque de Sanders lui avait fait réaliser à quel point les autres humains pouvaient être autant un danger que les zombies, et elle avait peur de ne pas pouvoir réagir si une attaque avait lieu pendant son tour. Le chat, lui, restait généralement aux côtés de Zoey. Il avait bien compris qu’un tas de gens ici voudraient faire de lui leur quatre heures, alors il préférait demeurer à l’abri derrière sa propriétaire, qui était toujours prête à montrer les crocs pour le protéger de l’estomac de ses camarades.

Elle ne s’attendait pas forcément à ce qu’Astarion lui parle aussi frontalement des résultats des chasses. Hé, ils faisaient de leur mieux ! Les yeux de la rouquine s’arrondirent sous la surprise de cette attaque plutôt directe, il fallait l’admettre.

- On n’y peut rien, la forêt se vide de ses ressources, c’est normal, depuis le temps qu’on est là…

La demoiselle ne savait pas trop comment expliquer ça de mille manières. Ils faisaient tout leur possible, voilà tout. Elle prit quelques bouchées dans son assiette, et inclina ensuite légèrement la tête sur le côté.

- C’est ce que je suis en train de faire…

Enfin, s’il parlait bien d’elle. Si ça se trouve, il voulait lui suggérer de faire une pause dans la chasse, mais ça lui semblait insensé, ils n’avaient pas le loisir de ne pas chasser. Heureusement, il y avait quelques cultures dans la communauté qui pouvait subvenir à leurs besoins.

- Où est-ce que tu travailles, en ce moment ?

Elle ne connaissait pas forcément l’organisation interne, étant donné que ses deux postes étaient en lien avec l'extérieur. Et puis, c’était l’occasion de discuter un peu avec lui. Ce n’était pas plus mal.

Zoey ne s’attendait pas à ce qu’Astarion s’approche d’elle. Instinctivement, elle se recula légèrement. Elle n’avait jamais été physiquement très proche de grand monde, en fait, ça la mettait mal à l’aise. Mais il n’y avait pas que ça, parce qu’Astarion n’était pas si proche que ça. Il y avait aussi l’intensité de ses mots et de son regard, qui ne faisaient qu’appuyer ce sentiment. Elle était vite mal à l’aise, il fallait l’admettre. Zoey était quelqu’un de très expressif, c’était sans doute parfois le pire, puisqu’on pouvait aisément lire ses émotions sur son visage. Elle vivait tout à fond, on ne pouvait pas le lui enlever. Le positif, comme le négatif.

- En ville, les autres communauté exploitent déjà la plupart des ressources. Nous ne serions que des arrivistes et nous devrions nous contenter de ce que les autres ont bien voulu nous laisser.

Et ce ne serait sans doute pas grand chose. S’enfoncer dans la forêt était une solution, mais ils ignoraient où ils allaient atterrir, si les zones n’étaient pas trop infestées par les zombies… C’était risqué. Et puis, ils avaient des cultures. Abandonner ce qu’ils avaient construit pendant autant de temps, c’était difficile.

- Qu’est-ce que tu appelles faire une pause, dans ce cas ?

La rouquine ne savait pas vraiment ce qu’elle pourrait faire d’autre. Depuis l’attaque de Sanders, les gardes étaient beaucoup plus sur le qui-vive, et elle en faisait partie. Tout comme la chasse lui prenait le reste de son temps. Zoey n’aimait pas rester sans rien faire… Elle ignorait qu’Astarion avait des talents en couture, mais ce n’était pas une mauvaise chose.

- Oh. Et bien, il y a bien le haut que je portais pendant l’attaque de Sanders… Je ne l’ai pas touché depuis ce jour-là…

D’une part parce qu’il avait un gros trou de balle de fusil au niveau de l’épaule, mais aussi parce qu’il ne lui rappelait pas vraiment de bons souvenirs. L’un plus l’autre, ça ne lui donnait vraiment pas envie, mais ça allait sans doute finir par poser problème, au vu du peu de ressources dont ils disposaient. Elle n’avait pas envie de l’affronter, ce vêtement. Mais il le faudrait bien un jour.

La rouquine avait grandi dans l’apocalypse. Elle n’était qu’à peine dans son adolescence lorsque cela avait commencé, et elle avait terminé de grandir dans un monde en ruines. Aujourd’hui, elle était bien différente que ce qu’elle aurait dû être, c’était un fait, oui. Mais elle n’y pouvait rien. Rencontrer des gens de son âge ? Qui, au milieu de cette forêt ? Il n’y avait que Light dont elle était réellement proche, trop proche, peut-être ? Elle ne savait toujours pas quoi penser de cette situation avec lui, elle n’avait pas osé lui en reparler. Elle ferait sûrement mieux de ne pas le faire, d’ailleurs. Quant aux ennuis, elle s’en était déjà attiré suffisamment.

- Il n’y a que la communauté, dans les environs, tu sais. Et pour les ennuis, j’ai déjà eu mon lot en chasse. Le problème, c’est que dans ce monde-ci, les ennuis, ils peuvent nous coûter la vie.

Ou celle des autres. Zoey n’était pas du genre à reculer devant le danger, mais elle n’était pas non plus du genre à le provoquer. L’évocation de Sanders lui faisait automatiquement perdre l’appétit, cela dit. Elle ignorait ce qui lui serait arrivé si elle avait été de garde ce jour-là. Elle se demandait aussi comment tout cela aurait pu tourner. Heureusement, Light avait été là, mais il avait lui aussi était blessé. Elle soupira, et posa le reste de son assiette pour que MiniMew puisse se servir. Il ne se fit pas prier pour sauter sur ces aliments multiples et variés.

- Faisons ça vite, dans ce cas, si ça ne te dérange pas.

Elle ne voulait pas parler de ce vêtement pendant des jours, et elle préférait lui donner maintenant, plutôt que d’attendre un moment où elle serait proche de ses affaires et d’Astarion à la fois. Elle n’attendit que la fin du repas de son chat noir pour se lever, et se diriger vers ses affaires, dans le wagon où elle dormait. Elle se retourna simplement pour voir si Astarion la suivait ou non. Ce gars était imprévisible, s’il avait envie de l’envoyer sur les roses pour aujourd’hui, il était capable de le faire, elle le savait.

Zoey avait pris la direction de son wagon. Elle avait déjà réussi à s’attirer une armada de zombies au cours d’une de ses chasses, et elle avait eu de la chance que Light lui ait porté secours ce jour-là. Tout comme elle avait eu de la chance qu’il soit là au cours de l’attaque de Sanders. Elle devait bien admettre qu’elle lui devait la vie à un nombre assez élevé de reprises. Mais elle ne voulait pas continuer à augmenter son compteur. Ca le mettait en danger, lui aussi. Alors, elle préférait rester loin des problèmes.

Arrivée à son wagon, elle se dirigea vers ses affaires, et s’agenouilla devant le sac de vêtements. Au fin fond de ce dernier, elle en extirpa le t-shirt qu’elle avait porté cette nuit-là, avec lequel elle pensait passer une nuit tranquille et apaisée. Au niveau de l’épaule, le trou d’un impact de balle était clairement visible : elle avait été visée avec suffisamment de précision. Elle observa le tissu légèrement brûlé par la balle. Elle pouvait encore entendre le coup de feu, ressentir la peur terrible que quelque chose arrive à Light, que quelque chose lui arrive à elle, que le tir soit mortel. Elle s’arracha à ses souvenirs, pour se redresser, et se tourner vers Astarion.

- Entendu… J’avoue que je n’y avais pas vraiment pensé.

Fourrer ce vêtement loin dans son sac, et l’oublier, ça avait été le plus simple. Elle aurait bien voulu pouvoir en faire de même avec ses souvenirs. Elle tendit le t-shirt à Astarion, en ignorant complètement ce qui, à ses yeux, était une grosse reprise ou une petite.

- Je n’y connais rien en couture. Mais il n’y a vraiment pas d’urgence. Il traîne là depuis des mois, ça n’est pas un problème de m’en passer encore le temps qu’il faudra…

Plus tard elle le retrouverait, mieux elle se porterait, sans doute. Elle n’en savait rien. Est-ce que réparer ce vêtement lui permettrait de réparer également ses blessures mentales ?

La jeune femme avait du mal à remettre la main sur ce t-shirt, et c’était avc plaisir qu’elle le donnait à Astarion. Bien qu’elle vit son air de jugement quant au roulage en boule professionnel dont elle avait gratifié le vêtement, elle n’en tint pas rigueur. Elle n’avait pas le même attachement pour le tissu que semblait l’avoir Astarion. Mais elle hocha la tête, suite à sa remarque, se sentant presque honteuse de pouvoir chasser avec des vêtements troués. En tout cas, ça semblait très sérieux pour Astarion.

Zoey le regarda prendre tous ses trucs dont elle ne savait pas vraiment l’utilité, elle n’y connaissait rien en couture. Zoey était à peine adolescente lors du début de l’apocalypse, après tout, elle n’avait pas vraiment eu d’intérêt pour ce genre d’activités à cet âge. Les couleurs… ça lui semblait tellement superflu !

- Ce n’est pas grave. Et puis, peut-être que changer de couleur le rendra encore plus joli ?

Si Astarion pouvait créer quelque chose de joli, peut-être que ça le mettrait de bonne humeur ? Zoey n’en savait trop rien, elle avait du mal à le cerner. Mais elle essayait de trouver du positif. Et en plus, il en rajoutait une couche, la faisant se sentir encore un peu plus ridicule parce qu’elle avait abandonné son vêtement à cause d’un mauvais souvenir. La demoiselle avait toujours vécu avec la communauté, et elle avait sans doute eu beaucoup de chance. Son chat vint se glisser entre ses jambes.

- Oui, tu as raison, je suis désolée…

Hm, elle ne savait pas vraiment quoi dire… Elle se sentait juste bête d’avoir négligé le peu de vêtements qu’elle avait. Elle ne pensait cependant pas s’amuser à faire du troc avec ses vêtements. Si Astarion ne le prendrait pas mal, elle, elle savait qu’elle avait du mal à se séparer de ce pour quoi quelqu’un avait accordé du temps et de l'énergie.

- Ce ne sera pas le cas… Je vais essayer de le remettre. C’est sûrement mieux.

Elle pouvait être raisonnable. Elle était également particulièrement émotive, aussi. Zoey avait toujours été quelqu’un qui vivait ses émotions à fond, et elles étaient un moteur pour elle, lui permettant d’avancer. Parfois, la faisant reculer. Mais elle ne pouvait rien y faire. Les contrôler lui semblait impossible.

- Avant d’arriver ici, tu étais un solitaire, n'est-ce pas ? Silvergate a dû beaucoup changer, depuis le début de tout ça…

Elle n’était retournée en ville que sous la contrainte de Sanders. Ses explorations se dirigeaient vers la forêt, pour aller y chasser du gibier. Le reste du temps, elle montait la garde ici. Alors, elle se demandait bien si la situation était aussi critique que cela pour les solitaire. Comment vivaient-ils, sans communauté ? Pour elle, c’était un mystère.

Zoey n’avait pas vraiment vu Silvergate depuis l’apocalypse, si l’on omettait le court trajet jusqu’au Musée lors de l’attaque de Sanders. Elle connaissait désormais bien mieux la forêt que les rues de la ville où elle avait vécu pendant des années. Elle ne savait pas vraiment si elle avait envie de voir ce qu’était devenu leur si belle ville. Elle y avait passé toute son enfance et une grande partie de son adolescence, elle n’avait donc quasiment que des souvenirs insouciants et heureux. En tout cas, jusqu’à ce que l’apocalypse ne frappe à leur porte et que le chaos ne les submerge. Là, les souvenirs n’étaient clairement pas positifs. Elle avait eu la chance de monter dans le train, mais pas ses parents. Aujourd’hui, elle ignorait s’ils étaient vivants, morts, ou morts-vivants. Elle ne se faisait pas trop d’espoir cela dit. Elle supposait qu’ils auraient eu le réflexe de sortir et de suivre les rails lorsqu’ils auraient entendu parler d’un accident de train, pour la retrouver. S’ils n’étaient jamais venus ici, c’était soit qu’ils étaient morts ou zombies, soit qu’ils étaient partis à l’opposé, trop loin pour avoir accès aux informations. Dans un cas comme dans l’autre, elle ne les reverrait certainement jamais. Elle secoua négativement la tête.

Elle haussa les sourcils et caressa le pelage noir de son chat qui se prélassait entre ses jambes. Que le gouvernement fasse quelque ne lui avait même pas traversé l’esprit -elle n’avait pas réfléchi à grand chose, il était vrai-. La rouquine s’était simplement dit qu’elle devait se débrouiller pour sauver la vie de son chat, et faire avec. De toute façon, ils n’étaient même plus dans la ville, alors, ils auraient sans doute été oubliés. Visiblement, Astarion était arrivé la même conclusion. Cet espoir brisé n’avait pas dû être facile à vivre. Cette compréhension que personne ne viendrait le sauver. Elle avait déjà une communauté autour d’elle lorsqu’elle avait verbalisé cette pensée. Elle ne s’attendait pas forcément à ce que tout parte en vrille dès lors que les gens n’avaient plus eu d’électricité. Etrange phénomène…

- Comme si l’électricité était tout ce qui les maintenait humain… C’est vraiment bizarre. Il n’y a pas que cela qui différencie l’homme de l’animal, pourtant.

Et pourtant, Zoey respectait énormément les animaux. Mais ils n’avaient pas les mêmes instincts, c’était un fait. Elle avait du mal à chasser, parce qu’elle les trouvait parfois tellement plus humains que les humains. Elle avait toujours ressenti une forte connexion avec eux, et il lui était difficile de leur ôter la vie.

- Alors, tu penses qu’il y aura d’autres Sanders ?

Elle avait déjà plus ou moins posé cette question à Light, mais elle espérait sans doute qu’un jour, quelqu’un lui donnerait une réponse un tant soit peu encourageante. Zoey n’était pas tout à fait prête pour un nouvel affrontement avec des humains. Elle avait sans doute eu la peur de sa vie, ce jour-là. Et vu le discours d’Astarion jusqu’à présent, il était probable qu’il soit aussi pessimiste que Light. Mais peut-être que si on le lui répétait assez, Zoey finirait par se faire à l’idée qu’ils ne pouvaient pas juste se contenter de survivre chacun dans leur coin. Elle espérait que les quelques amis qu’elle ait en dehors des communautés, comme Gwen et la fille aux tresses, se portent bien. Ses yeux obsidienne parcourèrent son vieux t-shirt, qui semblait soudain moins vieux.

- Wouaw… Merci Astarion. On dirait qu’il ne lui est rien arrivé…

Elle ne pouvait qu’admirer ce genre de travail dont elle était parfaitement incapable. La demoiselle se sentait déjà un peu mieux, synonyme d’espoir. Si son t-shirt pouvait se réparer, peut-être qu’elle pouvait l’être aussi, après tout.

La rouquine avait beaucoup d’estime pour les animaux. Plus que pour certains humains, il fallait l’admettre. A son sens, ils étaient dignes de confiance, ils ne chassaient que pour se nourrir, mais jamais pour faire souffrir. Les hommes étaient différents, parce qu’ils étaient dotés d’une conscience et d’une volonté qui était bien différente. Et en effet, les animaux… ne dominaient pas les autres. Sauf dans ce roman, qu’elle avait lu quand elle était enfant, où un gros lapin avait construit une garenne et réduisait les autres en esclavage. Une histoire qu’elle adorait, même si elle était tragique, pour une histoire de lapins. Ce vague souvenir de la garenne d’Effrefa la fit légèrement frissonner, parce qu’il lui semblait que Sanders avait sacrément des airs de ressemblances avec le gros lapin tyrannique. Elle réfléchit, alors qu’Astarion lui parlait de ces actes inhumains. Oui, il n’avait pas tort.

- Oui, c’est vrai. Les animaux sont bien plus loyaux que ne le sont les humains.

En guise de réponse, MiniMew poussa un miaulement approbateur. Oh, ce chat était avec elle depuis tout ce temps, et elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour le garder en vie, et le voir mourir de vieillesse plutôt que de la main de qui ou quoi que ce soit. Il lui était loyal, elle voulait être digne de son amitié. Zoey plongea sa main dans le pelage noir du chat. Elle n’était pas d’accord avec Astarion, attaquer les autres communautés risquait de créer un chaos monstrueux. Ils s’allieraient entre eux, et le Train serait isolé. Et puis, elle ne voulait pas avoir à croiser la route de Gwen en temps qu’ennemie, ni celle de la fille aux tresses.

- Ils risqueraient de s’allier pour nous repousser hors de la ville. Je ne pense pas qu’ils aient l’intention de prendre le pouvoir, mais ils n’hésiteront pas à nous repousser s’ils pensent que nous sommes une menace. Pendant l’attaque de Sanders, on a pu compter sur eux. Ce serait injuste de les attaquer maintenant.

Heureusement, le Bâtiment en construction faisait office de police, à peu près. Ils étaient de loin les plus forts, les plus organisés. S’ils avaient voulu prendre le contrôle de Silvergate, ils auraient peut-être déjà pu le faire, non ? Alors, il n’y avait pas de raison de s’inquiéter. Le Musée avait, il lui semblait, des enfants avec eux. Quant à Warlington Square, il y avait son amie. Zoey n’avait pas envie d’affronter n’importe lequel d’entre eux. Elle hocha la tête. Astarion était bon couturier, bien meilleur qu’elle ne le serait jamais. Et c’était tant mieux. Chacun pouvait briller dans ses domaines.

- Je n’y manquerai pas.

MiniMew bondit pour se percher sur les jambes de sa propriétaire, et renifler le tissu, qui portait maintenant l’odeur de l’homme à côté. Au moins, le chat était assez curieux. Et Zoey trouvait toujours ça adorable.

- Tu penses qu’un jour, on pourrait avoir tué tous les zombies ? Et reconstruire un nouveau monde ?

Ce serait bien, non ? Zoey était de nature optimiste et rêveuse, elle espérait que les choses s’arrangent. Pas tout de suite, mais peut-être dans vingt, cinquante ans. Que le monde cesse d’être un danger ambulant. Dans cent ans, ils seraient peut-être en paix.