Le Train avait l’avantage d’avoir la possibilité de faire des cultures assez vastes. Ils n’avaient pas d’électricité ni d’eau courante, mais ils étaient au moins les mieux placés pour la chasse et l’agriculture. Seraient-ils la dernière cible ? Peut-être. Mais le Musée, avec ses enfants, qu’est-ce qui intéresserait les gens du Bâtiments là-dedans ? Il était probable que la première cible soit Warlington Square, qui était assez organisée et assez importante. Mais quoi qu’il en soi, Zoey secoua la tête. Elle ne pensait pas que le Bâtiment les attaquerait, ils n’avaient pas de raison de le faire. S’ils voulaient de la nourriture, ils pourraient peut-être faire du troc, plutôt que de se tirer dans les pattes.

- S’ils ont besoin de quelque chose, ils peuvent toujours demander avant d’attaquer. On n’a jamais été hostiles envers eux.

La rouquine était peut-être trop optimiste, mais elle se disait qu’au moins, Sanders, c’était un inconnu, il n’avait donc aucun intérêt pour les gens qui pouvaient habiter à Silvergate. Alors que dans les communautés, personne n’était à l’abri de s’attaquer à d'anciens amis, collègues ou connaissances. Elle espérait qu’une solidarité existe entre les différentes communautés, bien qu’elle ne compte pas vraiment sur le Parking Souterrain, car elle ne les connaissait pas et les savait rarement dehors.

Sa question était peut-être bête, mais Zoey avait besoin de croire en quelque chose. Elle avait besoin de se dire qu’elle ne vivait pas en vain. C’était idiot, mais elle avait toujours espérer un jour rencontrer le Grand Amour. Se marier, et avoir des enfants, avec une seule personne avec qui elle partagerait toute sa vie. Dans ces conditions, elle doutait que ce soit possible. Et peut-être qu’au fond, elle était terrifiée à l’idée de ne jamais tomber amoureuse. Le visage de Light avait beau tourner fréquemment dans sa tête, elle ne savait pas où tout cela allait la mener. Spoiler alerte : nulle part. Car le bougre allait bientôt quitter la communauté pour partir elle ne savait où, brisant par la même occasion le coeur de la demoiselle.

- Je ne sais pas, je crois que ça me fait peur de vivre pour un monde qui cessera bientôt d’exister…

Qui voudrait avoir des enfants dans un monde pareil ? Ils ne devaient pas être nombreux. Et Zoey ne savait pas elle-même si elle poursuivrait ce rêve. Elle avait déjà peur pour son chat, alors un enfant ? Elle risquerait de faire des arrêts cardiaques toutes les deux minutes ! Le chat frotta sa tête contre la main d’Astarion, peu habitué à avoir l’attention de quelqu’un d’autre que Zoey ou Lucy, mais clairement pas mécontent pour autant.

- Je ne demande pas à ce que ça arrive de mon vivant, bien sûr. Mais s’il y avait un peu d’espoir pour le monde, ce serait plus encourageant d’y vivre, non ?

Peut-être qu’Astarion et elle étaient trop différents, mais elle essayait de comprendre comment il pouvait penser ainsi, à sa seule survie immédiate, sans avoir de réelle perspective d’avenir. Elle ne partageait pas son enthousiasme à la survie, parce qu’elle avait besoin de rêver et d’espérer.

La rouquine voyait bien qu’Astarion se moquait d’elle, mais elle n’avait aucune raison de croire que les communautés finiraient par se monter les unes contre les autres. La demoiselle était quelqu’un de très optimiste, et d’assez émotif, en fait. Mais elle n’avait pas le moins du monde envie de se battre contre ses anciens amis.

- Si on ne peut pas leur donner parce qu’on n’a pas ce qu’ils cherchent, ils n’ont pas de raison de nous attaquer… Ils ne trouveront pas ce qu’ils cherchent, si on ne l’a pas.

Elle secoua la tête. Pour le reste, elle n’avait pas la réponse, elle espérait simplement que tout se passerait bien. Zoey savait qu’Astarion était bien différent. Il lui avait l’air plus opportuniste, et plus égoïste, mais elle pouvait le comprendre. La plupart des gens ici étaient devenus

- Ils ne nous ont pas attaqué depuis tout ce temps, s’ils avaient voulu le faire, ils l’auraient déjà fait…

En tout cas, elle pouvait le supposer et l’espérer. Elle avait toujours eu un caractère rêveur, elle avait besoin d’espoir pour avancer, d’espoir pour se projeter dans l’avenir. Zoey ne pouvait pas décemment continuer de survivre en se disant que, quoi qu’il arrive, le monde était foutu et qu’il finirait par n’être plus qu’une terre désolée habitée par une poignée de zombies. C’était terrifiant, pour elle, d’imaginer un tel monde. Effrayant, à vrai dire. Elle s’accrochait à l’espoir que les choses s’améliore, même si elle ne devait pas vivre cette même amélioration.

- Ce n’est pas un conte de fées, c’est simplement… avoir de l’espoir pour le monde. Je n’ai pas envie de vivre dans un monde condamné qui n’a plus aucun espoir…

L’espoir était une chose très importante pour elle, et elle espérait qu’Astarion puisse un jour trouver un peu de positif dans leur situation. Vivre et survivre en n’ayant pas de meilleur but de se lever un jour de plus n’était pas vraiment ce qu’elle souhaitait.

- Qu’est-ce qui t’incite à survivre, si ce n’est pas l’avenir ?

Elle était curieuse, et aimerait bien le comprendre un peu mieux… Pour l’instant, il lui paraissait trop différent. Et elle ne comprenait pas comment il faisait pour vivre ainsi…

Ils étaient définitivement très différents. Zoey avait besoin de croire que le monde avait du bon, et même dans cette apocalypse, elle voulait penser qu’ils pouvaient se serrer les coudes. Après tout, si elle avait réussi à convaincre tout le monde de garder son chat en vie, peut-être qu’elle pourrait faire appel à l’humanité de diverses personnes au fur et à mesure. Sanders avait été le seul à les attaquer pendant tout ce temps, et les communautés semblaient s’être davantage entraidées que tirées dans les pattes. Elle trouvait ça rassurant.

- Je pense que l’attaque de Sanders a renforcé les liens entre les communautés… Nous avons coopéré, et ça a porté ses fruits…

La rouquine était foncièrement optimiste, même si elle voyait qu’Astarion, lui, ne pensait plutôt jamais à faire confiance à autrui. Bien sûr il fallait se méfier. Mais pour autant, Zoey n’avait pas envie d’être sur ses gardes quant aux autres avec qui elle avait pu discuter ou travailler durant l’attaque.

- Et puis, je ne suis pas sûr que l’une des communautés soit vraiment en mesure de prendre le dessus sur toutes les autres…

Cela risquerait de créer une alliance des autres communautés pour contrer et contenir la menace de celui qui passerait à l’attaque… enfin, elle l’espérait. Zoey n’était pas dans le cercle de ceux qui prenaient des décisions, elle ne connaissait pas plus que cela les échanges entre les communautés depuis lors.

- Plus libres ?

Elle ne comprenait pas en quoi ils étaient plus libres. Pour elle, c’était davantage contraignant, elle devait se battre pour son chat, ne pouvait pas sortir en dehors de ses missions de chasse, ou du moins, ne voulait pas sortir parce qu’elle était terrifiée. Elle secoua légèrement la tête. Zoey se souvenait bien du jour où tout avait basculé, mais il lui paraissait si loin aujourd'hui.

- J’avais treize ans. Mais j’ai l’impression que c’était il y a des siècles.

Le monde était bien différent, en si peu de temps. Zoey avait vécu plus de temps dans le monde d’avant, mais celui d’aujourd’hui était la réalité qu’elle avait accepté… avec l’espoir que cela aille mieux.

La liberté était une notion vraisemblablement différente pour Astarion qu’elle ne l’était pour Zoey. En fait, elle se sentait beaucoup plus enfermée, ici, qu’avant l’Apocalypse. En même temps, elle n’avait pas connu la vie d’adulte avant tout cela, il fallait bien l’admettre. Mais il ne lui serait jamais venu à l’esprit de voler quelque chose ou se servir sans demander. Elle n’était rentrée dans aucun magasin pour prendre quelque chose, même après l’apocalypse, ce n’était simplement pas ainsi qu’on l’avait éduquée…

- Oui, mais pour pouvoir sortir de l’enceinte d’une communauté, il faut demander l’autorisation, la plupart du temps. Et ce n’est pas sans danger.

Qui savait sur qui elle pourrait tomber, si elle sortait des limites de leur territoire ? La rouquine ne souhaitait pas faire de mauvaises rencontres et ne sortait donc pas souvent seule. Elle avait toujours au moins son chat avec elle, bien sûr, mais elle serait plus rassurée de demander à quelqu’un de venir avec elle. Elle écarquilla les yeux, horrifiée à l’idée de tuer quelqu’un juste parce qu’il l’ennuyait.

- Nous ne sommes pas obligés d’en arriver là, il y a d’autres solutions que tuer des gens !

Elle ne voulait de mal à personne, après tout… Pour elle, la vie demeurait un cadeau important, et elle ne voulait pas avoir de sang sur les mains. Elle demeurait délicate, relativement en sécurité entre les murs de la communauté, du moins, jusqu’à ce qu’un autre Sanders n’arrive, un jour. Le souvenir de Sanders lui était trop désagréable et lui évoquait le genre de portrait qu’Astarion décrivait.

- C’était une autre vie… Elle me manque.

Tout était tellement plus simple, lorsque le monde était normal. La normalité, maintenant, c’était de se faire croquer la cervelle par des zombies. Elle soupira.

- Je devrais bientôt reprendre mon tour de garde...