ft. @Octavia Blake

Les températures du mois de février étaient encore bien trop hautes pour que la chasse puisse avoir lieu, et pour que les chasseurs puissent sortir pour chercher des provisions. Durant tout l’été, ils passaient la plupart de leur temps dehors, mais l’hiver, ce n’était vraiment pas le bon moment. Chad aimait chasser, mais il n’aimait pas vraiment le froid. Alors, il n’était pas mécontent de pouvoir rester à l’intérieur de la communauté pendant ce temps. Il aidait aux cuisines.
C’était ridicule, il avait eu des cuisiniers toute sa vie, et maintenant c’était lui qui se tapait les coupages de légumes. Franchement, il était tombé bien bas. Si ça se trouvait, sa famille était encore en train de la couler douce dans leur manoir avec leur cuisinier et tout le tintouin. Arf, peut-être qu'il aurait dû rester là. Mais peut-être qu’ils avaient été transformés en zombie. Il suffisait d’une faille dans la sécurité un jour pour que toute la famille Princeton disparaisse. Tous, sauf lui. Peut-être qu’il l’ignorait, et qu’il était le dernier. Ca lui filait des frissons. Non, à la réflexion, il préférerait quand même être parti pour rien et les savoir manger de délicieux plats bien au chaud.

Dans tous les cas, l’heure du repas était passée. Le rush n’était plus d’actualité, et Chad n’en était pas fâché. Plus qu’à attendre que ces affamés ne reviennent pour le repas le lendemain. En attendant, eux, ils avaient droit à une petite pause. Alors, le Princeton s’était mis à arpenter le parking. Il aperçut une silhouette, qui zonait depuis un certain temps déjà à l'entrée du tunnel. Fronçant légèrement les sourcils, Chad se dirigea vers elle. Il croisa les bras, une manière de garder ses distances avec les membres de la communauté. Il n’avait pas pour habitude de se montrer très accessible, même s’il devait reconnaître qu’il devenait difficile de leur faire croire qu’il ne les portait toujours pas dans son coeur.

- L’extérieur te manque déjà ?

Ca faisait un moment qu’ils n’étaient pas sortis, en réalité. Lui aussi, avait hâte de pouvoir retourner chasser, c’était le seul domaine dans lequel il était vraiment bon, et dans lequel il se démarquait vraiment. La cuisine, c’était juste pour ne pas rester sans rien faire comme un parasite. Chad avait toujours détesté les parasites. Il n’aurait jamais imaginé qu’on puisse l’en qualifier, alors il faisait de son mieux pour que ce ne soit pas le cas. Et puis, on ne dirait pas comme ça, mais aller voir l'une de ses partenaires de chasse, c'était une manière pour lui de s'assurer qu'elle allait bien.

Chad avait toujours été relativement secret sur sa vie d’avant. Une raison fort simple, il ne cachait déjà pas ses origines très, trop, aisées. Il avait toujours été parfaitement visible que Chad n’était pas du commun, qu’il venait d’un milieu bourgeois. Il faisait pourtant ce qu’il pouvait pour survivre, comme tout le monde, même s’il n’était à l’origine pas taillé pour ça. Il faisait de son mieux, mais il n’avait pour autant pas grande envie de sortir dans le froid. De toute façon, par cette température, les animaux étaient en train d’hiberner, impossible à trouver. Ce n’était ni drôle, ni intéressant, ni pratique, d’aller chasser maintenant. Chad ne sortait donc jamais pendant les températures les plus froides, et ça l’arrangeait bien de pouvoir rester au coin du feu pendant ce temps-là.

- Non, rien. Si l’équipe de cuisine t’a donné une liste, ça me suffit.

Chad ne voulait pas passer pour un fragile. En fait, il se rendait compte que, au vu de sa condition, il se mettait beaucoup plus la pression que d’autres pour s’en sortir par lui-même et dépendre le moins possible des autres, comme si sa condition de riche le forçait à prouver qu’il n’était pas un boulet ou un parasite. Avec le temps, c’était devenu de plus en plus marqué, sans doute parce qu’il estimait suffisamment les gens de cette communauté pour faire attention à ce qu’ils pensaient de lui. Voilà qui était rare.

- Tu y vas toute seule ?

Il ignorait si c’était bien prudent. On n’était jamais à l’abri de tomber dans une crevasse, de se retrouver bloqué par de la neige, ou quoi que ce soit d’autre que cette météo pouvait créer comme problèmes. La chasse lui manquait, oui. Parce que c’était la seule chose dans laquelle il savait qu’il était vraiment bon. Sa spécialité. Aider aux cuisines n’était qu’une manière de s’occuper pendant qu’il ne pouvait pas partir.

- Les animaux hibernent. Il faut bien attendre qu’ils se réveillent, la chasse, c’est toujours plus populaire l’été et l’automne. Surtout l’automne. Mais je serais content de retrouver un peu de viande dans nos assiettes.

Une manière détournée d’avouer que l’extérieur et la chasse lui manquaient, oui. Chad ne parlait que peu de ses émotions en étant frontal. Il s’était construit une carapace, qu’il faisait de son mieux pour entretenir. Alors, il avouait, mais sans être jamais limpide, ce qu’il avait sur le coeur.

Le jeune homme ne dirait évidemment jamais non à des vêtements un tant soit peu propres. Mais il savait aussi que c’était la meilleure manière de confirmer tous les clichés. Ca lui avait toujours bien peu importé, il était vrai, au fond, pourquoi se prenait-il la tête à ce sujet ?

- Et bien, si tu trouves des vêtements propres, je ne dis pas non. Mais ne retourne pas toute la région pour ça.

Toujours avec retenue. Le jeune Princeton savait que, quoi qu’il arrive, le manoir de sa famille était trop loin, et surtout, fermé à double tour. Il ne comptait pas y retourner, préférant que sa famille soit la famille de Schrodinger, et ignorer s’ils étaient vivants, morts, ou morts-vivants. Il ne trouverait donc rien de foncièrement personnel et ne le souhaitait pas. Mais ça faisait toujours plaisir de porter des vêtements qui n’étaient pas salis par le temps.

- Je trouve seulement que les expéditions seuls, ce n’est pas ce qu’il y a de plus prudent…

Si Octavia avait un problème, elle n’aurait aucune assistance, après tout. Chad n’était pas forcément le plus débrouillard de tous, mais il savait que la solitude pouvait être fatale. Il était probable qu’Octavia ne l’entende pas de cette oreille, mais s’il souhaitait se montrer prudent, ou la mettre en garde sur le danger, c’était au moins parce qu’il appréciait suffisamment sa compagnie pour s’intéresser à son sort, ce qui n’était pas négligeable.

Il hocha ensuite la tête, reconnaissant de la savoir attentive aux pièges qu’ils avaient pu poser avant la fin de la saison douce. Chad avait bien hâte de retourner faire ce pour quoi il était doué, mais pour l’instant, il savait que cela n'avait pas d’intérêt. Avait-il quelque chose à faire ? Non, maintenant que l’heure du repas était passée, Chad était libre jusqu’au prochain dîner. Il ignorait pourquoi, mais il avait toujours particulièrement aimé jouer aux cartes, en plus. Ca lui réchauffait presque le coeur, eh.

- Avec plaisir. Mais je te préviens, je suis le meilleur à tous les jeux de cartes.

Qu’elle ne se fasse pas d’illusions sur une potentielle victoire, non mais ! Chad trouvait la normalité d’une partie de cartes réconfortante, en réalité. Une activité normale dans un monde qui ne l’était plus. Il se dirigea donc vers le feu, et s’assit à proximité.

- Alors, à quel jeu tu veux me défier ?

Il y en avait tellement, après tout. Chad s’adapterait, il était après tout un grand joueur ! Et il aimait un peu trop les défis, aussi.