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Elyon est assise dans la rangée des tomates de la serre, regardant lesquelles sont récoltables et lesquelles ne le sont pas. Son regard est concentré sur les tomates qu’elle choisit pour les mettre dans son panier en osier, au point où elle ne réalise pas réellement ce qu’il se passe autour d’elle. Elle est là pour récolter des herbes et des légumes – bien que, techniquement, la tomate soit un fruit – pour préparer le repas pour tous les habitants du musée ce soir-là. Ce sera un ragout, avec du poulet, des pommes de terre et une sauce à la tomate.

Comme d’habitude, lorsqu’elle se trouve à faire une activité qui ne demande pas beaucoup de concentration, Elyon laisse son esprit glisser vers des rêveries qu’elle est la seule à pouvoir vivre. La jeune fille a toujours été fleur bleue, et elle a toujours aimé se perdre dans ses livres. Avant la catastrophe, elle faisait ses reviews en vidéo et les publiaient sur youtube. Elle avait un grand nombre de followers, et tout le monde adorait son contenu. Avant la catastrophe, ses livres étaient son bien le plus précieux, avec son téléphone. C’était facile pour elle, de parler à son téléphone, de danser devant et de faire ce qu’il fallait pour être populaire en ligne, à défaut de l’être dans la réalité, au lycée et dans les évènements sociaux.

Dans la réalité, elle était cette jeune fille un peu effacée, presque transparente. Toujours à rêvasser. Exactement comme elle le fait maintenant, ses pensées tournées vers un certain jeune homme aux cheveux bruns, face à qui elle ferait probablement une syncope si jamais il lui adressait la parole. La jeune femme se retrouve à regarder dans le vide pendant un moment, jusqu’à ce qu’une main passe dans son champ de vision, et qu’Elyon fasse un bond en arrière et observe la jeune femme qui se trouve à ses côtés. Une des rares personnes pour qui Elyon n’a jamais été invisible, somme toute. Combien de temps est ce que ça fait que je rêvasse ? Elle demande cela avec un sourire au coin des lèvres, et deux grands yeux de chat potté, s’exusant ainsi d’avoir fait attendre sa seule amie.

Rêverie matinale et amitié entre deux plants de tomates

Cornélia avait l’habitude. Depuis le temps qu’elle connaissait sa meilleure amie, la seule qui savait –presque- tout d’elle, elle était prête à tout. Elyon était une personne discrète et timide. On pourrait croire qu’avec un caractère presque inexistant, Cornélia l’aurait écrasé, mais non. Cornélia n’était pas méchante, bien qu’on la traite de garce dans son dos depuis l’âge de la maternelle, elle était simplement sincère à un point que ça dérange. Elle pouvait facilement dire à n’importe qui que sa gueule lui revient pas, pour la simple raison que la gueule de la personne ne lui revient, effectivement, pas. Ainsi, tout le monde avait cru que la vilaine Cornélia Hale allait bouffer la gentille Elyon. Sans savoir qu’Elyon était peut-être une des raisons qui font qu’elle n’était que la reine des garces, et pas la plus grande garde de l’univers. Chaque haters qui était apparu, à l’époque, sur le compte de son ami, avait le droit à une découpe analytique de son contenu et d’un « balaye ta porte avant de parler ». Parce que quiconque voulait critiquer son ami devait au moins être irréprochable. Et il n’y avait que la blonde qui pouvait se permettre ce statut, donc. Elle était la seule qui pouvait critiquer la brune.

Ce qu’elle faisait. Sans la moindre hésitation. Elyon était dans l’autre cas de figure de la population. Il y avait ceux qui ne connaissaient pas Cornélia, et qui prenait mal ses réflexions. Ceux qu’elle ne connaissait pas, et qui prenait bien ses réflexions –ou du moins l’ignore et le font croire. Puis, il y avait ceux qui la connaissaient. D’un côté ceux qui passaient outre les dires de la blonde et la laisser régler le souci, et ceux qui continuaient à se battre contre elle. Elyon avait depuis longtemps arrêté de se battre. Ainsi, si Cornélia lui faisait un commentaire, elle savait que c’était pour son bien et qu’elle était là pour aider à régler le souci, comme un épi disgracieux sur sa jolie tête. Plus vieil qu’elle, Cornélia n’avait jamais eu l’impression que leur âge causé le moindre éloignement entre elles, au contraire. Cornélia était parfaite pour être la meilleure amie d’Elyon, et l’âge pouvait aller se faire voir. La blonde sourit et s’accroupit à côté de son ami et de ses tomates pour se faire remarquer. Ce qui ne fonctionna pas. Alors, elle se mit à l’aider en silence, jusqu’à ce que sa main passe dans le champ de vision de la brune et qu’elle sursaute, remarquant enfin la présence de sa meilleure amie, et Demi-déesse, selon les dires de la blonde bien sûr. Elle attrapa la tomate et la mit dans le pot.

- Avant que je n’arrive ? Aucune idée. Après, je dirais que ça fait bien dix minutes dans les vappes. Tu pensais à quelqu’un en particulier ? voulut-elle savoir, taquin.

Avant l’apocalypse, Elyon avait appris les trois crushs que Cornélia avait eus. Son crush en maternelle, Caleb, qui avait fini par avouer préféré Elyon qui était plus vieille et plus « gentille ». Son crush au lycée, Peter, le grand frère d’une fille de sa classe… Qui avait fait parti de ses personnes qui refusent le moindre conseil ou commentaire, ça avait vite finit par l’agacer. Et puis Douxie. Douxie était l’homme de sa vie, et Elyon savait absolument tout de leur relation amoureuse, même ce qu’elle avait dû subir comme commentaire. Personne, du côté des fils de riches comme du côté des moins, n’avait compris ce couple. Cornélia, qui n’avait que peu d’amis, avait pu compter sur Elyon pour ne pas critiquer son amoureux. Les amis de Douxie, eux, n’en avaient eu rien à faire de la critiquer ouvertement. C’était eux, d’ailleurs, qui lui avait donné le surnom de reine des glaces. Quand bien même elle avait fait des jeux de rôles grandeur nature rien que pour faire plaisir à son petit ami et qu’elle avait –essayé de ne- rien dit sur leur médiocre performance d’acting, leurs habits totalement anachronique et ne parlons pas de la coiffure. Elle avait dû choper par les cheveux plus d’une fille pour éviter de mourir à force de saigner des yeux tant il y avait de la médiocrité. Bref. Elyon savait ça. Et elle savait qu’elle ne pouvait plus danser, ni patiner, et que sa meilleure amie allait mal. Cornélia espérait simplement qu’elle ne sache pas à quel point.

- D’ailleurs, tu savais que Mikla et Sora sortent enfin ensemble ? Je ne dis pas qu’il a fallu que je me mêle, hein, mais la stupidité m’a toujours grandement agacé.

Quand deux personnes s’aiment et ne le disent pas, ça fait devenir folle Cornélia qui, bien qu’elle le cache, était une incorrigible romantique. C’était pour ça qu’elle aimait Douxie, il la comprenait. Et c’était pour ça qu’elle aimait Elyon, elles se comprenaient.

- D’ailleurs bis, j’ai un cadeau pour toi, fit-elle en sortant un livre de son sac en besace. La dernière fois que je me suis enfui du musée pour aller voir le médecin du bâtiment, je l’ai trouvé et je l’ai pris pour toi, je crois que tu avais lu le premier tome.

Elle sait qu’elle avait lu le premier tome, puisqu’Elyon en avait fait une review en disant avoir adoré… alors, elle espérait que ça lui fasse plaisir. Depuis cinq ans, il n’y avait plus trop d’anniversaire, de noël, ou d’échange de cadeaux… donc. Cornélia avait eu envie de lui faire plaisir !

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Elyon secoue la tête de droite à gauche, alors que le rouge lui monte aux oreilles. Non, enfin jusqu’à maintenant, qu’elle répond avec un sourire contrit. J’étais en train de chevaucher un dragon, qu’elle avoue en haussant les épaules. La lecture lui manque. Avoir de nouveaux livres lui manque. Certes, elle sait qu’elle a beaucoup de chance comparée à la totalité de la population. D’une elle est en vie. Ce n’est plus le cas de beaucoup de monde ici. Ils ne sont ni vivants ni morts, leurs corps continuant d’agir alors que leur conscience a disparu depuis longtemps. Autrefois, Elyon aimait lire ce genre de romans, aussi. Elle aimait ce frisson de dégout qui la traversait devant certaines scènes. Elle adorait lorsque le héros réussissait à atteindre le nirvana, la terre promise. Elle adorait lorsqu’un remède était trouvé dans l’un des laboratoires qui ont réussi à continuer à fonctionner envers et contre tout.

La réalité est toute autre, et bien moins drôle. La jeune femme sait parfaitement qu’il n’y a pas de laboratoire qui va soudainement trouver un vaccin rendant insensible à la zombification. Il n’y a plus rien. Quoi qu’il en soit, Elyon essaie de trouver du plaisir dans sa vie comme elle le peut, désormais. Et, ses rêveries sont, clairement, un moyen d’y arriver. Même si parfois, comme aujourd’hui, elle a l’impression d’avoir un peu abusé.

Son regard quitte celui de Cornelia, qui depuis qu’elle a appris qu’elle ne pourrait plus danser après l’attaque de Sanders est toujours couvert de cette ombre, de cette douleur qui ne part jamais. Elyon essaie de ne pas mentionner ce qu’elle lit dans le visage et les mouvements de sa gracile amie. Mais, une vie à observer les autres et à les comprendre sans avoir besoin de parler lui a donné un sens de l’observation bien plus aigu que quoi que ce soit. Oh sérieux ? Enfin, qu’elle répond avec un sourire amusé. Ce n’est pas de la stupidité, Corny. C'est qu’ils se mettaient des barrières tous seuls. La plupart des gens s’enferment derrière un mur avec leurs propres esprits en se persuadant qu’ils ne vont arriver à rien, dit-elle d’un ton calme, un petit sourire au coin de ses lèvres. Il leur a fallu beaucoup de courage pour en arriver là, qu’elle tempère, sans aucun jugement. Mais, oui. Même dans un roman l’auteur n’aurait probablement pas fait tourner les choses en rond aussi longtemps, concède-t-elle.

C’est alors que Cornelia sort un livre de son sac et le met entre les mains d’une Elyon dont la bouche forme un “o”. Elle relève les yeux vers Cornelia, totalement sous le choc. Un nouveau livre. Un nouveau livre à lire. C’est probablement l’une des choses les plus précieuses en ce monde pour la lectrice invétérée qu’elle était autrefois. Qu’elle aimerait toujours être, d’ailleurs. Son regard fixe sa meilleure amie et elle ramène le livre contre sa poitrine, le serrant fort contre elle avec une expression totalement stupéfaite. Elle reste comme ça environ dix secondes avant de se relever sur ses genoux et de rajouter Cornelia à l’étreinte, deux larmes de joie coulant sur ses joues. Merci merci merci merci merci merci merci, qu’elle répète en boucle.

Rêverie matinale et amitié entre deux plants de tomates

En train de chevaucher un dragon ? Rien que ça. Au moins, se disait Cornélia en regardant sa meilleure amie, Elyon ne s’ennuyait jamais dans sa tête. Cornélia, elle, avait arrêté de faire des rêves éveillés quand elle a remarqué que tout la ramener à Douxie, et à sa mort prématurée. Elle n’imagine pas qu’il puisse être encore en vie. En faite, elle refuse de l’imaginer. Parce que ça fait cinq ans. Cinq ans qu’il doit, lui, la croire morte et il est sûr qu’il a du refaire sa vie avec une autre survivante plus dans son cadre amical… Tout le monde voulait les voir séparer, de toute façon. Ils voulaient tous qu’ils se quittent pour garder le statue quo de la fille riche qui ne sort pas avec le garçon pas riche… Ou de la fille populaire avec le petit geek… Mais Cornélia l’aimait et elle avait stoppé ses rêves pour ne pas souffrir de ne pas plus le voir. La seule personne qui savait le manque qu’elle ressentait ? Elyon. Toujours. Elyon savait sans qu’elle ne parle, alors Cornélia ne parlait jamais profondément de son malheur et de sa souffrance. Et c’était pour ça qu’elle se mêlait très souvent des relations amoureuses des autres. Pour les aider à vivre ce qu’elle-même ne pouvait pas vivre. Et cela, même si ça l’a faisait encore passer pour une garce. De toute façon, même éternué parfois on le prenait mal venant d’elle, alors elle n’en faisait plus réellement cas.

- Heureusement que j’étais là ! Tu imagines que la raison de sa barrière c’était « ouin ouin, il a déjà couché avec une fille alors que je suis vierge », c’est bien Jacqueline, toutes les femmes sont vierges avant leur première fois, faut essayer une première fois pour ne plus l’être, aller ! Et l’autre imbécile ? Sa raison ? « Elle est trop bien pour moi, elle a eu le bac, elle »… MAIS. Comme si on en avait quelque chose à foutre du bac dans notre situation… Non. Vraiment. Si ce n’est pas de la stupidité, ça y ressemble beaucoup de mon point de vue.

Elle donna un nouveau coup d’épaule à sa meilleure amie. Elyon était, encore, une des rares à savoir que Cornélia était une grande romantique et fleur bleu. Si elle emmerde son monde dans une histoire, c’était justement pour ne pas tourner autour du pot pendant mille ans. Et si ça passe, ça passe. Si cela ne passe pas, on passe à un autre. Bon. Elle dit ça mais elle restait coincée dans les souvenirs d’un fantôme mais c’était une autre histoire. Elle donne des conseils mais elle n’avait aucune obligation de les appliquer à elle-même. Elle offrit le livre précieux à son amie avant qu’elle n’aie typiquement la réaction attendu. Elle la prend dans ses bras et l’enlace. Elle la garde contre elle et attends qu’elle se calme de son euphorie.

- Avec plaisir ! J’essayerai de t’en rapporter un à chaque fois. J’ai décidé de rendre plus souvent visite à ma sœur au bâtiment. Et entre les deux, parfois je m’arrête dans un magasin ou deux.

Elle lui fit un clin d’œil adorable. Elle montre le livre.

- Tu te rappelles de ce qu’il se passe dans le 1 au moins ?

Elle ne savait pas du tout ce qu’était l’histoire du tome 2. Peut-être est-ce comme les nouveaux romans, un couple un livre qui permet de ne pas avoir lu le tome 1 pour lire la suite ? Qui pouvait le savoir ? Elyon. Elyon savait plus de chose que ce que le monde pensait.

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@Cornélia Hale

Un rire quitte la poitrine d’Elyon lorsque son amie commence à lui raconter à quel point c’est idiot de se mettre des barrières et de ne pas tenter sa chance avec quelqu’un d’autre, surtout dans ce monde totalement dysfonctionnel. Elle secoue légèrement la tête de droite à gauche alors qu’une expression douce s’inscrit sur ses traits. Cornélia est parfois un véritable phénomène, mais il y a une chose sur laquelle elle a toujours raison. Elle est une marieuse extraordinaire. Cornelia a une maturité émotionnelle qui lui permet de comprendre les autres mieux qu’ils ne se comprennent eux-mêmes. Et, de pousser les gens dans la bonne direction. Avec autant de tact qu’un tank lancé à pleine vitesse sur sa cible, cependant. L’image tire un sourire à la jeune cuisinière qui lève les deux mains. Vraiment, Corny, je n’ai aucune idée de comment tu réussis à savoir tout ça, qu’elle dit. J’ai beau vivre dans le même musée que toi, je suis incapable de voir la moitié de ce que tu vois. Probablement parce qu’elle passe plus de temps à rêver qu’elle est sur le dos d’un dragon qu’autre chose. Bref.

Cornelia lui donne alors un livre et la jeune femme reste tout d’abord bouche bée face à l’ouvrage avant de littéralement sauter au cou de sa meilleure – et quasiment unique – amie pour la serrer contre elle, vraiment contente de voir qu’elle va avoir la suite d’un livre qu’elle a déjà lu. La suite d’un livre. Une nouvelle histoire à lire dans un monde où plus personne n’écrit. Parce qu’il y a autre chose à faire que d’écrire des romans. Genre, survivre. Elyon n’en revient tout simplement pas. C’est probablement l’un des plus beaux cadeaux qu’on puisse lui faire, vraiment.

Oh mon dieu. Parce qu’il y a plus de livres que ça qui ont survécu, qu’elle lâche en ouvrant de grands yeux surpris. Elle pensait assez sincèrement que les livre auraient été détruits. Soit parce qu’il y aurait eu des infiltrations d’eau, des incendies ou… Mais l’idée que de nouveaux livres soient disponibles. Il ne fallait pas me dire ça, maintenant je vais sortir à deux heures du matin pour aller me chercher un livre parce que j’arrive pas à dormir, qu’elle ajoute avec un petit rire.

Cornelia lui demande alors si elle se rappelle ce qu’il se passe dans le tome 1. Oui. Jacks, le prince de cœur y rencontre Evangeline et la fait tourner en bourrique pendant 400 pages, qu’elle résume avec un sourire. Jacks est le meilleur personnage de l’histoire des personnages, vraiment. Et si tu me trouve le tome 3, tu seras mon héroine. C’est une trilogie donc ça veut dire que j’aurais toute l’histoire, qu’elle lâche avec des étoiles dans les yeux. Merci merci merci merci, qu'elle répète en sautillant sur place, son livre serré contre sa poitrine.

Rêverie matinale et amitié entre deux plants de tomates

Cornélia lance un regarde par-dessus les champs pour regarder la porte avant de faire un petit sourire, entre la canaille et l’espionne qui en sait tellement plus. La réponse d’Elyon est pourtant évidente. Cornélia écoute souvent. On ne l’écoute pas souvent, elle, ce qui fait qu’elle se retrouve à savoir plus. Et ensuite, elle observe et voit comment les gens se tiennent les uns envers les autres. Parfois, cette observation prend des jours pour en avoir une explication. Mais elle y arrive facilement. De plus, même si elle est une garce, ce que tout le monde continue de dire, on lui parle facilement. Elle a tellement un avis tranché sur les choses qu’on vient la voir pour des conseils sans adages, sans cœur, sans amitié. Si quelqu’un a besoin d’un conseil sans penser à la souffrance que cela peut causer, il faut aller voir Cornélia. Pour elle, l’honnêteté est la base, et elle évite de mentir au maximum. Son sourire s’écarte encore alors qu’elle lance un regard vers son amie.

- J’ai des yeux pour voir, des oreilles pour entendre et une langue pour parler, c’est aussi simple que ça.

Quand elle était à l’école, elle était toujours la première au courant des potins et autres rumeurs. Parce qu’on lui parle, parce qu’elle entend. Malgré qu’on la prenne pour une égocentrique, ce qui pouvait être le cas dans une moindre mesure, elle sait écouter et être attentive autour d’elle.

- Mais pour leur cas, il suffisait de les écouter parler une fois… Une seule fois. Je ne sais pas comment le musée n’a pas fait pour faire une manifestation pour qu’ils couchent enfin ensemble, je te jure. Je pensais que tout le monde était au courant.

Ce qui n’est pas le cas. Mais pour Cornélia, certaines choses étaient tellement évidentes qu’il ne valait mieux pas chercher plus loin. Cornélia réceptionne son amie après le cadeau, et réalise qu’elle a une autre idée de cadeau pour elle. Elle va lui écrire un livre pour elle. Pas forcément une histoire géniale, mais Cornélia pense que ça pourrait plaire à Elyon d’avoir quelque chose écrit par son amie… et ça permettra à la blonde d’avoir quelques jours en plus de vie. Elle allait devoir voler un carnet et un stylo pour pouvoir le faire, mais c’était faisable. Elle allait y arriver !

- Il y a des livres qui ont survécu. Ils ne sont pas en super état, mais la plupart des gens se fiche pas mal des livres maintenant, Cornélia posa une main réconfortante sur le crâne de son amie pour la prendre dans ses bras doucement, je t’y amènerais. En faite, c’est une maison où il y avait une chambre à l’étage pleine de livres. On pourrait les ramener ici d’ailleurs, ça pourrait faire plaisir à d’autres, mais à toi d’abord.

Parce que les autres, elle s’en fiche Cornélia, elle préfère d’abord que la jeune femme profite des livres et les autres peuvent mourir la bouche ouverte, ou presque.

- Je te le trouverais.

Elyon l’ignore, mais elle venait de lui donner un but dans la vie. Retrouver cette maison, qu’elle avait trouvé en se sauvant la dernière fois mais sans noter l’adresse, et rendre heureuse son amie, c’est tout ce qui compte.

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@Cornélia Hale

Elyon n’a clairement pas la même sensibilité que Cornelia sur le sujet. Elle aussi a des yeux et des oreilles, mais elle ne remarque absolument pas les liens qui unissent les autres. Au contraire, elle est même du genre à ouvrir de grands yeux quand on lui dit que machin et truc ont décidé de se mettre ensemble, ou qu’ils ont rompu parce que Truc a été infidèle. La jeune fille vit beaucoup trop dans ses propres pensées et son monde de dragons et de magie pour être attentive à la réalité. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle avait autant de succès sur Tiktok avant que l’apocalypse ne leur tombe dessus. La jeune femme racontait des histoires sur les réseaux sociaux, entre deux petites danses à la mode juste pour gagner des followers supplémentaires. Elle avait parfaitement compris comment fonctionnait internet... Et elle n’est absolument pas adaptée à vivre dans cet endroit absolument trop réel pour elle.

Avoue, qu’elle réplique. Tu aime juste tout savoir sur tout le monde. Elle est taquine, pour le coup et il n’y a aucun jugement dans sa voix. Ce n’est pas son genre de juger quiconque sur quoi que ce soit, d’ailleurs. Mais, non je n’avais aucune idée de ce qu’il se passait, qu’elle ajoute en haussant les épaules, son esprit déjà en train d’imaginer ce qu’une manifestation donnerait au musée. Probablement que ça exciterait les zombies qui rôdent autour de les entendre chanter comme ça. Et crier. Ce n’est pas une très bonne idée. Mais, Elyon voit parfaitement ce que veut dire Cornelia par là. Ce n’est pas la manifestation qui est importante, mais le fait que tout le monde voulait mettre ensemble le duo.

Cornelia lui offre alors un livre. Un livre dont elle ne pensait qu’elle n’aurait jamais la suite. Pour elle qui pensait sincèrement ne pas être capable de tenir un livre un jour de plus dans sa vie, c’est réellement le meilleur des cadeaux. Et, comme le dernier tome de la trilogie est sorti quelques semaines avant la fin de l’apocalypse... Peut être qu’elle pourra mettre la main dessus. Cornelia lui explique qu’il y a des endroits où les livres ont survécu, comme cette maison où elle a trouvé le volume que la jeune femme tient entre les mains. Avec plaisir, qu’elle répond avec un grand sourire. Pour des livres, je suis prête à braver les zombies, qu’elle ajoute avec un air presque féroce sur le visage. Air qui ne lui va pas du tout, à elle qui ne ferait pas de mal à une mouche, et qui hésiterait probablement avant de faire quoi que ce soit à un zombie. Elyon n’aurait jamais survécu si elle n’avait pas trouvé sa place au musée. Vraiment pas.

Le fait que les livres soient en mauvais état la rend triste, cependant. Autrefois, elle était du genre à garder ses livres dans un état absolument parfait. C’étaient ses enfants et elle ne leur voulait que du bien. Tu crois qu’on pourrait aller chercher mes livres ? Ceux que j’avais chez moi, qu’elle demande, pensive. Ce n’es pas si loin après tout... Cependant il faudra faire plusieurs aller/retour vu la quantité, qu’elle ajoute avec un petit rire en plaçant sa main sur les lèvres.