you, me and the end of the world ft N @Arcade Gannon

what you're given, what you live in, darlin', it finds a way to live in you. and your heart, love, has such darkness, i feel it in the corners of the room.

Il y a des jours avec, il y a des jours sans. Aujourd’hui est une journée entre les deux, une journée où tu n’as vraiment envie de rien, mais où il faut bien que tu domptes l’abysse au creux de tes entrailles. Un soupir et te voilà en train de basculer maladroitement de ton matelas au fauteuil roulant que tu gardes toujours auprès de ton lit (tu tiens à ton indépendance, il est ainsi plus pratique pour toi de te déplacer), te voilà en train de lancer ta routine matinale avec un certain manque d’enthousiasme. Oh ce que tu aurais pu rester au moins quelques heures de plus sous ta couverture, ce que tu aurais pu ignorer le monde (ou tout du moins ce qu’il en reste) pour quelques instants supplémentaires. Oublier que le monde s’est effondré, oublier que tu n’es plus celui que tu as un jour été. Des préoccupations somme toute ridicules, tu en as bien conscience ; tu n’as pas à te plaindre de l’existence que tu mènes présentement, Charles, tu es après tout toujours en vie et au sein d’une communauté où tu peux te rendre utile. Tu sais que, au final, tu es dans une position qui, selon les standards d’aujourd’hui, peut être considérée comme relativement privilégiée. Tout cela, tu le sais. Cependant tu ne peux pas t’empêcher de ressentir ce besoin viscéral d’ignorer le monde pendant quelques temps, de te refermer sur toi-même pour te recentrer et retrouver cet équilibre qui t’échappe depuis trop longtemps déjà. Tu ne peux cependant pas te permettre de te couper de monde, peu importe ce qui se passe dans ton esprit ; tu as des responsabilités, des responsabilités que tu ne peux procrastiner. Alors que tu aies le moral dans les chaussettes ou non, tu ne peux que suivre bon gré, mal gré, la routine qui est la tienne.  

Aujourd’hui, il faut s’occuper des stocks. Faire un inventaire, pour être plus précis ; voir ce qui vous reste, ce qui commence à manquer, ce qu’il faut remplacer de toute urgence. De mémoire, il n’y a rien de véritablement urgent ; tu te souviens vaguement de ce que tu as pu constater lors du dernier inventaire (et tu n’as rien noter de terriblement inquiétant ou quoique ce soit d’autre), tu sais que, avec le système que tu as mis en place lorsque tu as pris les commandes des stocks, il y a bien peu de chances que tu découvres quoique ce soit qui te mine encore plus le moral. Il ne te faut pas longtemps pour te rendre sur les lieux ; même si tu reconnais qu’il n’est pas toujours aisé de naviguer avec ton fauteuil, l’endroit où se trouvent tous les stocks te reste assez facilement accessible, fort heureusement. Tu ne tardes pas à te mettre au travail, te perdant aisément dans l’aspect répétitif de ta tâche. Tu ne sais pas trop combien de temps tu passes là, à vérifier que tout est sa place, à t’assurer que rien ne viendra à manquer. Tu sais juste que tu sursautes lorsque l’on t’interpelle pour t’informer que tu es demandé dans le hall, que quelqu’un s’est proposé pour faire du troc. Un soupir, puis tu t’exécutes sans demander ton reste. Tu abandonnes ton vieux calepin sur une des étagères, tu tournes ton fauteuil et tu prends la direction du hall.  

Ce genre d’interactions avec d’autres survivants n’est pas rare ; il faut bien que les survivants se serrent les coudes pour pouvoir continuer de survivre ... Le monde tel qu’il est n’est pas un endroit où l’individualisme a encore sa place, tu penses. Cela n’a rien de surprenant. Ce qui l’est, en revanche, c’est la personne qui se trouve dans le hall. Tu le reconnais dès lors que ton regard se pose sur sa silhouette ; tu interromps tes mouvements un cours instant, ton fauteuil arrêtant sa course quelques instants. Puis tu t’approches aussi rapidement que tu le peux, alors que lui-même se fige, posant un regard incrédule sur ta personne. Tu ne dois pas avoir l’air beaucoup mieux, tu n’en mènes pas plus large que lui. “Arcade ...” que tu fais dans un souffle. Tu restes quelques longues secondes silencieux, puis c’est un éclat de rire surpris qui s’échappe de tes lèvres. “Ah bah ça, si je m’attendais à te voir ici ... Je te croyais mort ?” Car quand tu réfléchis à ta vie d’avant, tu ne peux qu’imaginer la désolation et la violence de votre existence pas si nouvelle que ça. Tu ne pensais pas un jour voir une des figures de ton passé ressurgir de cette manière. Tu te calmes, un peu. “Je te prie de bien vouloir m’excuser, tu m’as pris au dépourvu.” Courte pause que tu marques avant de reprendre avec un peu plus de sérieux. “Ça me fait plaisir de te revoir, mais ... que fais-tu ici ? On m’a dit que tu voulais faire du troc ?”

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Retrouvailles inattendues dont tu ne sais trop que faire ; surprise qui s’exprime à travers quelques éclats de rire incrédules alors que tu poses les yeux sur la silhouette à la fois si familière et devenue un peu étrangère d’Arcade. Nostalgie qui te frappe alors que les jours insouciants d’une existence beaucoup plus simple te reviennent en mémoire ; si ta relation avec l’homme n’avait de simple que son apparence (tu te souviens de cette période d’on-off, cette période où tu ne savais pas vraiment ce que tu voulais, cette période où tu ne savais comment faire survivre une relation de manière durable), tu dois cependant reconnaitre que les choses étaient loin d’être aussi compliquées que ce qu’elles sont aujourd’hui. Et tu ne peux que regretter ce temps où ta plus grande préoccupation était de savoir ce que tu allais manger le soir, où tu te souciais du regard des autres et des notes de tes élèves. Ce temps est désormais révolu et cela te fait une pointe au cœur. Il te faut faire le deuil de l’insouciance, chose que tu n’as jamais vraiment fait jusqu’à aujourd’hui. La présence d’Arcade te rappelle, encore une fois, que plus rien ne sera comme avant. Regard qui se teinte d’une tristesse certaine, sans que ton sourire ne se fane cependant, alors qu’il te répond avec une aisance qui témoigne de votre familiarité. Dois-tu remercier le Destin ou une autre forme de pouvoir quelconque pour vos retrouvailles ? Tu n’as jamais cru en tout cela, étant un scientifique avant tout. Cependant, tu ne pensais pas que les morts ne le resteraient pas totalement, qu’ils continueraient de vous tourmenter même après le trépas. Peut-être serait-il temps que tu reconnaissance que la science a ses limites, elle aussi. Que tu acceptes que l’imprévisibilité fasse à présent partie intégrante de ta vie.

L’évocation du passé te fait quelque peu tiquer, mais tu gardes ta contenance, prêtant une oreille plus qu’attentive au récit de ton interlocuteur. La conférence qu’il mentionne n’est vraiment qu’un lointain souvenir que tu n’as pas l’énergie de dépoussiérer ; tu te contentes alors de hocher la tête poliment. Tu ne sais même plus quel était le sujet de ladite conférence, tu n’es pas certain que cela soit réellement important dans le fond ; ce sont des préoccupations qui appartiennent au passé et il ne te servira à rien de ressasser le passé. Peu à peu, tu recouds le récit de ton ami ; tu imagines comme tu le peux son aventure, toutes les péripéties qui ont dû le mener jusqu’ici. Les explications de son raisonnement sont plus que logiques et tu n’en es nullement surpris ; Arcade a toujours eu un esprit pratique. Tu ne peux nullement lui reprocher son intention de se rapprocher des communautés bien établies des environs étant donné que c’est précisément ce que tu as fait lorsque le monde s’est écroulé ; tu avais bien conscience que, compte tenu de ta situation, survivre seul te serait impossible et tu t’es rapproché de la communauté du Musée dès que tu l’as pu. Tu restes silencieux jusqu’à ce que sa curiosité se tourne vers toi, t’interrogeant sur ta situation actuelle. Tu prends le temps de réfléchir à quels mots employés. “Qu’est-ce que je deviens, uh ... Eh bien, pas grand-chose, ma foi.” Pas grand-chose en effet, car aujourd’hui est comme hier, comme demain sera comme aujourd’hui. Il te faut prendre soin de ceux qui t’ont recueilli lorsque tu en avais le plus besoin, c’est aussi simple que ça. “J’ai rejoins le Musée lorsque tout s’est effondré, je ne me voyais pas survivre seul ...” Et pas seulement parce que tu es cloué dans un fauteuil roulant, mais aussi parce que tu es une créature plus que sociable ; seul, tu serais devenu fou.  

Et tu pourrais lui raconter en détails les années où vous avez été séparés, cependant l’endroit ne se prête guère aux confidences. Tu hésites un moment avant de l’inviter à te suivre. “Le hall n’est pas un endroit pour discuter, que dirais-tu de me suivre ? Je connais un endroit où on ne sera pas dérangé.” Tu marques une courte pause avant que de préciser. “Et n’en veux pas au garde, je te prie. Nous avons subis une attaque il y a quelques temps de cela et tout le monde est encore tendu, surtout lorsque des étrangers viennent toquer à notre porte.” Dans un monde idéal, tout le monde serait enthousiaste à l’idée d’aider son prochain. Toutefois vous ne vivez pas dans un monde idéal et il vous est nécessaire de vous méfier de ceux qui ne font pas partie de votre communauté. Et peut-être qu’il n’est pas très prudent de ta part de l’inviter à pénétrer plus profondément dans les entrailles du Musée, cependant tu refuses de croire que les années et évènements auraient tant changé l’un de tes amis le plus proche.  Tu lui tournes le dos, l’invitant silencieusement à te suivre alors que tu t’en vas en direction de l’une des pièces vides où vous pourrez vous installer plus ou moins confortablement.

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Réminiscences d’un temps passé, d’un temps qui est bel et bien mort et enterré. La douceur te semble si distante, l’insouciance est depuis bien longtemps oubliée. Et pourtant, alors qu’Arcade te fait face, tu as bien l’impression de goûter de nouveau à toutes ces choses qui ont rendu ta vie plus légère. Comme si un poids s’était ôté de tes épaules, comme si tu avais voyagé dans le temps pour revenir quelques années (bien avant que le monde ne s’écroule) auparavant. Mélancolie terrible qui t’étreint le cœur, mélancolie sur laquelle tu ne peux cependant pas t’attarder ; tu as tant à faire et tu as la désagréable impression que tu n’auras jamais assez de temps pour tout faire. Les secondes et minutes s’écoulent entre tes doigts comme de l’eau. Pour autant, pour Arcade, tu ne peux faire autrement que lui accorder toute ton attention, tout le temps que tu peux lui donner. Désir malsain de se raccrocher à ce passé tant idéalisé ou réel plaisir de voir une figure de ton passé en chair et en os, sans la moindre pulsion cannibale, tu n’en es pas certain. Très certainement un bon mélange des deux. Alors tu lui proposes sans trop hésiter de vous trouver un endroit au calme, où vous pourrez échanger comme bon vous semble. Commisération triste de la nature humaine lorsque tu mentionnes l’attaque qui vous a tant ébranlé, ton interlocuteur te fait part de ce qu’il a pu voir ailleurs ; il semblerait que ce que vous avez connu est monnaie courante dans ce monde terrible qui est le vôtre. C’est un soupir lourd qui passe la barrière de tes lèvres ; tu aimerais tant pouvoir dire que cela te surprend, mais l’être humain est une créature violente et cruelle. Tu le sais, tu l’as toujours su. C'est juste que, désormais, plus personne ne se cache, il n’est plus honteux d’être assoiffé de sang.  

Tu l’emmènes dans une pièce que tu sais vide, avec des chaises où il pourra s’asseoir s’il le désire. Tu ouvres la porte et tu entres en premier, t’engouffrant dans la pièce qui n’a pas réellement de fonction bien définie ; un endroit pour se retrouver, mais aussi pour stocker tout ce qui ne tient pas dans la salle des stocks. Des cartons sont plaqués contre les murs, trois chaises en métal se trouvent autour d’une petite table ronde. “Installe-toi ! C’est un peu rudimentaire, mais ça fait l’affaire ...” Ce n’est pas que tu ne lui fais pas confiance ; c’est même tout l’inverse, tu as très envie de faire confiance à Arcade. Toutefois tu ne peux pas imposer sa présence au reste de la communauté ; tu le connais très bien (ou tout du moins, c’est ce dont tu essaies de te convaincre (après toutes ces années, est-il resté le même ?)). “Je ne peux malheureusement pas t’offrir grand-chose ... à part peut-être du thé ou du café ?” Il est tellement dur d’être un bon hôte dans ces temps apocalyptiques. Tu ne peux que faire de ton mieux, cependant. La discussion se fait sans trop de difficultés, comme si vous ne vous étiez jamais quittés. Cela te met du baume au cœur, vraiment, cela te rassure bien plus que ce que tu pourrais l’exprimer. Tu ne peux qu’hocher la tête en entendant ses observations concernant le Musée. “Hm, j’ai bien conscience qu’on a de la chance d’être ici ...” Puis vient ses interrogations sur d’éventuelles connaissances. Ton sourire se fige alors, les mots se coincent dans ta gorge. Tu croises les bras et tu soupires. “Eh bien, s’il y a des survivants de notre vie d’avant, ils ne sont pas au Musée.” que tu finis par lui annoncer. Tu te refuses de les déclarer morts. Un nouveau soupire. Tu passes une main sur ton visage. “Tu as vu d’autres survivants, toi ? D’autres communautés avant de venir au Musée ?”

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De l’eau, il veut juste de l’eau. Tu lui as bien proposé du thé ou du café, mais Arcade se contentera d’un verre d’eau. Tu n’es pas du genre à insister inutilement, de ce fait tu te contentes d’hausser nonchalamment des épaules et tu te diriges aussi vite que tu le peux vers la porte pour interpeler l’un de tes collègues ; c’est bien gentiment que tu lui demandes de ramener une carafe d’eau avec deux verres. L’homme interpelé te sourit et tu le remercies poliment avant de retourner auprès de ton interlocuteur. La discussion prend alors une tournure quelque peu sinistre alors qu’il te demande si d’autres survivants, des connaissances de votre ancienne vie, se trouvent ici aussi. C’est de manière bien nonchalante, peut-être un peu maladroite, que tu lui annonces que, malheureusement, tu es le seul à avoir trouvé ton chemin jusqu’au Musée. Tu n’écartes pas la possibilité que vos anciens collègues et amis aient pu se retrouver dans d’autres communautés, cependant tu ne veux pas non plus lui donner de faux espoirs. Cette nouvelle vie est plus que rude et espérer quoique ce soit ne vous conduira que vers un cœur brisé, de cela tu en es certain. Sa réponse te parvient dans un soupir et tu t’en veux d’être ainsi le porteur de mauvaises nouvelles, mais peut-être vaut-il mieux qu’il l’apprenne de toi ... Tu n’en sais trop rien. “Hm. Je n’ai pas eu trop de contacts avec les autres communautés, donc on ne sait jamais ...” Cela te surprendrait certainement, toutefois tu ne peux pas totalement lui briser tous ses espoirs. Tu n’es pas de nature cruelle, Charles. Du bruit se fait entendre à la porte et ton collègue entre, avec la carafe d’eau et les verres que tu as demandé. Tu le remercies avec un sourire alors qu’il pose le tout sur la table avant de s’éclipser aussi rapidement qu’il est venu.

Puis le voilà qui te fait part de son projet de retourner à l’université. La chose ne te surprend pas tant que ça ; si tu l’avais pu, tu aurais très certainement essayé de t’y rendre aussi. Toutefois tu as bien conscience que tu n’es pas capable d’affronter le monde extérieur seul. Et tu n’as nullement envie de demander à tes compagnons d’infortune de se sacrifier pour une envie plus qu’égoïste. Un soupir passe la barrière de tes lèvres. “Si tu finis par aller à l’université, tu pourrais jeter un œil ...? Pour mes affaires. Enfin, ne te mets pas en danger non plus, ce n’est pas grave s’il n’y a plus rien.” Ta demande est plus que maladroite et tu la regrettes presque aussitôt qu’elle quitte ta bouche. Il est cependant trop tard pour ravaler tes mots. Enfin, tu préfères passer à autre chose, demandant à Arcade s’il a pu voir des survivants connus. Son récit n’est pas plus optimiste que le début de votre conversation. Tu n’es pas surpris d’apprendre que les survivants, où qu’ils se trouvent, se sont organisés dans différentes communautés. Si vous avez pu le faire au Musée, tu ne doutes pas une seule seconde que cela soit possible ailleurs aussi. Il te parle de son parcours jusqu’à Silvergate. “Et je suis bien content que tu sois rentré, Arcade.” prends-tu le temps de souligner. “Tu sais ... Si tu veux rejoindre une communauté, je suis sûr que le Musée serait content de t’avoir. Je pourrais aussi glisser un mot ou deux pour toi, si tu en as envie.” Cela te ferait plaisir que Arcade rejoigne le Musée ; cela te ferait le plus grand bien d’avoir un visage connu à tes côtés. Néanmoins tu ne veux pas lui mettre la pression ; il vient tout juste de rentrer à Silvergate, il doit avoir envie de se refamiliariser avec les lieux.

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Des espoirs, tu n’en as plus beaucoup. Tu fais de ton mieux pour rester positif au quotidien et la tâche n’est (le plus souvent) pas si ardue que cela ; tu as la chance de te retrouver dans une communauté où il fait bon de vivre, où tu peux te rendre utile et où il t’est possible de vivre comme bon te semble. Tu te rends bien compte que ta situation est plus que privilégiée, que ton espérance de vie en solitaire aurait rapidement expiré. Et si durant les tous premiers jours de cette toute nouvelle vie, tu espérais un retour à la normale, maintenant, quelques années plus tard, tu sais que la normalité est votre quotidien bien morbide, que la survie plus que la vie est désormais d’une banalité déconcertante. Tous les espoirs que tu as pu avoir se sont éteints, tu n’as pu que courber l’échine sous le poids des mornes réalisations. Rien ne sera plus comme avant, tout ce que tu as connu auparavant ne sera jamais plus. Pour autant, avec Arcade en face de toi, tu ne peux pas t’empêcher de penser et si ?> ... Et s’il n’était pas le seul (de tous ceux et toutes celles que tu as connu auparavant) à avoir survécu ? Et si d’autres figures de ton passé venaient à faire irruption dans ta vie présente ? Tu ne doutes pas une seule seconde que tu en seras plus que ravi, qu’une telle chose te mettrait bien du baume au cœur. Face à lui, tu te surprends de nouveau à espérer. Oh, tu ne devrais pas, cela ne te fera que te briser le cœur un peu plus. Tu ne devrais pas ... et pourtant. Pourtant. Tu fais de ton mieux pour chasser tout cela de ton esprit, pour éviter de t’accrocher à ces drôles de sentiments qui sont si abruptement réveillées en toi.

La discussion se fait de manière si naturelle que tu aurais presque l’impression que rien n’a changé depuis la dernière fois où vos chemins se sont croisés. Familiarité douce qui vient apaiser ton cœur mis à mal. Et c’est bien malgré toi que tu lui proposes le foyer qu’est devenu le Musée comme abri, que tu lui proposes de te joindre à toi. La joie de le revoir prend le dessus sur tout le reste, tu ne t’en rends compte qu’après que les mots aient quitté ta bouche. Peut-être que tu n’aurais pas dû, mais il est bien trop tard pour ravaler tout ce que tu viens de dire. Le ton nerveux de son rire te fait quelque peu regretter ton enthousiasme. Sa réponse décousue te conforte quelque peu dans cette impression. Tu agites une main entre vous, un sourire se voulant rassurant pendu à tes lèvres. “Ne t’en fais pas, hm. Ce n’est qu’une proposition, pas une obligation.” Tu ne peux nier que l’idée qu’Arcade rejoigne le Musée provoque en toi un enthousiasme certain, te rassurerait considérablement. Tu n’as même pas envie de nier la chose, comme tu n’as pas envie de le mettre à l’aise comme tu viens pourtant de le faire. Un soupir passe la barrière de tes lèvres. “Je te prie de bien vouloir m’excuser, je ne voulais pas te mettre la pression.” Tu t’es laissé emporter par l’euphorie de vos retrouvailles, tout simplement. Tu n’oublies pas, cependant, qu’il vient tout juste de revenir en ville et qu’il a très certainement envie d’explorer avant de prendre une quelconque décision. Et quand bien même il ne souhaiterait pas rejoindre le Musée, cela ne changera rien pour toi ; tu respecteras son choix, un point c’est tout. “Je t’ai proposé de rejoindre le Musée, mais c’est seulement si tu en as envie. Et même si tu décides de rejoindre une autre communauté ou de vivre en solo sur le long terme, ça reste ton choix.” Tu marques une courte pause. Si tu avais pu (si tu n’avais pas été restreint par ce fauteuil roulant), tu ne doutes pas une seule seconde que tu aurais très certainement pris le temps d’explorer les environs.

Un nouveau soupir, tu avales une gorgée d’eau. Tu restes silencieux un moment avant d’hausser les épaules nonchalamment. “Enfin, tu viens tout juste d’arriver, tu as le temps de voir.” fais-tu simplement. Un nouveau sourire vient fleurir sur tes lippes. “Tu verras, il y a quelques communautés qui se sont formées ici. J’ai pas eu l’occasion d’aller jeter un œil autre part qu’ici, mais je sais que d’autres survivants se sont rassemblés.” Simple constatation qui, tu l’espères, suffira à lui faire comprendre que tu n’as pas la moindre attente ; tu apprécierais certes d’avoir un visage connu ici, mais pas au prix de ses propres envies. Le monde n’est plus comme avant, mais cela ne veut pas dire que tu souhaites le voir se sacrifier pour ta tranquillité d’esprit.

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La fin du monde t’a rendu plus maladroit que ce que tu as pu l’être dans tes pires jours d’avant ; une proposition bancale passe la barrière de tes lèvres avant que tu aies eu vraiment le temps d’y réfléchir plus en détails, bousculant ainsi l’équilibre précaire de vos retrouvailles. La faute à cette joie de revoir un visage (plus qu’apprécié) de ton passé, la faute à ton enthousiasme que tu as toutes les peines du monde à contenir, la faute à tu ne sais trop quoi, mais surtout ta faute à toi. Tu as toutes les peines du monde à ravaler un soupir, à ne pas flancher face à l’inconfort de la situation. Tu t’accroches à ton sourire malgré tout, te maudissant furieusement en ton for intérieur, et tu t’empresses de le rassurer du mieux que tu peux. La discussion s’enferme dans un cercle vicieux où tu le rassures, où il te rassure en retour ... et vous auriez pu rester longtemps dans ce couloir sans issues, à tourner l’un autour de l’autre sans vraiment savoir quoi faire, si ce n’est pour sa curiosité envers les autres communautés présentes en ville. Tu abandonnes sans le moindre scrupule ce sujet de discussion trop inconfortable à ton goût pour te concentrer sur ses derniers mots. Une moue pensive vient alors se peindre sur tes traits. Il doit parler de la communauté du bâtiment interrompu lors de sa construction. Tout ce que tu sais de cette communauté est basée sur des on dit dont tu ne sais trop que faire ... Un soupir finit par t’échapper, bien malgré toi, et tu passes une main lasse sur ton visage.

Tu cherches tes mots un moment, avant de prendre de nouveau la parole. “Uh, oui, je vois de quelle communauté tu parles.” Une courte pause, marqueur d’une hésitation certaine. Depuis l’attaque du Colonel Sanders, les choses ne sont plus aussi simples que ce que tu aurais pu le penser et la chose est d’autant plus vraie lorsqu’il est question de cette communauté ; tu as entendu dire que certains de ses membres s’étaient ligués avec le colonel lors de son attaque et que, avant même que la poussière ne redescende, une certaine forme de dissension s’était abattue sur les survivants. Tu ne peux cependant pas exprimer tes doutes à voix haute ; ton ressenti n’est basé que sur ce que tu as pu entendre, tu n’as vraiment rien de concret pour infirmer ou confirmer les rumeurs qui circulent de temps à autres. Sourire un peu tendu qui vient se pendre sur tes lippes alors que tu formules ta réponse. “Non, je ne pense pas que ce soit trop ton genre. Mais tu ne perds rien à aller jeter un œil, on ne sait jamais ...” Encouragement plus que sincère, vraiment. Tu ne peux qu’espérer le voir trouver sa place en ville et ce même si ce n’est pas au sein de ta propre communauté ; aujourd’hui la sécurité est bien souvent garantie par le nombre et tu es juste soulagé que ton ami puisse trouver sa place ici.