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Erik Lehnsherr
Erik Lehnsherr
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# Lun 12 Aoû - 2:59
No matter what we breed, we still are made of greed
C’est par hasard que tu en as entendu parler, alors que tu livrais du matériel pour la consolidation d’un immeuble déjà en ruines. Un jeune homme qui aurait causé des dégâts mineurs, dans un des souterrains du secteur. Une bombe à retardement, t’a-t-on dit pour plaisanter. Et cela t’a suffit. Tu as déposé le matériel, tu as terminé ta journée plus tôt, et tu es parti en direction de la zone indiquée. Ce n’est pas l’endroit le plus réputé, ni même le plus agréable, mais tu t’y sens chez toi, depuis ton arrivée. Les autres coins de cette ville t’étouffent d’hypocrisie et tu ne supportes aucun de ces visages obséquieux, ceux qui ont tenté de t’intégrer à leur société mal fichue. Tu as préféré disparaître, t’effacer, retourner dans l’ombre de ces bâtiments trop grands, de ces ruelles seulement éclairées par ces enseignes lumineuses artificielles. Un monde qui te correspond mieux que le reste, un lieu où ceux que l’on chasse tentent de survivre - car malgré des traités de paix, tu connais mieux que personne les vérités tues. Ces vérités que l’on exclut des bouches car les mots y seraient trop sales. Si cela ne tenait qu’à toi, tu aurais déjà ruiner un tel paradis factice mais tu veux, avant tout, mettre les tiens à l’abri. Car tu n’es pas seul, même ici, dans cette réalité alternative où, autour de toi, le monde a drastiquement changé. L’adaptation est ton fort, Erik, sans elle tu n’aurais jamais survécu aux horreurs qui ont parsemé ton existence.  

Tes pas crissent sur la caillasse et la ferraille alors que tu t’approches du souterrain abîmé ; l’homme a fui, et tu interroges le voisinage. L’on te décrit quelqu’un de jeune, un garçon aux cheveux blonds et aux yeux particulièrement bleus ; certains parlent d’un terroriste, d’autres d’une aura de peur. Le retrouver te paraît important. Non pas pour la sécurité de Silvergate, dont tu te fiches plus que tout, mais bel et bien pour lui. Il doit savoir qu’il n’est pas seul puisqu’ici, dans cette immense ville où personne ne se connaît vraiment vos dons sont connus, admis, acceptés - ou, devrais-tu dire, tolérés. Car si vous êtes nombreux à posséder des pouvoirs, beaucoup n’en ont aucun et il te semble primordial de prendre le dessus pendant qu’il est encore temps. Avant qu’il n’y ait de nouvelles victimes causées par l’incompréhension, causées par un mouvement de panique. La paix ? Quelle utopie. Ce garçon pourrait éventuellement rejoindre la cause que tu poursuis, c’est ce que te dicte ton implacable instinct, cette froideur qui glace le sang dans tes veines.

La piste se poursuit jusqu’aux limites de Blackbridge. Tes yeux se perdent au-delà des immeubles, ton esprit se met en marche et, après un instant de délibération, tu franchis les limites du quartier pour aller interroger d’autres personnes. Cela te prend plusieurs jours, tu as l’impression de chercher une aiguille dans une meule de foin, d’essayer d’attraper un nuage de fumée - pourtant, tu es patient. Peu de choses te rattachent à Silvergate, et à la vie elle-même, sinon la vengeance, ce sentiment qui brûle ta gorge et te raccroche à des événements auxquels tu ne peux plus penser. On dit que la douleur s’estompe, au fil du temps. La tienne n’a toujours fait que grandir, plaie béante dans ton existence. Tu n’as jamais oublié. Tu n’as jamais pardonné. Alors tu attends, tu guettes, tu traques et, finalement, la piste s’éclaircit et t’amène jusqu’à Lost Sea - sans doute le quartier que tu abhorres le plus, au cœur de cette hypocrisie que tu méprises avant tant de ferveur. Un endroit où ceux qui, comme toi, sont arrivés de nulle part et tentent de s’intégrer au milieu des créatures, des mutants et de celleux qui possèdent en eux un pouvoir qui, peut-être, les dépasse - et dépasse cet endroit. Le lieu est d’apparence joyeux, une galet lisse sur une plage escarpée. Tu t’y sens plus étranger que nulle part ailleurs, et ce sentiment grandit en toi alors que tu avances dans les rues étrangement calmes - sans doute à cause de l’heure tardive.

Tu marches dans le quartier, tes yeux bleus se posent sur les quelques personnes qui croisent ta route, mais tu ne leur accordes pas vraiment d’attention, comme si tu n’étais plus qu’une ombre, qu’un fantôme qui s’accroche aux dernières bribes d’une existence éhontée. Un soupir s’échappe de tes lèvres alors que tu t’arrêtes sur un pont, suspendu au-dessus de l’eau. Ton regard balaye la nuit, ton esprit agité s’apaise l’espace d’une fraction de seconde, celle pendant laquelle tu aimerais tout laisser tomber. A quoi bon, ici, te raccrocher à tes idéaux alors que rien n’est plus pareil, que personne ne ramènera les morts à la vie ? Les poings se serrent dans les poches de ton hoodie et un cri s’étrangle dans ta gorge trop contractée pour laisser passer le moindre son. Tes yeux sont attirés par un mouvement, en contrebas, sur les quais, et le moment s’efface, se dissipe, tes pensées se focalisent sur l’instant présent, s’enroulent autour de la douleur pour la souder en détermination. D’un large mouvement de tes bras, tu utilises un champ magnétique pour te permettre de léviter jusqu’aux quais ; tu survoles les flots en silence, faisant fie des règles et des lois pour venir poser le pied sur la terre ferme quelques secondes plus tard. Tu avances assez pour te retrouver face à celui que tu aurais préféré ne jamais revoir ici. Dos à toi, dans ce fauteuil roulant, tu n’as pas besoin qu’il se retourne pour que tu saches. Il ne s’agit pas de n’importe qui, pas de n’importe quel individu, pas d’un sans abri qui aurait perdu son chemin, tard, sur les quais, ni même d’un citoyen venu prendre l’air. Tu le devines grâce à cette posture. Tu le sais par ce parfum (bien trop) familier qui flotte dans l’air.

Charles.

Tu restes figé sur place, et le sentiment que tu ignores (que tu aimerais ignorer), qui souffle un vent glacial de peur dans tes veines (là où tu ne devrais rien craindre de lui), t’imposent l’immobilité totale. Cela ne dure pas, le temps d’un battement de cils, tout au plus, alors que tu te drapes d’un courage sarcastique, d’attaques piquantes pour ne pas te faire toucher le premier. Ce soir, tu aurais aimé tombé sur n’importe qui d’autre, mais pas sur lui, alors que la vulnérabilité manque de déchirer ta poitrine.  

“Toujours là quand on ne te cherche pas, Charles.”
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Charles Xavier
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# Lun 12 Aoû - 11:51
no matter what we breed, we still are made of greed ft  @Erik Lehnsherr

WHEN THE DAYS ARE COLD AND THE CARDS ALL FOLD AND THE SAINTS WE SEE ARE ALL MADE OF GOLD.

Il y a des murmures que tu ne peux ignorer ; plus que le brouhaha mental auquel tu es habitué depuis plusieurs décennies désormais, c’est le bruit des rumeurs qui attire ton attention. Des rumeurs dont tu ne sais trop que faire dans un premier temps ; tu es incertain sur la marche à suivre, sur ce que tu es capable de faire dans cette réalité si différente de la tienne. Cela fait bien quelques années désormais que tu es établi dans le quartier de Lostsea, sur l’île de Silvergate, et tu as beau faire de ton mieux, tu es incapable de reconstruire ton ancienne vie, de mettre sur pieds les projets qui t’ont pourtant animé pendant tant d’années. Ici, tu es plus seul que tu ne l’as jamais été ; Hank n’est pas là pour t’épauler et tu n’as pas d’élèves à guider. Il n’y a plus que toi. Toi et tes souvenirs, et ce simple fait te rend quelque peu amer ; toi qui as tant voulu aider les autres, toi qui as voulu tant faire pour eux, te retrouver livré à toi-même est vraiment un sale coup du Destin (pas que tu croies réellement en cela, dans le fond, cependant tu ne sais pas comment formuler la chose autrement). Tu ne peux cependant rien faire de plus que de courber l’échine face aux évènements étranges qui marquent ton existence. Que ce soit ici ou ailleurs, il te faut t’adapter, il te faut être fidèle à toi même. Et être fidèle à toi-même veut dire venir en aide à ceux qui en ont besoin, alors quand tu entends de drôles de rumeurs, tu ne peux pas t’empêcher de tendre l’oreille. Tu écoutes discrètement les on-dits, tu recouds l’histoire du mieux que tu le peux. Et finalement, tu prends la décision d’agir.  

Tu n’as jamais été un homme d’action, étant bien trop souvent le prisonnier (plus ou moins volontaire) de ta propre psyché ; ta télépathie t’a permis de découvrir et développer un monde que tu es le seul à connaitre, un monde dans lequel tu te perds souvent bien malgré toi. Un aléa de ta mutation dont tu n’as jamais vraiment réussi à te défaire, quelque chose que l’on t’a toujours reproché. Pour autant, tu n’as pas d’autres choix que d’agir ; livré à toi-même, ici sans le moindre soutien, qu’adviendra-t-il du jeune homme (car c’est bien d’un jeune homme dont il est question) si tu ne fais rien ? Une bombe à retardement, c’est comme ça qu’il est décrit dans les quelques informations que tu as pu recueillir. Cela te laisse un goût amer en bouche, une certaine appréhension dans le cœur ; tu ne penses pas qu’il soit réellement une bombe, juste une âme égarée qui ne trouve pas l’aide dont il semble pourtant avoir tant besoin. Cela te rappelle des souvenirs, bons et mauvais. Tu hésites un temps avant de prendre une décision, retournant tout cela dans ton esprit à de nombreuses reprises. Finalement, tu ne peux pas rester sans rien faire ; tu ne te le pardonnerais pas si quelque chose arrivait au jeune homme et que tu avais la possibilité de faire quelque chose, mais que tu étais resté les bras croisés, à ne rien faire. Alors tu n’as plus qu’à te mettre en route. Fort heureusement pour toi, il semblerait que l’homme soit dans les environs de ton quartier, Lost Sea, aussi tu n’as pas à aller bien loin. Tu as suivi sa piste au travers des pensées de surface des uns et des autres, n’ayant eu qu’à tendre une oreille métaphorique pour connaitre l’emplacement imprécis de celui qui inquiète tant les foules.

C’est ainsi que tu te retrouves sur les quais ; accessibles sans trop de difficultés, tu y suis la piste que tu sais déjà froide, mais que tu te dois malgré tout de vérifier. La nuit t’enveloppe dans une épaisse couverture de silence, les uns et les autres s’étant réfugiés dans leurs habitations afin de passer les heures sombres. Il n’y a que toi et quelques rares badauds pour braver la nuit. Et pourtant ... Pourtant, lorsque tu avances sur les quais, tu perçois un murmure familier. Un murmure bien trop familier. Tu n’as nullement besoin de le voir pour savoir qu’il est là, tu reconnaitrais le murmure de ses pensées entre mille. Ton cœur se serre si fort dans ta poitrine que tu crains un instant que le myocarde a l’intention de s’arrêter de battre, qu’il ne peut supporter de le savoir si proche. Tu fais la sourde oreille à ses tergiversations, même quand celles-ci se rapprochent rapidement. Puis le voilà qui parle, avec sa voix rauque et ses mots secs. Tu grinces des dents, tu ne prends même pas la peine de te tourner vers lui. De plus, tu n’as nullement envie qu’il aperçoive la moindre réaction, provoqué par son arrivée subite. “Erik.” Simple reconnaissance de sa présence, son prénom difficilement articulé entre des mâchoires serrées. Tu passes une main fatiguée sur les traits tirés de ton visage. “Je pourrais en dire autant de toi.” Tu te souviens de la dernière fois où tu l’as vu, lorsqu’il t’a littéralement fait tomber un stade dessus. Tu te souviens de vos adieux amers. Un soupir passe la barrière de tes lèvres alors que tu chasses ces pensées de ton esprit, que tu te forces à te concentrer sur autre chose.  

Tu t’es promis de ne plus laisser l’amertume et la rancœur t’envahir, ne supportant plus l’homme (le monstre) que tu étais en train de devenir en les laissant t’influencer. Le silence s’étend et c’est bien malgré toi que tu entends les pensées de ton ancien ami. Tu as beau faire de ton mieux pour ne pas t’immiscer dans l’intimité de l’homme, tu fais de ton mieux pour ne pas écouter ce que tu ne dois pas entendre, néanmoins, sans son maudit casque, ses pensées sont aussi bruyantes que s’il te criait dessus. Tu ignores le sens des mots, mais tu ne peux fermer les yeux sur les sensations qui émanent de lui. De nouveau, tu ne peux que grincer des dents. Tu pinces l’arrête de ton nez. “Que viens-tu faire ici ?” Tu ne lui parles pas de tout ce que tu captes venant de lui, n’étant pas d’humeur à te faire rabrouer. Tu n’as pas le cœur à lui pointer le doigt sa propre hypocrisie, alors qu’il réclame que tu n’écoutes pas ses pensées tout en se servant éhontément de ses pouvoirs ; ta télépathie n’est pas quelque chose que tu peux éteindre, que tu peux dissocier aussi facilement qu’un claquement de doigts. Tu sais qu’il doit être ici pour les mêmes raisons que toi, mais tu as besoin qu’il parle. Qu’il utilise sa voix pour te distraire de ses propres pensées.

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# Mer 14 Aoû - 13:51
No matter what we breed, we still are made of greed
C’est un passé douloureux que Charles te rappelle. Un passé où les démons se battent entre eux ; un combat dont tu ressors les mains tachées de sang. Face à celui qui fut un jour ton ami tu te sens nu, sans ton casque. Vulnérable, fragile, une brindille qu’il pourrait balayer d’un revers de main. Charles est l’un des mutants les plus puissants qu’il t’a été donné de rencontrer - et le plus dangereux, pour quelqu’un comme toi. Un idéaliste se raccrochant aux parcelles de paix inefficaces, mangeant dans la main d’un gouvernement corrompu pour éviter une guerre inévitable. Vous auriez pu être bien plus, l’un et l’autre (l’un pour l’autre). Mais cette histoire-là est révolue, déchirée. La voix rauque qui s’articule autour de ton prénom (un prénom presque oublié, lui aussi) te brûle la poitrine de sensations étrangères, contradictoires, attise la source de ta colère, s’enracine dans le creux de ton ventre. Tu prends une profonde inspiration pour que les émotions se taisent, s’amenuisent, car tu sais que, face à lui, tu es à découvert - et tu n’as pas envie de l’être. Le sarcasme pour seule carapace, pour seule défense et pour seule attaque, tu ouvres les hostilités de manière froide et calculée. Sa réponse ne te surprend pas, moustique bourdonnant près de ton oreille. Tu ignores volontairement le visage fatigué et las de ton ancien ami, la manière dont il se tient devant toi. Voilà de trop nombreuses années que vous ne vous êtes pas vus - de trop nombreuses années à ne plus penser à lui, sinon de temps à autre, par pure nostalgie. Tu as l’impression d’être vieux, désormais, de porter sur tes épaules le poids de trop nombreuses années, de trop nombreuses vies, de trop nombreuses déceptions toujours plus cruelles. Une part de toi, si infime que tu en perçois à peine les murmures étouffés, aurait envie de tout laisser tomber, de s’effondrer, roulé en boule dans un coin. Une autre, bien plus grande, ombre qui recouvre ton être d’une impétueuse colère, désire plus que tour en découdre, frapper, détruire, blesser pour que tes propres plaies te paraissent moins douloureuses. Ta seule cible : Charles, symbole d’une vie révolue.

Tu te demandes alors ce qu’implique sa question. Que te demande-t-il, exactement ? Ce que tu viens faire, ici, ce soir, ou ce que viens faire, ici, à Silvergate ? Tu supposes que la première option est la plus correcte, la réponse la plus immédiate face à vos retrouvailles particulières. Tu ignores encore toi-même comment ce passage dans ce monde signifie, ce qu’il implique, et comment il fonctionne - votre terre, à vous, a-t-elle été détruite suite à votre départ ? Est-il possible de revenir en arrière ? Et pourquoi revenir en arrière, au final ? A quoi bon ? Un soupir silencieux s’échappe de tes lèvres. Ta position ne change pas, et tu décides de répondre de manière bête et méchante pour limiter la discussion.

“La même chose que toi, on dirait” articules-tu de manière froide et détachée, l’air un peu narquois et moqueur. “Tendre la main à celleux qui en ont besoin, ô grand sauveur de l’humanité toute entière.”

Le sarcasme est palpable, tire à ta place des balles invisibles. Tu n’as pas besoin d’être un génie pour deviner les raisons de la présence de Charles ici, sur ce quai, en même temps que toi. Vous êtes en train de remonter la même piste, de chasser le fantôme du jeune homme en fuite avant qu’il ne soit trop tard. Si vous avez le même but, vos raisons, elles, sont bien différentes. Tout comme le sont vos manières d’aider vos semblables. Si Charles souhaite à tout prix leur enseigner la paix, tu veux, toi, les éveiller à ce que le monde est capable de leur faire pour qu’ils puissent se débattre - non pas pour se défendre, mais pour attaquer.

“Je ne devrais pas être surpris de te trouver là,” ajoutes-tu. “Mais si tu tentes de me barrer la route, je n’aurais pas de scrupules, Charles,” et tu es sincère. Ce qui vous a un jour lié l’un à l’autre n’existe plus, et tu es de toute façon trop blessé pour déceler la moindre braise de votre ancienne amitié. Blessé, tu sais qu’il l’a été, lui aussi. Mais à quoi bon ressasser ces vieilles histoires, à présent ? Le passé ne changera pas, les morts le resteront, les amitiés détruites ne pourront être reconstruites. Autour de toi, le monde ne peut que s’effondrer - et, puisqu’il en est ainsi, à quoi bon lutter ? En d’autres circonstances, il y a quelques années, peut-être aurais-tu proposé à Charles de collaborer pour que vous puissiez partir à la recherche de ce jeune homme ensemble. Mais il est trop tard pour ça. Trop tard pour vous. Pourtant, une part de toi ne se décide pas à partir. A le contourner et à le laisser là. Tu sais aussi qu’il est en mesure de remonter plus rapidement la piste que toi, et tu te demandes s’il pourrait deviner tes intentions si tu lui proposais d’allier vos efforts pour, à la fin, le laisser en plan et repartir avec le gosse. La fin justifie les moyens, songes-tu en serrant légèrement les poings le long de ton corps. “Tu cherches encore à façonner tes idéaux ? Même ici ?”

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# Jeu 15 Aoû - 14:13
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WHEN THE DAYS ARE COLD AND THE CARDS ALL FOLD AND THE SAINTS WE SEE ARE ALL MADE OF GOLD.

Tu te demandes toujours comment vous en êtes arrivés là. Oh, tu sais logiquement quel chemin vous avez emprunté pour ne devenir, au mieux, que de simples inconnus l’un vis-à-vis de l’autre, au pire deux ennemis aux idéologies opposées. Seulement, lorsque tu as rencontré Erik pour la toute première fois, tu as bien cru trouver en lui un égal, quelqu’un capable de te comprendre comme tu en avais (comme tu en as) terriblement besoin ; si Raven, que tu considérais (que tu considères) comme ta sœur, était ta compagne de toujours, tu ne pouvais pas réellement te confier à elle. Peut-être que tu prenais ton rôle de grand-frère trop au sérieux ou alors vous n’avez jamais été sur la même longueur d’ondes, tu n’en sais trop rien. Tu sais juste que si tu as toujours fait de ton mieux pour être là pour elle, tu n’as jamais été à l’aise avec l’idée de te confier en ta sœur. Alors quand ta route a croisé celle d’Erik, tu as cru ... Tu ne sais pas trop ce que tu as cru, mais tu as cru que tu trouverais en lui quelqu’un qui te comprendrait, quelqu’un avec qui tu pourrais tout partager. Naïf idéaliste que tu étais, tu avais cru que vous pourriez mettre de côté vos différences. Naïf idéaliste. Tu ne l’es plus cependant, la balle reçue sur cette plage de Cuba t’a fait ouvrir les yeux ; il semblerait que vos idéaux ne pourront jamais cohabiter. Là où tu voulais la paix, Erik voulait la guerre. Et tu aurais pu tout donner pour le garder à tes côtés. Tout, sauf renier tes idéaux, sauf tirer un trait sur la personne que tu as toujours été. Une question s’est alors imposée à toi ; ne te faisait-il pas suffisamment confiance pour comprendre que tu avais vu (et que tu voyais toujours régulièrement) le pire de l’humanité en entendant les pensées des personnes autour de toi ? Que tu ne croyais pas en la paix comme un idéal inatteignable, mais bien comme quelque chose de concret ?  

Tu chasses ces pensées de ton esprit dans un bien lourd soupir. Irascibles sont les vagues qui émanent de lui, tu ne peux ni le nier, ni l’ignorer. Tu ressens sa colère comme si tu étais assis un peu trop près d’un vieux radiateur ; la chaleur n’est plus agréable à cette distance, tu peux sentir le vieux métal qui chauffe trop fort et si tu venais à poser ta main dessus, tu crains que ta peau resterait collée sur la surface rugueuse. Tes boucliers mentaux sont bien en place, tu t’en es assuré avant de quitter la maison que tu occupes depuis ton arrivée ici. Néanmoins il t’est plus que difficile de ne pas prêter attention à la tempête qui fait rage à l’intérieur de ton ancien ami. Il n’y a que par les mots (ceux que tu prononces de vive voix) qui peuvent te distraire. Tu t’accroches à cette neutralité qui est définitivement bien mise à mal par les railleries de ton interlocuteur. Oh ce que cela peut te hérisser le poil ; maintenant plus qu’avant, tu ne sais pas trop pourquoi. Peut-être que c’est de la faute de cette solitude qui t’est si peu caractéristique, peut-être que c’est parce que, ici, les choses ont terriblement changé et que tu n’es probablement plus le même qu’avant. Trop d’incertitudes et d’interrogations, pas assez de réponses. Un bien lourd soupir passe la barrière de tes lèvres. “Erik ...” Tu ne sais pas trop ce que tu veux lui dire. Très probablement que tu n’as ni l’envie, ni l’énergie de te battre. Cependant, tu sais, en ton for intérieur, qu’Erik n’en aura que faire, qu’il ne fera que ce qu’il voudra. Tu secoues doucement la tête, soupirant de nouveau. Tu t’estimes bien heureux de ne pas t’être tourné vers lui ; si tu avais posé les yeux sur son visage, tu aurais certainement perdu cette capacité à garder le contrôle de tes émotions. “Fais bien ce qu’il te chante.” que tu finis par lui dire dans un souffle las.

Il est encore accroché à ce qui était, sa colère l’aveuglant à ce qui est. Et tu n’as pas l’énergie de briser sa conception du monde, de le sortir de sa fureur. Par ailleurs, tu sais que tes efforts seraient vains ; tu as fait bien des erreurs par le passé et croire que tu pouvais sauver Erik de ses démons est l’une d’entre elles. Erik ne veut pas être sauvé, tu le sais bien. Et tu n’as plus l’énergie de te battre pour des causes perdues. Un nouveau soupir. Il te parle de tes propres idéaux, comme si cela faisait de toi une mauvaise personne, comme si tu étais celui à blâmer pour toutes ses déconvenues et cela te pique bien plus que ce que tu veux bien l’admettre. “Qu’est-ce que cela peut bien te faire ?” que tu lui demandes, une pointe de colère dans ta voix. Il t’est à présent difficile de faire la différence entre ses émotions et les tiennes, où sa colère s’achève et où la tienne commence. Pourquoi se soucie-t-il de cela, lui qui t’a abandonné sur cette plage de Cuba ? Lui qui a failli te tuer sous la chute spectaculaire du stade ? Lui qui t’a si bien fait comprendre que plus rien ne vous unissait ? Tu ne lui dois plus rien désormais. Que ce soit des explications ou ton temps. Tu secoues de nouveau la tête. Refusant toujours de poser les yeux sur lui, tu appuies sur la manette de ton fauteuil, reculant du quai comme pour t’en aller. “Je perds mon temps.” que tu finis par laisser tomber entre vous. Tout a déjà été dit, il n’y a plus rien à ajouter. Et peut-être bien qu’il n’est pas dans tes habitudes d’être aussi fuyant, de baisser les bras avant d’avoir commencé. Toutefois les choses sont différentes ici ; tu es seul et fatigué. Tu n’as pas l’énergie pour ressasser le passé.

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# Sam 24 Aoû - 18:19
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Quelque chose te déplaît, dans la situation. C’est la façon dont Charles soupire, la façon dont il se contente presque de hausser les épaules, de te laisser passer, de t’ouvrir le chemin sans même chercher à se battre, à se justifier, à défendre ses idées. Tu aurais dû en être satisfait, débarrassé d’une conversation inutile, débarrassé d’un obstacle qui aurait pu s’avérer gênant alors que tu es là, face à lui, les émotions à vif et dépourvu de ton casque. Malgré tout, tu n’es pas satisfait. Une part de toi aurait aimé pouvoir argumenter, trop heureux, sûrement, d’avoir trouvé quelqu’un qui te connaît assez pour que tu puisses déverser une part de cette colère brûlante qui te consume. Tu sais, bien sûr, que cela n’est pas juste - mais rien ne l’est. Charles ne t’a rien demandé, au contraire, il est même prêt à déposer les armes, comme s’il se doutait que tout argumentaire serait inutile, fracassé contre le mur que tu es volontairement devenu. La tempête fait rage autour de toi - dans ta tête et dans ton cœur, elle consume ton esprit, consume ton ventre qui se tord dans tous les sens et, avant de faire quelque chose que tu risquerais de regretter, tu fais un pas en arrière, les poings serrés le long du corps. Charles te rappelle, bien malgré lui, une autre époque, et tu ne sais plus vraiment où tu en es, perdu comme tu l’as, au fond, toujours été. Tu fermes les yeux sur cette version plus fragile, plus vulnérable, de toi-même et secoue la tête.

“Rien, ça ne me fait rien,” réponds-tu alors par un mensonge, les dents serrées. Tu prends une légère inspiration, ravalant les moqueries, les anciennes rancunes, les déceptions éraillées, les vieilles émotions étouffées, déchirées par tout ce qui vous a un jour éloigné l’un de l’autre. Tu enfouis tout cela plus profondément encore, pour ne plus jamais y avoir accès, pour ne garder en toi que la colère, le deuil, le goût amer d’une vengeance insatisfaite. Vous perdez votre temps, comme il te le rappelle si bien et, si quelques mois auparavant, le revoir aurait pu signifier un nouveau départ, une paix tangible, tu ne ressens, en sa présence, qu’un vide où se mêle un ressentiment que tu ne peux adresser nulle part ailleurs. C’est à cause des gens comme lui, des personnes aux idéaux naïfs, que ta femme et ta fille sont mortes - et que d’autres ont également perdu la vie. Parce que tu as cru, pendant une seconde, que vivre en paix pouvait peut-être avoir du sens - que tu pouvais au moins essayer. “Tu perds ton temps, Charles ?” articules-tu alors que la rage te dévore. “Tu l’as déjà perdu, pendant toutes ces années, tu n’as fait que ça !” et ton hurlement se répercute contre les murs du port, jusque dans l’eau. “Perdre ton temps à croire que c’était possible, tout comme j’ai perdu le mien à essayer de me plier à cette idée-là, à croire que tu avais peut-être raison, à mettre de côté mes propres convictions pour tenter de vivre en paix ! Et quel prix ai-je encore dû payer, Charles !?” ta voix se brise, le hurlement se tait, te laisse haletant, les yeux brillants de larmes qui ne coulent pas. “Quand ouvriras-tu les yeux sur ceux qui meurent pour une paix impossible ?” Ta voix n’est qu'un grondement, désormais, et tu lui adresses un regard empli de haine. Tu aurais aimé pouvoir le secouer, l’obliger à comprendre que cette voie acharnée n’est pas la bonne, qu’elle ne le sera jamais, mais à quoi cela servirait-il ? Ce qui vous a un jour rassemblé, ce qui vous a un jour lié l’un à l’autre n’existe plus depuis longtemps. A quoi bon s’acharner ?

Tu n’as pas le temps d’ajouter grand chose car tu perçois, du coin de l'œil, un mouvement. Tu tournes la tête juste à temps pour apercevoir comme un éclair dans les ténèbres, un déchirement. C’est l’instinct qui te fait réagir alors que tu te jettes à terre et que tu entraînes, d’un geste de la main, Charles avec toi, un bras par-dessus son corps pour empêcher les éboulements de vous atteindre. Les pierres du mur roulent autour de vous, et une épaisse fumée brouille ta vision, t’empêche de discerner le moindre mouvement, alors que tu tousses. Tu relèves la tête, prêt à contre-attaquer si nécessaire.

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# Dim 25 Aoû - 17:39
no matter what we breed, we still are made of greed ft  @Erik Lehnsherr

WHEN THE DAYS ARE COLD AND THE CARDS ALL FOLD AND THE SAINTS WE SEE ARE ALL MADE OF GOLD.

Après tout ce temps passé seul à Silvergate, tu aurais pensé que la présence d’une figure familière t’aurait apporté un peu de réconfort, une certaine forme de soulagement. Tu aurais pensé que l’éloignement et le temps avec ton ancien ami auraient apaisé ta rancœur (car il t’a abandonné au moment où tu avais le plus besoin de lui), la colère qui te déchirait les entrailles. Quelle n’est pas ta déception lorsque tu te rends compte que tu te trompes ; sa colère nourrit la tienne tant et si bien que tu te retrouves bien incapable de te tourner vers lui, craignant que la simple vue de son visage aux traits tirés ne déclenche une nouvelle tempête en toi. Nonchalance qui n’est que feinte face au tempérament abrasif d’Erik ; tu aurais pensé qu’en courbant l’échine, il se lasserait de t’attaquer, mais il n’en est rien. Ce n’est pas que tu prends la fuite, Charles, c’est surtout que tu n’as ni l’envie, ni l’énergie de te battre. Ses arguments, tu les as déjà trop entendus. Comme il a déjà trop entendu les tiens. Il ne sert à rien de ressasser le passé, de répéter ce qui a été trop dit. Tu le sais depuis longtemps maintenant ; Erik et toi ne parviendrez jamais à trouver un terrain d’entente et tu as été beaucoup trop naïf de croire un jour qu’une telle chose serait possible. Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même, tu le sais, et la seule chose que tu puisses faire dans l’instant présent est de te désengager maladroitement de toute forme de communication. Erik est, pour une raison que tu ignores (pour une raison que tu refuses de trouver dans les méandres sombres de son esprit), plus que furieux et tu sens ta patience qui s’étiole tout doucement, mais sûrement. Et tu hais plus que tout en ce bas monde la personne que tu deviens lorsque la colère s’insinue dans tes veines.  

Je perds mon temps est tout ce que tu peux dire pour mettre un terme à cette discussion que ni lui, ni toi ne voulez avoir. Tu te meus dans le but de t’extirper de cette situation plus qu’inconfortable, de tourner tes talons métaphoriques ; tant pis pour le but de ta sortie nocturne. Dans tous les cas, tu te doutes que le jeune homme ne sera pas mal loti si Erik le trouve avant toi ; pour tous ses travers, pour tous vos désaccords, le mutant n’est pas cruel lorsqu’il est question de vos semblables. Oh, tu ne le diras jamais de vive voix, bien entendu ; le ravin qui vous sépare est bien trop large, la distance entre vous trop étendue pour que tu puisses un jour penser à la franchir. Enfin. Il est temps que l’inconfort s’achève, autant pour lui que pour toi. Et tu aurais pensé que cela l’aurait soulagé, que sa colère se serait faite moins dévorante face à ton départ imminent, mais il n’en est rien. C’est même tout l’inverse. Les accusations se mettent à pleuvoir, te désignant comme seul responsable de son agonie. Sa voix se brise, mais ses propos n’en sont pas moins injustes. Et c’est cela qui te fait craquer au final, qui te pousse à te tourner vers lui avec un regard emplit d’éclairs furieux. Tu n’es certainement pas irréprochable, Charles, tu le sais ; tu as fait bon nombre d’erreurs (notamment de croire qu’Erik et toi pourriez être amis malgré vos différences), toutefois tu n’es pas celui qui a préféré emprunter le chemin de la violence, tu n’es pas responsable de la douleur et l’agonie qu’il a pu rencontrer sur cette route. Tout ce dont tu es responsable, c’est de l’avoir laissé emprunter cette voie sans protester ; tu t’es vite rendu compte que tu ne pourrais pas le faire changer d’avis et tu n’avais nullement envie de le contraindre à une vie qu’il n’avait pas choisi. Alors, oui, tu l’as laissé marcher sur le chemin de son choix sans rien dire. Tu ne lui as jamais demandé de renoncer à ses idéaux, alors pourquoi te demande-t-il (réclame-t-il) cela de toi ?  

Tu ouvres la bouche pour partir, toi aussi, dans une tirade furieuse, mais quelque chose te retient. Il te faut quelques bien trop longues secondes pour te rendre compte que c’est une présence, que tu perçois tout juste, non loin de là, mais très certainement inquiète par les vociférations bruyantes de ton interlocuteur. Tu détournes ton regard de ce dernier pour tenter d’apercevoir le nouvel arrivant, la bouche entr’ouverte autour de mots furieux qui refusent de passer la barrière de tes lèvres. Tu sens sa peur et son inquiétude, un contraste plus que criant contre la colère brûlante d’Erik. Et du coin de l’œil, tu ne peux qu’apercevoir un bref flash de mouvement. Tu n’as pas le temps de t’inquiéter de quoique ce soit que tu sens que ton corps bouge sans que tu aies consciemment décidé de quoique ce soit. Si Erik fait usage de sa mutation, tu ne t’en rends pas compte ; tout ce que tu sais c’est que l’une de ses mains s’enroule autour de ton bras pour t’emporter à sa suite, par terre. Tu n’as pas le temps de protester, l’éboulement autour de vous devant une priorité alors que ton crâne heurte un peu trop fortement le sol. Un grognement s’échappe d’entre tes mâchoires serrées, une main vient frotter le sommet de ton crâne. La douleur prend le dessus sur tout le reste pendant un temps, te faisant perdre le fil de tes pensées. À tes côtés, tu sens que l’autre mutant se redresse déjà. Maladroitement, tu prends appui sur tes coudes pour te redresser toi aussi. À quelques pas de là, ton fauteuil renversé et abandonné. Une boule anxieuse se loge alors dans ta gorge, alors que tu te rends compte que tu te retrouves presque prisonnier de la situation. Ta mâchoire se crispe encore un peu plus.

Tu fais de ton mieux pour ne pas perdre le contrôle de la situation ; une certaine forme de panique se fait ressentir alors que tu te retrouves ainsi incapable de te mouvoir comme bon te semble, alors que tu te rends compte que tu dépends d’Erik pour la suite de cette potentielle confrontation. Cela ne te plait pas, mais tu n’as pas vraiment d’autres choix. Grincement de dents nerveux alors que tu tentes tant bien que mal de trouver une position plus ou moins confortable. “Erik ...” Le ton de ta voix est tendu, ta nervosité apparente. Tu ne prononces pas un mot de plus cependant, te concentrant sur l’homme (car tu es certain qu’il s’agit d’un homme), mais tu as toutes les peines du monde à percevoir une faille dans laquelle t’engouffrer ; sa peur le rend terriblement fébrile. Et tu réalises alors qu’il s’agit l’un d’un simple cas de au mauvais endroit, au mauvais moment ; il n’a fait qu’entendre les cris de ton interlocuteur et était déjà tendu par tout ce qu’il avait pu faire avant, la panique s’est emparée de lui sans qu’il ne puisse rien faire d’autre. Lippes pincées en une moue mécontente, tu fais usage de ta mutation dans l’espoir de l’apaiser. Comme lors de ta rencontre fatidique avec Erik, tu te forces à répandre une aura de calme et à le rassurer du mieux que tu le peux. Tout va bien, ce n’est rien, il n’est pas nécessaire de paniquer. Quelques mots génériques, tu en as bien conscience, toutefois tu refuses de pénétrer dans son esprit plus en profondeur. La panique se dissipe quelque peu lorsque tu l’informes que vous êtes, en un sens comme lui, mais elle reste bien présente. Dans pareille situation, tu ne peux rien faire de plus à part l’inviter à vous rejoindre.  

Sauf que le jeune homme, pour une raison que tu ignores, est de nouveau victime d’une immense vague de panique et tu peux le sentir perdre pied à nouveau. Et tu ne peux qu’interpeler Erik maladroitement. “Erik !” Il y a une certaine urgence dans ta voix, une certaine nervosité qui te rend très probablement plus sec que la normale. “Il a peur, il panique ...!” que tu expliques rapidement et succinctement. Il n’y a rien de plus que tu puisses faire, encore à terre, avec ton fauteuil qui se trouve, semble-t-il, si loin de toi.

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# Lun 18 Nov - 13:46
No matter what we breed, we still are made of greed
La secousse a été assez brutale pour vous projeter tous les deux face contre terre. Pendant un instant, tu es désorienté, le corps de Charles contre le tien, protection presque instinctive de cette ancienne amitié, ces anciens sentiments, brisés par le poids des années, piétinée par cette colère qui n’a jamais vraiment cessé de brûler ton coeur en miettes. C’est l’instinct qui te pousse à te relever trop vite, trop tôt et qui, malgré le sifflement à tes oreilles, tend tous les muscles de ton corps. Ton pouvoir afflux dans le creux de tes mains, ton regard se pose sur la silhouette fébrile d’un jeune homme à la silhouette si pâle qu’il ressemble presque à un fantôme. Ta mâchoire se crispe, tu lèves un bras ; autour de vous, plusieurs objets ploient sous la distorsion que tu leur imposes. Tu sens pulser en toi l’envie de te battre, l’envie d’en découdre, mais la voix de Charles pulvérise momentanément ta position offensive. Ses mots sont pris en considération alors que tu observes le mutant qui vous fait face, prêt à lancer sur vous une nouvelle charge explosive. Tu prends une légère inspiration, souffles par le nez, et baisses très lentement tes mains. Tu n’as jamais aimé blesser les tiens, même pour ta cause - et même si tu sacrifies sans distinction si cela est nécessaire. Ce n’est pas pourtant qu’il s’agit là d’un plaisir. Si tu peux emprunter un autre chemin, tu le feras - d’autant que tu te fiches bien de la vie des humains alentour. A cette heure-ci, pourtant, il n’y a que vous, dans ce port, abandonnés au cœur d’une nuit suffocante.

Il serait simple d’abandonner la bataille, là, et de vous laisser emporter. Charles ne pourrait pas nager, tu te laisserais couler comme une pierre, et tout serait terminé. Mais tu n’as jamais baissé les bras, Erik ; abandonner, aussi tentant cela soit-il, ne te ressemble pas. Tu fais donc un pas en arrière en voyant les yeux de votre adversaire devenir presque blancs. Tu supposes que c’est un mauvais signe et tu glisses à côté de Charles qui, à terre, ne peut pas bouger. D’un geste, tu dresses autour de vous un champ de protection magnétique, tant et si bien que la détonation ne vous atteint pas - mais la secousse t’ébranle un peu. Elle est d’une puissance inouïe, peu commune, et tu ne tiendras pas face à un pouvoir aussi instable. Tu imagines sans peine la peur ; tu ne la ressens pas comme peut sans doute la ressentir Charles, chez lui, mais tu en reconnais l’aura, l’identifie sans peine. Tu n’es pas insensible, Erik ; si tu l’étais, sans doute que cette vie serait plus simple, moins douloureuse. Malheureusement, tu es aussi doté d’une certaine empathie, et c’est peut-être bien cette empathie qui te détruit de l’intérieur. La force brute ne suffira pas et tu ne te sens pas dans un jour d’éloquence.

Sans lâcher des yeux l’individu qui semble prêt à vous attaquer une fois de plus, incessants tremblements qui parcourent son corps, tu attires à vous le fauteuil de Charles avant de te dresser face au jeune homme que tu sens prêt à attaquer à nouveau. Tu essaies d’avoir une démarche plus pacifique, de faire taire les fourmillements qui traversent tes membres alors que ton instinct te hurle de fuir avec Charles, d’emporter ce qui reste encore de ton humanité à l’abri, mais tu sais aussi que ton ancien ami est capable de se débrouiller seul. Il n’a jamais vraiment eu besoin de toi, après tout.

« Doucement, » dis-tu au gamin - car, à tes yeux, c’est bien d’un gamin dont il est question, à peine sorti d’une adolescence juvénile. « Nous ne sommes pas là pour nous battre contre toi. » Peut-être est-ce hypocrite de ta part, alors que tu étais prêt à lui faire éclater la cervelle au moindre geste offensif, tout à l’heure, avant que Charles ne te rappelle à l’ordre, mais peu importe. « Nous venons t’aider, mais il va- » Tu n’as pas le temps de finir ta phrase ; tu as à peine le temps de parer la nouvelle attaque. Le choc est assez violent pour te faire saigner du nez et, étourdi, tu pousses un léger grognement. « Putain, » souffles-tu avant de tourner les yeux vers Charles. « On doit battre en retraite, Charles ! » dis-tu en faisant deux pas en arrière, pour te retrouver à côté de lui. Tu n’es pas en état de vous défendre tous les deux encore longtemps si tu ne veux pas blesser le gamin.

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# Aujourd'hui à 13:07
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Pendant un trop long moment, tout n’est que confusion ; la douleur sourde qui émane de l’arrière de ton crâne, la colère-incertitude-ce tu ne sais trop quoi qui caractérise Erik depuis le jour de votre rencontre, la panique-confusion-un tu ne sais trop quoi qui se mêle aux bouts décousus de ton esprit. Trop de choses se sont passées en trop peu de temps et tu te retrouves dans une situation qui n’est guère à ton avantage ; dans la précipitation, ton fauteuil a été abandonné un peu plus loin et tu ne peux qu’espérer que ton unique moyen de locomotion ne soit pas endommagé dans la rencontre imprévue avec le jeune homme. Tu aurais aimé pouvoir prendre le temps de te remettre du choc, de peut-être contempler ce moment où tu aurais presque l’impression qu’Erik est toujours cet ami dont tu as toujours tant besoin, de rassembler tes pensées pour pouvoir véritablement voir la situation pour ce qu’elle est. Tu sais que quelque chose cloche, plus que la panique oppressante qui guide les mouvements de votre attaqueur, mais tu ne parviens pas à mettre le doigt sur quoi précisément. Tu es distrait par une nouvelle vague de panique, par l’abrasivité de ton ancien ami. Le métal vibre autour de vous, tu fais de ton mieux pour désamorcer la situation ; tu le sais, si tu ne fais rien pour essayer de calmer le jeu, tu te retrouveras bien malgré toi sur une pente plus que glissante qui te mènera au fond d’un ravin dont tu ne sauras pas te sortir seul. Et si tu sais que la situation actuelle est loin d’être idéale, tu sais que les choses peuvent toujours être pires ... Et tu n’as pas le moins du monde envie de tout cela, de dépendre encore plus d’Erik.

Tu es presque surpris lorsque ce dernier semble t’écouter. Car tu sais qu’Erik est un homme abrasif, qui a l’habitude d’agir plutôt que de se laisser aller à des réflexions qu’il juge inutile. Plus que cela encore, tu aurais imaginé qu’avec votre historique commun, il aurait eu quelques réticences à écouter ce que tu peux avoir à dire. Toutefois, cela te surprend presque ; Erik a de très nombreux défauts, mais la bêtise n’est pas l’un d’entre eux. Tu es cependant très soulagé lorsque tu l’entends essayer d’échanger avec le jeune homme. Ce n’est pas dans tes habitudes, mais tu profites de cette distraction si librement offerte pour te glisser discrètement dans l’esprit de votre adversaire (à défaut d’avoir un meilleur mot pour le décrire) afin de comprendre un peu mieux ce qui se passe. Tu fais de ton mieux pour être aussi discret, rapide et minutieux que possible, cependant tu n’as pas beaucoup de temps pour trouver des réponses à tes questions. La situation dégénère (tu ne sais pas si c’est parce qu’il a senti ta présence dans son esprit ou juste la panique qui lui fait perdre pied), mais une nouvelle attaque s’abat sur vous. “Merde !” Vous voilà en train de jurer tous les deux. Un soupir tendu passe la barrière de tes lèvres alors que ton compagnon d’infortune te fait part de son désir de battre en retrait. Tu ne peux qu’hocher de la tête ; rester ici ne fera qu’envenimer la situation. De plus, il te faut lui faire part de ce que tu as trouvé dans l’esprit désarticulé du jeune homme.

Tu restes silencieux un moment, puis ... “Mon fauteuil.” réclames-tu simplement. Il est tout bonnement hors de question que tu l’abandonnes sur les quais de Silvergate. De plus, tu es persuadé qu’Erik est plus que capable de le ramener à toi juste par la force de sa volonté. Il y a beaucoup de non-dits et d’amertume entre vous, tu ne peux le nier, mais l’autre mutant n’est pas de nature cruelle, tu le sais bien. Il te tarde de retrouver le confort de ton fauteuil, mais surtout de laisser toute cette mésaventure derrière toi. “Je dois te parler. À propos de tout ça.” que tu rajoutes ensuite, pour t’assurer qu’il ne s’évapore pas dans la nature sitôt ton fauteuil retrouvé. Tu n’en dis pas plus, préférant faire preuve de prudence ; le jeune homme est encore non loin de là et tu ne peux pas partager tes biens sombres découvertes alors qu’il peut totalement vous entendre. Tu te mords le bout de la langue, lançant un regard perplexe en direction du jeune homme.

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