Ce soir, j'ai reçu une invitation de la part de Sarah. Cette jeune femme avait prit ma place lorsque j’avais fuis d’Everwinter. Ma belle-mère l’a mise dans cette délicate situation. C’était elle qui allait marier le cousin de Leon, qui était un prince, qui à la base c’était moi qui devait accomplir ce devoir. En arrivant ici, je savais que je ne pouvais pas dévoiler mon identité à quiconque, sauf Leon qui était au courant de tout cela. Lui seul était au courant, Sarah également, qui a eu ma bénédiction de continuer dans cette voie, ne voulant pas interrompre les fiançailles et prochainement le mariage. Je voyais qu’elle aimait le prince en question alors pourquoi les séparer ? Ça aurait été égoïste de ma part… Et qui sait ce qui lui serait arrivé par simple usurpation d’identité ? Je n’osais pas imaginer… On se confiait l’une à l’autre, on était des alliées dans ce château, je lui avais mis dans la confidence que Leon courrait un grave danger entre les murs du château, que quelqu’un voulait lui faire du mal. Sarah m’avait promis de garder un œil là-dessus, d’écouter le moindre murmure entre les nobles et toute personne importante. Ça me permettait d’avoir des oreilles là où que je n’avais pas accès.

Ce soir c’était notre rencontre hebdomadaire, pour savoir si elle avait su quelque chose de plus ou pas. Tout ça pour sauver la tête de Leon. Leon que j’aimais tant et un amour quasiment impossible. Ces sentiments presque enfouis dans mon petit cœur, luttant à chaque fois de tout déballer ce que je ressentais. À ses yeux, j’étais une amie, une amie tout de même importante. Et ça c’était réciproque. Je ne voulais pas le voir blessé, mort même. Il était d’une haute importance de découvrir qui était derrière ces manigances, peu importe le prix que je devais payer.  

En marchant vers la chambre de Sarah, j’entendis un cri, celle d’un homme. Ça venait de la direction vers laquelle je me dirigeais. D’un pas rapide, je me rapprochais de la chambre et ouvrais la porte. J’assistais à une scène la plus confuse de toute ma vie. Il y avait du sang, quelqu’un allongé sur le lit, inerte et debout se tenait mon frère jumeau Adrien, qui était tout aussi apeuré que moi par la situation. J’étais heureuse de le voir, après des mois sans avoir de ses nouvelles, mais le voilà qui était dans la chambre de Sarah, d’une Sarah sans vie…

“Adrien…”

Parviens-je à souffler tandis qu’il s’approchait de moi, me serrant dans ses bras, très fort. Ce n’était pas lui qui avait commis ce crime. Il me le jure. Il se demandait qui elle était déjà. Évidemment qu’il ne savait pas… Bien sûr qu’il ne comprenait pas ce qu’il se passait. Je glissais une main vers l’arrière de son crâne, fermant les yeux, profitant de cette étreinte.

Bientôt, nous étions plus seuls. Des bottes résonnèrent dans le couloir… Comment savaient-ils ? Est-ce le cris d’Adrien qui les avait alertés ? On avait peu de temps… Mon cœur battait très fort contre ma poitrine. Les pas s’arrêtèrent, semblent être arrêtés dans la pièce dans laquelle nous nous trouvions. J’étais dos à eux… Un d’eux lui disait de me lâcher et de ne plus faire un geste, qu’il était en état d’arrestation pour le meurtre de la princesse Sara.

Je me reculais de cette étreinte, pour plonger mon regard vers les deux gardes. Par réflexe, je me mettais face à mon jumeau désirant le protéger contre quiconque qui voudrait poser les pattes dessus.

“Vous faites erreurs sur la personne. On est arrivés et la Princesse Sara était déjà sans vie dans son lit. Son corps est tiède, cela doit faire plusieurs minutes que ça c’est produit. Vous devez me croire…”

Et comment cela se faisait il qu'il n'y avait aucun garde à sa porte ? Cela ne faisait aucun sens...

“Nous n'avons aucune preuve de ce que vous dites, mademoiselle. Nous devons emmener cet homme en cellule pour lui poser des questions.” dit l’un.

“Puisque je vous dis que c’est la vérité ! Il n’a rien fait, il est innocent ! Et il n'y avait aucun garde quand nous sommes arrivés, trouvez vous cela normal ?”

Les deux ne savaient plus quoi me répondre. Ils s'échangeaient un regard, trouvant cela troublant. Bien évidement que ce n'était pas normal qu'il n'y avait de garde devant la porte de sa chambre. Il y en a toujours un, dans n'importe quel circonstance. Tout ça était inhabituel.

“Aucun garde dites-vous ?” demandant l'autre, je secouais négativement la tête. “Il faudra que l'on vérifie qui était attribué à ce poste, pour cela on va s'en charger... Jusqu'à preuve du contraire, on va vous demandez de vous éloignés de lui, sinon on vous emmènes également.”

Ma gorge se serrait, je tournais la tête vers mon frère, regard qui voulait dire que tout ira bien et que je charge du reste. Je regardais à nouveau les gardes.

“Prévenez d’abord le Prince Leon de la situation avant que vous osiez faire quoique ce soit.” je plissais du regard. “Je ne suis pas certaine qu’il sera ravi d’apprendre que vous menacer son invité sans preuve concrète de la situation. Je suis Mikaela Orchard et c’est mon frère Athanase Orchard.”

“Ceci n’explique pas votre présence dans la chambre de la princesse Sara,  ni la sienne.” dit-il en pointant mon frère.

“La princesse Sara et moi nous nous connaissons à travers nos multiples conversations en privés, elle m’avait invité pour que nous discutions de choses totalement personnelles et l’aider à choisir une robe pour son éventuel mariage, elle était nerveuse voyez-vous…”  une petite pause. “Pour mon frère, il vient d’arriver d’un très long voyage, je l’ai convaincue de venir avec moi avant de découvrir que la princesse soit… assassinée.”

“Je vois. Un de nous va rester ici tandis que l’autre ira chercher le Prince Leon pour lui informer de cette situation. Tout en gardant la plus grande discrétion possible.”

J’hochais doucement la tête et finalement, l’un des gardes partaient chercher Leon tandis que l’autre sortait de la pièce, fermant la porte derrière lui sûrement qu'il se postait face à la porte. Tout ce qu'il restait dans la pièce était mon frère, moi et le corps sans vie de Sara. Mon regard se dirigeait vers elle. Qui aurait bien pu lui faire ça ? Un nom résonnait dans mon esprit, mais je ne pouvais pas agir sans preuve.

"Je suis désolée Adrien..." lui soufflais-je. "Je t'expliquerais le tout une fois que nous serons sorti d'affaire. Elle ne méritait pas ça..."

J’étais heureuse de retrouver mon frère, mais pas dans cette circonstance. Ça me mettait hors de moi, comme si mon rôle de Mikaela se dissipait pour laisser place à Lara. Je ne pouvais pas, pas tant aussi longtemps que les gardes soit là. Il fallait que je reste forte pour Adrien, mais aussi pour Leon. Même si cette femme avait prit ma place, elle a trouvé la mort dans la plus douloureuse action. Aurais-je connu la même destinée si je serais resté à ma place ? Je commençais à douter, à douter de moi… Lorsque mon frère vint me serrer dans ses bras, faisant en sorte que je ne puisse plus voir son corps, cela me rassurait. Il murmurait qu’on allait s’en sortir et qu’on s’en sortait toujours, même qu’il était désolé pour mon amie.

La porte s’ouvrit, Adrien se défait de l’étreinte plongeant un regard qui se veut rassurant dans le mien, serre mon épaule avant qu’il se tourne vers Leon qui vient d’arriver. Il s'inclinait et j’en fis de même, me montrant toujours polie aux yeux de tous.  Il se présentait avant de montrer sa gratitude à mon égard, un honneur de le rencontrer, malgré les circonstances. Mon regard s’attardait sur Leon qui demandait ce qu’il s’était passé à un des gardes, qui expliquait sa version des faits.

Il s’approchait du lit, où que Sara était. Constatant que son corps était toujours tiède, le geste qui a été commis ne fût pas très long. Je n’osais plus la regarder, par peur que mes émotions reprennent le dessus. Lorsque le prince se tournait vers nous, il s’excusait mais il devait demander la même chose, ce qu’il s’était passé avec le plus de détails possible. J’hochais doucement la tête, comprenant qu’il avait besoin plus ample d’information.

“J’étais en route accompagné de mon frère, qui venait d’arriver le matin même, en direction de la chambre de la princesse Sara, comme j’ai l’habitude de faire à chaque semaine pour discuter des choses personnelles et l’aider à choisir une robe pour son éventuel mariage, elle était nerveuse, il fallait bien l’admettre. Anathase, doué en musique, avait composé une charmante mélodie pour la cérémonie, une surprise qu’elle voulait faire pour votre cousin lors de cette grandiose occasion. En arrivant tout près de sa porte, il n’y a pas de garde à son poste, chose totalement étrange. Lorsque j’ai ouvert la porte, on a constaté que la princesse Sara était allongée dans son lit, mais ne semblait pas bouger, je me suis dis qu’elle était peut-être assoupie. Mon frère s’est approché d’elle et en la bougeant un peu, c’est là qu’il a poussé un cri, me confirmant qu’elle était morte et que cela ne faisait pas longtemps. Et pas longtemps après ces deux gardes sont arrivés et ont fait leur travail.”

Je n’avais pas cessé de regarder Leon, tout le long de mon monologue. C’était une demi-vérité, mais il saura la véritable version, lorsque les deux gardes partiront et que nous serons tranquilles.

“Si j'étais arrivé quelques minutes avant elle serait peut-être encore en vie…”

J’en tremblais de l’intérieur, plusieurs émotions parcouraient mon corps. J’ignorais comment réagir pour la suite. Mon regard se tournait encore une fois vers Sara. Je savais exactement qui avait fait le coup. Pas elle directement, bien trop salissant, mais quelqu’un doué pour s'éclipser sans que personne ne le voit. Son domaine à elle, était le poison. Et les menaces subtiles. Là, elle se trahissait. Mais autre chose s’éveillait en moi, une colère indescriptible… Elle s’était servi de Sara et s’en était disposée comme si elle n’était qu’une moins que rien. Ce n’était que le commencement, je n’avais pas de preuve, pas encore. Peut-être qu’en fouillant la chambre, nous aurions en peu plus d'indices. Pour le moment, je restais là, regardant de nouveau Leon, restant auprès de mon frère qui allait expliquer sa version des faits.