Ah ! Te voilà débarrassé de tes cours de rattrapage, de toutes ces heures que la plupart de tes élèves ont perdu alors qu'ils ne maitrisent pas une once de magie et... Enfin, tu as pu te débarrasser d'elle. De cette espèce de folle furieuse qui était entrée sans crier gare, qui avait exigé de toi de la rendre apte à pratiquer sa magie et qui, contre toute attente, avait jugé que ton teint était pâle à faire peur, pour rester poli bien entendu. Ta sale gueule aurait mérité un peu de crème hydratante. Oui, celle qui se trouve toujours dans la poche de ton pantalon et dont tu ne sais pas quoi faire. Deux solutions s'offrent à toi Malefoy : soit tu la testes, et tu vois ce que cela donne, soit tu t'en fiches et elle finira à la poubelle comme un simple mouchoir en papier à peine souillé.

Perdu dans tes pensées, c'est à peine si la serveuse du comptoir duquel tu attends ton café a compris ce que tu voulais boire. Un latte caramel, avec un soupçon de cannelle sur la mousse... Toi qui prends toujours le temps d'articuler la moindre de tes demandes, tu te rends bien compte que ton comportement peut porter à confusion, hein ? Tu as le nez en l'air depuis cinq bonnes minutes, en train d'observer un tuyau en acier qui n'est pas droit et que tu aimerais remettre en l'état d'un simple coup de baguette magique. Mais quel intérêt de leur rendre service au juste ? Aucun, mais à cause de cette Cornélia de malheur, tu ne sais plus quoi penser de cette journée, si bien qu'il vaudrait mieux parler à personne avant demain si tu ne veux pas créer d'incident. "Monsieur ? Votre latte." Même à elle, c'est à peine si tu lui souffles un merci en récupérant ton gobelet haut encore fumant. Une pause, c'est tout ce que ton esprit réclame en cet instant.

Pourtant, tu es toujours obsédé par ce qu'il y a au plafond. Oh bon sang ! Regarde un peu où tu marches Drago, avant d'avoir à bousculer... Bang ! Quelqu'un... "Merde !" Fort heureusement, ton latte n'a rien. Par contre, tu ne peux pas en dire autant de la demoiselle que tu as percuté de plein fouet, et qui a vu sa boisson se renverser sur elle sans qu'elle ne puisse y faire grand chose. "C'est pas vrai. Je, hum... Désolé, vraiment. Je ne vous avais pas vue." Forcément, puisque tu n'es qu'une girouette ! Mais avant qu'elle n'ait le temps de dire un seul mot, tu avais déjà sorti ta baguette magique et... "Récurvite !" La tâche de ce qui semblait être du café, sans grande conviction, venait de s'évaporer de ses vêtements, comme si rien ne s'était passé. Mais toi, tu as l'air d'un idiot... "Voilà, il n'en reste rien." C'est le moins que l'on puisse dire ! Et puisque tu as l'air bien parti sur ta lancée, autant faire amende honorable, hein ? Paie-lui un autre café, et vite ! "Comment puis-je me faire pardonner ?" demandes-tu, le rouge aux joues. Espèce de gros crétin sans cervelle, vraiment !

Drago, on peut savoir ce qu'il te prend tout à coup ? Depuis quand es-tu devenu aussi mièvre que la plupart des Gryffondor de ton temps, hein ? Peut-être parce qu'en la regardant d'un peu plus près, cette inconnue te fait un peu trop penser à Pansy Parkinson... Ah mais non, tu n'étais pas amoureux d'elle. Même après l'avoir invitée au Bal de Noël en quatrième année, vous vous êtes simplement contentés de vous allier contre Potter et Granger pour votre plus grand plaisir à tous deux, il faut bien l'avouer. Dénoncer tous ces ragots à Rita Skeeter, et lire ses articles si poignants dans la Gazette du Sorcier, quelle idée de génie !

La belle époque, mais ce n'est pas le moment de t'y replonger... Parce que tu as percuté cette jeune femme, renversé son café, nettoyé le tout et que maintenant, elle te dévisage comme si elle n'avait jamais rien vu, voire entendu de ce genre. C'est pour cela que tu rougis comme un idiot ! Tu aimerais bien détourner le regard et te faufiler dans un trou de souris, mais tu ne peux pas. Tu lui dois une boisson, c'est toi qui le dis et c'est elle qui insiste. Un café glacé donc... Oh, s'il n'y a que cela pour t'en tirer sans dommage ou presque, tu ne vas pas jouer les pingres et lui rendre. D'autant qu'elle t'a tutoyé, va savoir pourquoi, et que si tu continues à te la jouer pompeux, elle risque probablement de te le faire bouffer... "Un café glacé, c'est noté," dis-tu alors qu'elle regarde le fond de son verre. Il ne devait pas en rester plus qu'un doigt, à ton humble avis.

Voyant que les gens aux alentours avaient fini par se lasser de l'incident, tu te rends compte que c'est le moment idéal pour réparer la faute, et lui payer sa boisson dans les plus brefs délais. Ainsi, non par galanterie mais plus pour te débarrasser de ce détail fâcheux, tu l'incites gentiment à te suivre jusqu'au comptoir alors qu'elle continue de te causer. Si renverser un liquide quelconque sur le corps d'une fille pouvait se résoudre par un simple sort de nettoyage, puis lui rendre ce qu'elle a perdu en dépensant quelques pièces, alors là, tu deviendrais le pro de la drague sans avoir à passer par un seul cours ! Là n'était pas le sujet. "Moi, perdu dans mes pensées ? Oui, peut-être..." Évidemment, tête de noeud ! Et en quoi est-ce que cela la regarde ? Oh allez Drago, desserre ce qui est coincé au plus profond de ton fessier ! "Disons que j'ai rencontré quelqu'un de vraiment peu commode, et avec une fâcheuse tendance à menacer si elle n'obtient pas ce qu'elle veut." Et sans donner plus de détails sur Cornélia, tu passes commande auprès de la serveuse de tout à l'heure. "Tout de suite." Elle te sourit en coin, chose que tu ne comprends pas. Mais ça ne fait rien...