FLASHBACK : 10 years ago, en 2014....

"Et tu pourrais faire plus d'efforts. Tu n'étais même pas là à la réunion parents-profs de la semaine passée." "Oh, tu m'excuseras de ne pas vouloir perdre mon temps avec Madame Machin La Prof d'Anglais. Nami a 11 ans, tu penses vraiment que c'est nécessaire qu'on aille à deux à ces réunions à ce stade ?" "Tous les autres parents étaient là à deux." "Et bien, je suppose que tous les autres parents n'ont rien de mieux à faire un jeudi après midi, mais il y en a qui travaillent." "C'est ça ! Dis tout de suite que tu t'en fiches !"

Comme d'habitude, Astarion venait chercher sa fille pour son week-end de garde, et comme d'habitude, la conversation avec son ex-femme dégénérait.

C'était comme ça à chaque fois qu'ils se voyaient ou presque. Le schéma était toujours le même. Elle lui reprochait de ne pas être assez présent, sans que ses critiques parviennent à le faire culpabiliser. Quand elle se mettait à trop râler, il ne se privait pas de lui rappeler qui payait pour l'école de Nami, son matériel scolaire, ses activités. Lui renvoyer leurs différences de salaire à la figure, ce n'était certainement pas trop joli de sa part, mais était-ce un mensonge ? Astarion ne prétendait pas être une bonne personne. Ca aussi, son ex le lui disait souvent. Et c'était pour ça qu'ils avaient divorcé, et il n'avait pas de cœur, et blah, blah, blah.

Sans doute aurait-ce été plus facile pour lui de réellement totalement se désintéresser de sa fille. Il avait eu le parfait exemple de ça avec sa mère, qui n'avait jamais semblé prêter la moindre attention à lui durant son enfance. Ce qui était préférable aux brimades de son père, tout compte fait. Un père absent ? Oh, il aurait vendu son âme pour avoir ça, dans sa jeunesse.

Mais c'était là que son attitude de Professional Asshole faiblissait. Car, en vérité, Astarion aimait sa fille. Probablement était-elle la seule personne au monde qu'il aimait réellement. Et donc, entendre ces reproches de la part de sa femme, même s'il ne le montrait pas, ça le blessait. Car après tout, elle avait sans doute raison. Il était un mauvais père... Et Dieu savait qu'il n'aimait pas les mauvais pères.

Quelques minutes plus tard, et lui et Nami étaient sortis de l'appartement, dans sa grosse voiture trop voyante. Il roula un moment en silence, rejouant la dispute dans sa tête. Généralement, à ce stade, ils seraient rentrés chez lui. Mais il fut pris d'une inspiration soudaine. Un mauvais père ? Peut-être. Mais s'il l'était, alors il pouvait tout aussi bien faire en sorte que ce soit utile à la demoiselle. Nami était une gamine, brillante, avec de l'avenir devant elle, et pour tous ses défauts, Astarion avait des trucs à lui apprendre. Pourquoi ne pas commencer tout de suite ?

Il brisa le silence, d'une voix chantante.

-"Nami, chérie. Tu n'avais pas dit que tu avais besoin d'un nouveau set d'encres et de peintures pour un "projet" à la maison ?"