Don't move

Inej a l'impression d'être une furie enchainée, sa rage réduite à l'impuissance. Elle aurait bien ruminé de belles insultes indiennes, mais ni sa mère hindi, ni son père aux lointaines racines Punjabi ne se sonr donné la peine de lui apprendre leur langue natale. Aussi se contente d'elle d'un Bordel de merde !

Ah ça, ils peuvent être fiers, les "warriors" des teams - Alpha, Beta, pas une pour rattrapper l'autre.

Inej est médecin, elle a une excuse ? Excuse mon cul, oui ! Inhabituel, les jurons, chez elle ? Au moins autant que de se faire avoir comme de la bleusaille.

Elle a dérogé à ses propres règles, et voilà le résultat... Elle qui ne quitte jamais son matos a laissé en plan son sac et son Beretta, dans sa chambre, le temps d'aller... Et bien, elle comptait frapper à la porte de @Peter Parker. Juste pour discuter, bien sûr. Mais elle était encore loin quand ces enfoirés ont attaqué le Bâtiment. Quelle conne !

Elle s'est battue, bien sûr. Elle n'avait pas son flingue - aurait-il seulement fait une différence, ce flingue avec lequel elle hésitait tant à tirer ? Mais elle s'était démenée comme une diablesse, fendant l'air des deux lames qui, heureusement, étaient toujours passées à sa ceinture. Rien à lancer aujourd'hui, elle devait se contenter du corps à corps, exploiter ses techniques de kalaripayat. Elle n'avait rien lâché, mais ils étaient trop nombreux, elle avait vu tomber des amis, des camarades, des patients, des connaissances. C'était pire que la fois où elle et Peter avaient perdu le Bataillon Charlie - un véritable massacre.

C'était la lèvre en sang et en se tenant le ventre, à demi pliée en deux, qu'elle avait fait le chemin jusqu'au musée. L'un des ennemis n'avait pas apprécié qu'elle lui crache au visage, et il le lui avait fait savoir en lui enfonçant la crosse de son fusil en plein diaphragme.

Et ils se retrouvent à genoux, dans une sorte de musée. Ils leur veulent quoi, au juste ? A eux, et aux membres des communautés rassemblés là. Tout Silvergate, ou presque, s'aligne dans ce hall. Où sont les autres ? Elle n'a pas vu Peter... Inej croise le regard d'Aleks, et ils se comprennent sans mot dire. Il leur faut un plan.

Inej n'a plus qu'une seule lame, toute petite, dissimulée dans sa botte. Elle jette un bref coup d'oeil à la chaussure, dans l'espoir qu'Alek's comprenne. Mais s'ils n'ont pu lutter contre ces hommes avec leur équipement, sur leur propre terrain... Il leur faudra bien plus qu'un scalpel pour se sortir de là.

Don't move

Lucifer à genou dans le Musée au milieu de ses concitoyens - ceux de sa communauté de Warlington Square, et ceux de la ville de Silvergate qu’il dirigeait autrefois, avant que l’Apocalypse ne les divise. C’était à lui de les protéger, et il avait échoué…

Quand ces ordures avaient brisé les barricades, Lucifer avait bien tenté de lutter. On ne jouait pas le diable dans une série coréenne sans prendre des cours d’arts martiaux conséquents, et il s’assurait toujours de ne pas manquer de pratique. Ils les avaient cognés, injuriés. Et puis il avait entendu un bruit mat sur sa gauche, réalisé que le jeune Chris Johnson, dix neuf ans à peine venait de s’effondrer, tenant de sa main son épaule ensanglantée là où une balle venait de le heurter. Le bo staff que Lucifer “Santa” Morningstar lui avait offert à Noël dernier gisait au sol, responsable du bruit qui avait attiré son attention. Il avait regardé autour de lui, réalisé qu’ils étaient débordés par leurs adversaires, trop nombreux, trop bien entrainés, trop bien équipés…

En luttant, il ne protégeait pas ses citoyens, il les menait à leur perte… Il avait alors pris la décision la plus difficile de son mandat tout entier…
- Stop ! avait-il hurlé, une main en l’air pour qu’on le regarde, pour attirer l’attention des habitants qui étaient, sans qu’il l’aie vraiment prévu, devenus ses troupes. Stop. avait-il répété, sa voix forte se brisant légèrement. Il avait croisé le regard déterminé de Maze, et il avait secoué sombrement la tête…

Puis il s’était avancé d’un pas, les mains en l’air, plusieurs armes se pointant sur lui… Et il s’était agenouillé, paumes plaquées derrière son crâne.

Lucifer savait qu’il était un emblème pour sa communauté, une source de ralliement, l’homme qui leur avait donné le courage de rester et de défendre leur ville… Mais il préférait encore les décevoir que les conduire à leur perte… Alors il restait agenouillé là, en plein milieu du hall, l’échine courbée par une honte cuisante mêlée à la rage qui bouillonnait en lui.


Meanwhile in Warlington Square :

Klaus Hargreeves a écrit:

Klaus n’avait jamais voulu rejoindre de communauté… Mais un an plus tôt, il s’était blessé, et Maze l’avait trainé de force à l’hôpital de fortune de Warlington Square. Depuis, il s’était échappé bien des fois, mais il revenait régulièrement la voir, acceptant pour elle de brefs séjours, repartant pourtant toujours.

Mais ce jour-là, il ne trouva personne à l’entrée où on lui ouvrait d’ordinaire. Tiens, ils étaient partis prendre leur pause café ? Le brun haussa les épaules et poussa le battant entrouvert pour se glisser à l’intérieur de la barricade non gardée.

Il s’engagea dans les ruelles, mais ne rencontra personne. Les rues, les magasins transformés en habitations de fortune, étaient calmes. Trop calme.
- Hé, les gars ! Vous pouvez sortir de vos cachettes ! Mon anniversaire, c’est le premier octobre, pas le douze novembre ! plaisanta-t-il sans une once d’inquiétude.

N’empêche, il aurait bien aimé trouver Maze… songea-t-il en jetant un oeil aux tulipes un peu déglinguées qu’il avait arrachées dans une jardinière. Mais pas un seul instant il ne songea qu’elle pouvait être en danger…

Don't move

Les regroupements de population étaient parfois dangereux, d’accord. Des communautés comme le bâtiment en construction courraient un risque, peut-être. Mais de là à penser qu’ici, sous terre et au coeur d’un désert de glace, ils puissent être attaqués… C’était tout bonnement insensé. Et pourtant, les cris, les tirs et les bruits de pas résonnaient…

Si un jour tu entends des bottes, de nombreuses bottes, marteler le sol de la rue, trouve-toi une cachette. lui avait dit autrefois sa grand-mère maternelle, Hinda Schwartz. Et la vieille femme en savait quelque chose : si les ancêtres du père de Sarah étaient israélites de longue date, Hinda était née à Leipzig en 1935.

Mais Sarah était adulte, et elle ne pouvait pas se cacher, pas alors que les siens étaient en danger. Elle avait attrappé sa réplique de macana, affuté depuis l’Apocalypse pour être aussi redoutable que l’arme aztèque originale, et avait couru d’une salle à une autre pour tenter de venir en aide à ceux qu’elle pourrait aider… Et finalement, dans l’un des entrepôt, elle s’était retrouvée mise en joue. L’homme était à plusieurs mètres d’elle.

Il lui ordonna de lâcher son arme, et elle ne put s’empêcher de resserrer instinctivement sa prise sur le macana. A cette distance, c’était du suicide, mais Sarah préférait mourir debout que vivre à genoux.
Lech tizdayen ! s’exclama-t-elle en hébreu.
Va te faire foutre.

Elle était sur le point de mourir, et l’homme de tirer, quand la porte de l’entrepôt s’ouvrit à nouvau, dans son dos.
“Qui êtes vous ?”
Merde.
Jonah.
Sarah laissa enfin échapper le macana, qui heurta le sol. Un bruit sourd la fit se retourner d’un bond.
- Jonah !
Elle eut à peine le temps de le voir s’affaisser que l’ennemi auquel elle avait tourné le dos l’assommait à son tour.

Elle s’éveilla dans le hall du Musée de Silvergate, lieu où son ancien travail l’amenait fréquemment.
“Sarah, tu vas bien ?”
La brune plongea dans les yeux de Jonah un regard plus ardent qu’il ne l’avait jamais vu. Elle n’avait pas l’air blessée - tout au plus, un hématome apparaitrait peut-être plus tard sous sa chevelure. Pourtant, son regard lui donnait un aspect écorchée vive, comme si son être tout entier était en fusion.
- Je te jure que ces kusemeq vont se faire enfoncer leurs flingues tellement haut qu’ils sentiront le goût de la poudre. fut la seule réponse qu’elle lui offrit. Elle aussi chuchotait à peine… Et pourtant, il y avait une dureté nouvelle dans sa voix.